Les chiffres récemment publiés par la Banque centrale tunisienne (BCT) jettent une lumière crue sur la place du secteur des transports dans le paysage du crédit bancaire national. Avec seulement 2,85 milliards de dinars (838 millions d’euros) d’encours de prêts, ce secteur crucial ne représente que 3,1% du total des crédits accordés par l’ensemble des établissements bancaires, publics et privés. Une proportion qui interroge alors que le volume global des prêts atteint 90,31 milliards de dinars (27,09 milliards d’euros).
Un financement à la traîne malgré l’importance stratégique du secteur
Cette conjoncture paradoxale mérite analyse. Le transport, colonne vertébrale de l’économie nationale, connectant les régions, facilitant les échanges commerciaux et participant directement au développement touristique, semble pourtant peiner à convaincre les institutions financières. Les 3,1% de part de marché apparaissent dérisoires comparés au poids économique réel de ce secteur qui emploie pourtant des dizaines de milliers de personnes et représente un maillon essentiel de la chaîne logistique nationale.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette frilosité bancaire. La nature capitalistique des investissements dans les transports, avec des cycles de retour sur investissement souvent longs, ne correspond pas toujours aux critères de rentabilité à court terme recherchés par les établissements financiers. Par ailleurs, la sensibilité du secteur aux conjonctures économiques et aux crises diverses (carburant, inflation…) en fait un candidat moins attractif pour des banques soucieuses de limiter leurs risques.
Des conséquences potentielles sur le développement économique
Cette sous-exposition du secteur transport dans le portefeuille des banques tunisiennes pourrait avoir des répercussions sur la modernisation des infrastructures. Avec seulement 2,85 milliards de dinars injectés, les marges de manœuvre apparaissent limitées pour renouveler les parcs automobiles, développer les solutions de transport innovantes ou encore digitaliser les services. Une situation d’autant plus préoccupante que la Tunisie a besoin d’un secteur des transports performant pour accompagner sa relance économique.
La BCT, par la publication de ces chiffres, ouvre sans doute la voie à une réflexion plus large sur l’adéquation entre les financements bancaires et les besoins réels de l’économie tunisienne. Alors que le pays cherche à renforcer sa compétitivité, la question du rééquilibrage des crédits en faveur des secteurs stratégiques comme les transports pourrait s’imposer dans le débat économique des prochains mois.
Financement bancaire : les chiffres des prêts au secteur transport en Tunisie
Miniature people: Group of small businessmen standing on coin with Business Growth concept.