Formation du gouvernement : Ennahdha sonne le rappel !

La victoire aux législatives 2019 n’est vraiment pas de tout repos pour Ennahdha. Et pour cause. la joie de la victoire s’est maintenant estampée et le temps des fêtes est révolu, retour donc à la réalité qui n’est pas tout à fait rose en fait.
Et ils semble que les nahdhaouis n’ont pas perdu leur temps et se sont vite rendus à l’évidence  que l’exercice du pouvoir n’est pas accessible à tous et que gouverner sans réelle assise politique n’est pas facile. Le moment était mal choisi, peut être fallait-il jouer le même jeu qu’en 2014 et rester à l’affût d’une alliance qui les laisserait diriger sans être au devant de la scène. Un rôle qu’ils jouent merveilleusement bien. Il faut pour s’en convaincre poser la question au CPR, à Ettakattol et à Nidaa Tounes, s’il en reste quelque chose.
En définitive, toute alliance avec Ennahdha est comme une sorte de damnation pour ses éventuels alliés qui finissent par péricliter.
Résultat, aujourd’hui, le parti islamiste peine à trouver un parti ou partie qui accepterait d’entrer dans ce jeu d’alliance qui risque de coûter cher ensuite.
C’est ce qui explique, d’ailleurs, les difficultés que rencontre Habib Jemli, chef de gouvernement désigné par le parti islamiste pour avancer dans la formation de son équipe dans les délais fixés par la constitution. Délai qui se rapproche à grande vitesse.
D’ailleurs les nouvelles provenant de Dar Dhiafa, transformée en Auction House où  Jemli joue au commissaire priseur subissant les surenchères des représentants des partis politiques qu’ils rencontre, ne sont pas très optimistes. Il semble même que le chef de gouvernement désigné a suspendu ses consultations.
De son côté, le parti islamiste donne des signes d’un mal être. Et l’annonce du nouveau bloc parlementaire formé par le Courant démocratique de Abbou et Ach-chaâb de Maghzaoui et qui compte désormais 41 députés n’est pas pour plaire à Ennahdha.
Le parti islamiste a sonné le rappel de ses troupes et une réunion extraordinaire du Conseil de la Choura a été décidée pour ce weekend. Le parti semble être pris de panique et les déclarations de ses hauts dirigeant le confirment. Chacun y allant de son explication et celle de Abdelhamid Jelassi est encore plus expressive puisqu’il avance qu’Ennahdha devrait peut être « composer avec Qalb Tounes Qalb Tounes et être francs avec nos électeurs sur la difficulté de la situation. Il faudra que nous leur expliquions que les choix qui s’offrent à nous sont limités. On demandera au chef de l’Etat de désigner un chef du gouvernement. Cela reste aussi une option…Si les choses nous semblent en contradiction avec nos valeurs, nous nous placerons alors dans l’opposition ».

Jemli est-il réellement indépendant ?
La question qui se pose ici, c’est si la convocation du Conseil de la Choura est en rapport avec ce qui se dit autour des relations devenues électriques entre Habib Jemli et le parti qui l’a désigné.
Tout le laisse croire. Cela remet même en question l’indépendance que Jemli revendique.
Jusqu’ici, Ennahdha et son chef, Rached Ghannouchi,  refusent de gouverner avec le parti de Nabil Karoui, arrivé second. Par ailleurs, « les démocrates » refusent de se mettre aux côtés de certains partis et certains exigent même des ministères régaliens. Ce qui met Ennahdha très mal à l’aise.
Pour ne pas perdre du temps, voire même vouloir démentir ceux qui lui ont prédit un échec certain, Habib Jemli a pris la liberté d’élargir le champ de ses consultations à des personnalités nationales pas très bien vues par les adeptes du sport national qu’est « le Tanbir ». Ce qui, semble-t-il, n’a pas plus à ceux qui l’ont choisi pour former le gouvernement et les a amenés à vouloir reprendre les choses en mains.
Les choses semblent ne pas être au mieux entre Jemli et les dirigeant du parti islamiste et des tensions sont même perceptibles.
Certaines fuites font part du remplacement du noyau dur des conseillers, au nombre très restreint d’ailleurs, choisi par Jemni lui-même sans explication aucune et si l’on se référait aux rumeurs qui entourent cette affaire, le chef de gouvernement désigné est tenu à l’œil. Ennahdha craint un dérapage qui lui coûterait cher.
La solution viendra-t-elle  de la réunion extraordinaire du Conseil de la Choura ce weekend ? Y aurait-il un changement de cap ou encore un changement de candidat ? Tout reste probable. Attendons pour voir.

F.B

 

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