Le prix obtenu par Youssef Chebbi pour son film "Ashkal", est, en quelque sorte, le couronnement du parcours élogieux d’un artiste à multiples casquettes construit depuis l’école de formation en art et cinéma et poursuivit sur le terrain à la fois en tant qu’acteur, assistant à la réalisation, co-réalisateur puis réalisateur.
Youssef Chebbi, ce jeune féru du cinéma tunisien a été dévoilé au public en 2010 après des études d’art et de cinéma à la suite de la réalisation des courts-métrages "Vers le nord – Lel Chamel" et "Les Profondeurs" tous les deux sélectionnés au festival de Clermont Ferrand et diffusés en 2011 sur France Télévision. Par la suite, il enchaine des réalisations d’autres longs métrages dont le documentaire Babylon, qui raconte la vie et la mort d’un camp de réfugiés à la frontière tuniso-libyenne. Le film, récompensé par le grand prix de la compétition internationale au festival international de Marseille FID est par la suite programmé au Museum of Modern Art de New York connu sous l’acronyme MoMA.
Son premier long métrage en solo est officiellement sorti le 25 janvier 2023 dans les salles françaises. Il s’agit de « Ashkal », en français les formes. C’est un film d’enquête qui se déroule au cœur d’un immeuble en chantier dans les jardins de Carthage. Destiné aux riches Tunisiens sous Ben Ali, ce projet immobilier s’est interrompu avec la révolution, laissant des friches incomplètes.
« L’envie première était en effet de s’essayer au film de genre, tentative très rare en Tunisie. Notre cinéma reste souvent à la surface des choses. Il se cantonne souvent à une approche frontale de la réalité́, à quelques thèmes laissant peu de place à l’imagination : la Tunisie accueillante où il fait beau et chaud, les marchés, les épices, ou les contradictions entre modernité́ et tradition, la situation de la femme, la religion… Il y a tellement plus à faire et à montrer, tellement plus d’espaces et de possibilités à investir. » a-t-il déclaré face à la presse lors de la sortie dudit film publié sur Pully cinéma city club.
Outre la distinction d’Étalon d’or de Yennenga obtenu au dernier FESPACO tenu du 25 février au 04 mars 2023 arrachée devant deux femmes, la Burkinabèe Apolline Traoré avec "Sira", qui reçoit l'Étalon d'argent, et la Kényane Angela Wamai avec "Shimoni", récompensée de l'Étalon de bronze, il avait déjà reçu l'Antigone d'or, le prix de la critique et le prix de la meilleure musique au Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier 2022. À ce sacre, il succède au somalien Khadar Ahmed vainqueur de l’édition 2021 avec son film « La femme du fossoyeur »
Né en 1984 en Tunisie, Youssef Chebbi est également musicien et producteur au sein du label Bookmaker Records. De plus, Il est le cofondateur du festival de musique Sailing Stones Festival, qui se déroule chaque année dans l’une des régions de la Tunisie. « Ce programme m'a permis de progresser sur mon travail d'une manière sereine et confiante. J'ai pu pousser mes recherches et préparer au mieux le prochain tournage de mon long métrage. Les nombreuses collaborations avec d'autres résidents à la Cité, ont créé des liens et des connivences artistiques fortes. Ces collaborations se poursuivront et seront parties prenantes dans la réalisation de mon film ». Déclaration faite en marge de la dernière édition de ce festival tenue au mois de mai 2022 à Bizerte publié sur Cité internationale des arts.
En guise de félicitation et d’encouragement d’un travail d’une « rigueur extrême » et d’un « travail qui sort de l’ordinaire », la présidente du jury, la Tunisienne Dorra Bouchoucha, a précisé que l'Étalon d'or avait été remis à Youssef Chebbi à l'unanimité. (Source, France 24).
Marie Nathalie Ngah
(Stagiaire)