Fonction publique : la campagne de contrôle livre ses résultats

Les résultats de la campagne de contrôle des administrations et entreprises publiques ont été au centre d’une conférence de presse au Palais du gouvernement à la Kasbah . L’objectif, selon Kamel Ayadi, ministre de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, est de réformer le secteur et de réhabiliter la valeur travail.

« Réformer l’administration publique constitue le premier pas menant vers la réforme des autres secteurs », ces propos de Kamel Ayadi,  ont marqué cette conférence de presse.

Une campagne transparente, à laquelle tout le monde a participé

Le ministre a assuré que le degré de transparence atteint au cours de cette campagne était optimal, surtout grâce à la contribution des citoyens, des fonctionnaires et des médias. « Elle va au-delà du contrôle de l’assiduité. L’objectif est d’inspecter aussi, le rendement et l’efficacité des agents », a souligné Kamel Ayadi, qui a ajouté « qu’Il n’était pas question de diaboliser notre administration, mais plutôt de faire participer les agents à son amélioration ».
La campagne a été orientée sur quatre principaux axes :

  • La sensibilisation sur l’importance de la valeur du travail dans la fonction publique (des campagnes de sensibilisation ont été organisées dans plusieurs structures publiques)
  • Le contrôle de la présence et la veille sur l’assiduité
  • Le contrôle de la qualité des services fournis par les agents
  • La réalisation de sondages d’opinions auprès des agents afin d’établir le lien entre l’assiduité, les conditions de travail et les motivations(?)

Au total, 679 visites ont été effectuées dans 47 structures publiques afin de contrôler la qualité des services. Ces structures emploient 5500 agents.
Kamel Ayadi a souligné que, malgré les critiques, l’administration avait réalisé de bons résultats, car elle a contribué à l’équilibre  et à la paix au sein de la société, notamment avec les coûts qu’elle a dû supporter, notamment les augmentations salariales et les concours exceptionnels malgré une conjoncture économique difficile.
D’un autre part, le ministre a assuré que des mécanismes ont été mis en place afin de régulariser la situation de certains fonctionnaires se trouvant dans la précarité, citant comme exemples le mécanisme 16 et l’intégration des agents de nettoyage. D’après lui, ces mesures étaient prises, non pas pour satisfaire les besoins, mais pour garantir la paix sociale. Par conséquent, c’est l’effectif de la fonction publique qui s’en est ressenti, avec une importante masse salariale estimée à plus de 13 millions de dinars en 2016.

Les chiffres clés à retenir

Les retards: Selon Kamel Ayadi, la moyenne des retards enregistrés dans les administrations est de 13,7%, avec une variation entre  0% et  48%. La grande majorité des retards a été constatée à la première heure de travail. Ce sont les institutions publiques et les administrations régionales qui ont enregistré le taux de retard le plus important : entre 18 et 36%. Par contre, les institutions publiques, ont été de bons élèves avec un taux de retard de seulement 9%.
Autre chiffres clés sur les taux de retard :

  • Administrations publiques (sans caractère administratif) : 36%
  • Administrations publiques, (à caractère administraif) : 18%
  • Administrations régionales : 15%
  • Administrations centrales : 11%
  • Collectivités locales : 11%

Les absences: Par ailleurs, le rapport indique qu’il y a eu, en moyenne, 20% d’absences constatées pendant la campagne. Les collectivités locales, selon Kamel Ayadi, ont affiché un taux d’absence de 40%, soit le plus élevé des résultats, suivi par les institutions publiques qui présentent un taux de 35,7%. C’est non sans regret que le ministre a souligné la montée en puissance des absences légales, en particulier celles liées aux congés de maladies.
Concernant les absences non justifiées, quelques structures ont enregistré un taux de 18,2% (pour un taux minima de 10,4%).

Données supplémentaires

Un sondage d’opinions réalisé auprès des agents de la fonction publiques par le ministère fait état de résultats qui pour certains sont assez encourageants. Il ne reste pas moins que certaines données poussent à la réflexion pour trouver les solutions nécessaires.

Retard et assiduité: 34% des retardataires mettent en cause l’accompagnement de leurs enfants à l’école. 58,3% affirment rencontrer des difficultés dans les transports. Il y a, ensuite, 20,8% des retardataires dont le retard est dû à l’accomplissement d’affaires personnelles (règlement des factures).
Concernant l’assiduité des agents de la fonction publique, 87,6%  affirment respecter leur temps de travail dans le but de se sentir « responsables« , contre 17,3% qui veulent plutôt éviter les coupes salariales et les sanctions disciplinaires.

Le gel des fonctionnaires: Le gel des fonctionnaires est un phénomène très répandu au sein des administrations publiques. Concrètement, il consiste à rémunérer un fonctionnaire, sans lui demander d’accomplir la moindre tâche.
Selon le sondage réalisé par le ministère de la fonction publique, 73,3% des agents interrogés affirment avoir constaté ce phénomène sur leur lieu de travail. 45,5% d’entre-eux accusent la mauvaise gestion du supérieur hiérarchique, 48,2% estiment que le gel des fonctionnaires est dû à l’absence de vision dans l’administration et à la difficulté de définir les tâches. 25,3% estiment que les fonctionnaires gelés sont incompétents et, enfin, 20,% soulignent le déséquilibre entre l’effectif et les tâches à effectuer.

La qualité du travail: D’autre part, les sondés ont estimé que la qualité des services fournis par les administrations est « ordinaire« . 10% d’entre-eux l’ont qualifiée de « mauvaise » et 27% de « bonne« . En ce qui concerne le comportement des agents, 66% l’ont qualifié de « normal« , 3% de « mauvais » et 31% de « bon« .
Quant aux impressions des citoyens, le rapport du ministère indique que 22% parmi sont insatisfaits des services fournis, contre 78% qui se sont dits « satisfaits« .

La campagne de contrôle s’inscrit pleinement dans le projet de réforme de l’administration publique. « C’est un projet d’Etat et de société qui implique la contribution de tous : société civile, Etat et partis politiques », a assuré Kamel Ayadi, ajoutant que« croire en ce projet et se rassembler pour sa réalisation constituent les deux conditions de sa réussite. Le ministère de la Fonction Publique, de la Gouvernance et de la lutte contre la corruption poursuivra ses efforts et travaillera en collaboration avec les parties concernées afin de concrétiser ce projet de réforme « , a conclu Kamel Ayadi.

M.F.K

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