Financement, performances, blocages administratifs : la réalité des entreprises tunisiennes en 2022

C'est en grandes pompes que la 6ème édition de Miqyes a été organisée au Centre Urbain Nord ce mercredi 26 avril 2023. Miqyes, pour rappel, est le rendez-vous annuel par excellence où des chiffres clés sont publiés sur le tissu économique tunisien.

Outre Tarak Cherif, président de la CONECT, Amel Moussa Bel Haj, ministre de la Femme, et Céline Moyroud, représentante résidente du PNUD en Tunisie, il y avait aussi Youssef Meddeb, de Ons To One, et Mourad Ben Mahmoud, du cabinet HLB. Comme le veut la tradition, Miqyes était donc l'occasion de revenir sur les principaux indicateurs chiffrés concernant les entreprises tunisiennes.

L'enquête a été menée du 9 janvier au 4 avril 2023. Elle a porté sur un échantillon représentatif de 500 entreprises, sachant que le tissu économique tunisien compte environ 20 000 PME.

La faible présence féminine dans les directions

On apprend que 90,2% de ces sociétés sont gérées par des hommes, ce qui fait que 9,8% seulement sont gérés par des femmes. Ceci illustre l'inégalité d'accès aux hauts postes de responsabilité. D'ailleurs, la 6ème édition de Miqyes a été axée, entre-autres, sur l'entrepreneuriat féminin et sur les façons de le stimuler.

70% des entreprises n'ont pas investi en 2022

Les données fournies par Ons To One et le cabinet HLB nous renseignent également sur l'activité économique des entreprises tunisiennes. Dans ce cadre, 29% des sociétés interrogées affirment qu'elles ont investi en 2022, sachant qu'elles étaient 15,5% en 2020, en pleine crise sanitaire. Cela signifie que près de 70% des entreprises tunisiennes n'ont pas voulu investir.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce fait. Elles sont, avant tout, exogènes. Les professionnels déplorent notamment les blocages liés à l'administration publique. C'est un obstacle qui a toujours découragé les investissements en Tunisie. Il existe, dans cette optique, plusieurs types de blocages administratifs :

  • 27,5 des blocages sont d'ordre fiscal
  • 18% proviennent de la douane
  • 12,5% proviennent des autorisations et des agréments
  • 6,1% sont causés par la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale)

Le difficile accès au financement bancaire

C'est un autre casse-tête rencontré par de nombreuses entreprises et qui peut également expliquer leur hésitation face à l'investissement. Selon l'enquête réalisée par Ons To One et le cabinet HLB, en 2022, 51,1% des entreprises ayant sollicité une banque pour investir ont reçu un refus. Seuls 26,6% ont bénéficié d'un financement complet de la part des banques.

La donne change légèrement pour les crédits de gestion. 40,9% des demandes de crédits ont été rejetés. Néanmoins, les banques se sont montrées un peu plus coopératives en finançant totalement 42% des crédits de gestion des entreprises tunisiennes.

La corruption

Là encore, il s'agit d'un facteur empêchant les entreprises d'avancer. En fait, 72,4% d'entre-elles n'ont pas souhaité se prononcer sur la question de la corruption, dans le sens où elle y ont été exposées ou non. En réalité, cela traduit, selon les conférenciers, une certaine méfiance vis-à-vis du sujet. Cela signifie que même s'ils ont subi la corruption, certains entrepreneurs préfèrent ne pas en parler pour éviter tout problème.

Les performances financières des entreprises tunisiennes

Autre information fournie dans le cadre de l'enquête : l'évolution du chiffre d'affaires des sociétés tunisiennes qui ont été interrogées par les deux cabinets cités. En 2020, l'indicateur a lourdement a été impacté par la crise sanitaire liée à la COVID-19. En effet, l'augmentation moyenne a été de 14,9%. En revanche, les entreprises ont réussi à remonter la pente en 2022 avec une hausse moyenne de 36,8% de leurs recettes. À titre de comparaison, cette hausse avait atteint 45,7% en 2018 et 45,4% en 2019.

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