Jamais mieux, qu’en ces temps, le secteur de l’oléiculture n’a suscité un aussi vif intérêt dans la pays, tant il est devenu l’un des maillons forts de l’économie nationale, partant des ressources qu’il génère et des journées de travail occasionnels qu’il crée, chaque année à plusieurs milliers de demandeurs d’embauche durant la saison de cueillette et de transformation.
Dans la seule région du nord-ouest où la variété « chetoui », réputée pour les bonnes caractéristiques physico-chimiques de son huile, couvre 80% des oliveraies de la région, la production est en voie de développement et continue de progresser sous bonne cadence, faisant de ce secteur l’un des secteurs clefs de l’économie régionale, et ce, en dépit des contraintes que les oléiculteurs rencontrent, notamment en matière de respect des normes de production, de transformation et d’emballage et, par ricochet de commercialisation,
Moez Ben Dhiaf, enseignant chercheur à l’école supérieure d’agriculture du kef ( ESAK) et expert en huile d’olive se dit très optimiste pour l’avenir du secteur oléicole dans la région du nord-ouest et du centre-ouest ( Kasserine) quant à la possibilité de voir ce secteur acquérir ses lettres de noblesse et de voir un jour l’huile d’olive de cette région obtenir un label qui lui donnerait la dimension commerciale et économique qu’elle mérite aussi bien au niveau national qu’international. selon cet expert, la production d’huile d’olive manque de rigueur, en ce qu’elle ne respecte que, peu ou prou, la chaîne de valeurs requises pour l’obtention d’une huile de qualité. Il estime que les oléiculteurs commencent, cependant, à prendre conscience de cette rigueur qui prend son départ de la phase de cueillette jusqu’à la phase finale de transformation et de conditionnement. Pour ce faire, il préconise un strict respect des normes de production, à commencer par la cueillette, le transfert de la production en moins de quatre jours de la cueillette vers les huileries dans des caisses appropriées et non dans des sacs en plastic, le stockage dans des lieux aérés afin d’éviter la fermentation anaérobique et donc la dégradation de la qualité du produit final.
Au-delà, c’est l’ensemble des règles de conduite à respecter en matière d’extraction des huiles, essentiellement en ce qui concerne les opérations de nettoyage des graines, le changement de l’eau de lavage et surtout le respect des normes propres à la température, qu’il faut prendre en considération pour obtenir une production de qualité.
Un potentiel à valoriser
Autre point faible signalé, en l’occurrence, le manque d’huileries dans certaines régions ou leur mauvaise répartition, ce qui pourrait agir sur les coûts de production déjà aggravés par la hausse du coût de la main d’œuvre et sa rareté. Le coût de la cueillette du quintal des graines d’olive se monte, cette année, à prés de 60 dinars, ce qui, de l’avis des producteurs entraîne inévitablement une hausse des prix de vente du litre d’huile d’olive, lequel se situe entre six et sept dinars
Cela dit, la production devrait atteindre dans les prochaines cinq années, dans la seule région du Kef une hausse importante, car actuellement la moitié, voire plus, des oliveraies de la région sont encore jeunes, avec seulement 18 mille ha productifs alors que près de 30 mille autres ha entreront en production avant 2020 , ce qui devrait porter la production d’huile d’olive à près de 20 mille tonnes , contre un peu moins de 10 mille actuellement.
le complexe économique et technologique du Kef a même initié l’année dernière un projet de création d’un cluster d’huile d’olive dans la région du nord-ouest, en vue de soutenir les oléiculteurs en matière d’écoulement de la production et d’appui logistique, mais le projet peine à voir le jour tant il rencontre une certaine résistance .Au delà encore de cette volonté de hisser le secteur à un niveau économique salutaire, il est difficile pour les simples producteurs de la région de faire face au monopole étranger de commercialisation de l’huile d’olive dans le monde, car, selon Moez Ben Dhiaf, les Italiens sont indétrônables en la matière. Ils produisent 300 mille tonnes par année et commercialisent 700 milles tonnes dans le monde, ce qui réduit considérablement la marge de manœuvre des oléiculteurs tunisiens, acculés, au demeurant à vendre la quasi-totalité de leur production en vrac à ces barons de l’huile d’olive, à des prix, pratiquement imposés.
J.T