Fitch: Les banques tunisiennes sont-elles confrontées à des risques croissants?

« Les banques tunisiennes affichent une rentabilité remarquable au premier semestre 2023 », mais cette brillante façade pourrait dissimuler des risques croissants de liquidité et de solvabilité, a averti Fitch Ratings en début de semaine.
La lenteur de la Tunisie à conclure un accord de 1,9 milliard de dollars avec le FMI place le gouvernement dans une dépendance croissante envers les banques pour financer ses besoins considérables. La dépendance pourrait fragiliser la liquidité des banques et accroître les risques de solvabilité.
Progression de la performance financière
Au cours du premier semestre 2023, le rendement annuel moyen des capitaux propres des 10 plus grandes banques tunisiennes s’est amélioré à 13,6%, scellant une hausse par rapport à 2022 lorsqu’il se situait à 11,9%. La progression s’explique par la croissance de 16% des revenus nets d’intérêts, stimulée par des facteurs positifs dans un contexte de hausse des taux d’intérêt.
Ombre sur l’embellie
Toujours est-il que l’embellie reste éclipsée par l’exposition élevée des banques à la note souveraine très faible de la Tunisie, abaissée à « CCC- » par l’agence Fitch en juin 2023, mais également par les conditions opérationnelles incertaines. Les créances du secteur bancaire sur l’État atteignaient 20 milliards de dinars à la fin de mai 2023, représentant 12% du PIB, 13% des actifs du secteur et 73% des fonds propres du secteur, selon la Banque centrale de Tunisie.
Fitch Ratings a souligné les risques potentiels en cas de défaut souverain, indiquant qu’une restructuration de la dette souveraine en monnaie locale pourrait sérieusement compromettre la capitalisation des banques. Une décote de 50% des avoirs en dette souveraine en monnaie locale pourrait entraîner le non-respect des exigences réglementaires minimales en matière d’adéquation des fonds propres pour certaines banques.
Risques liés aux prêts en devises étrangères
Les prêts directs en devises étrangères des banques au ministère des Finances, représentant 11% des fonds propres du secteur à la fin de mai 2023, affichent également un risque. Fitch a noté que, bien qu’une dépréciation totale de ces expositions en cas de défaut souverain n’entraînerait pas une insolvabilité immédiate des banques, elle affaiblirait considérablement le ratio de capital total du secteur.
L’agence Fitch prévoit que le financement public atteindra environ 17% du PIB en 2024, ce qui est jugé élevé. Néanmoins, la capacité des banques à absorber ce déficit est limitée par un faible afflux de dépôts, entraînant un recours accru au financement des banques centrales par le biais d’opérations d’Open market. La situation pourrait également résulter en une hausse des coûts de financement des banques en raison de la concurrence pour les rares liquidités, évinçant ainsi les prêts au secteur privé.

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