La rencontre 2025 du Forum économique mondial s’est récemment tenue à Davos en présence de plus de deux mille participants, entre Chefs d’État et de gouvernement, leaders du secteur privé et acteurs de la société civile, venus des quatre coins du monde pour débattre informellement de la « collaboration pour l’ère intelligente » dans une tentative d’adapter les stratégies industrielles aux bouleversements technologiques. La nouvelle génération des technologies d’information et de communication s’impose ainsi à toutes les arènes officielles et informelles.
Par Bechir Ben Mohamed
Les leaders du monde entier ont de nouveau eu l’occasion d’identifier de nouvelles sources de prospérité dans un contexte économique en mutation et investir dans le capital humain. Par surcroît, les questions du climat et de la géopolitique n’ont pas manqué de marquer leur présence dans une atmosphère glaciale et tendue.
Le rapport phare de Davos sur les risques mondiaux décrypte les aléas de résilience économique, l’innovation technologique et les inégalités sociales et économiques. Cette fois-ci, les pronostics sont plus sombres.
Une vision pessimiste de l’avenir
L’état du monde est très préoccupant. La succession des crises depuis la crise sanitaire fait beaucoup craindre et pèse sur l’économie mondiale.
La 20e édition du Global Risks Report, basée sur les réponses de près de mille experts et décideurs interrogés de par le monde, indique que près des deux tiers des répondants anticipent un paysage mondial tumultueux d’ici à 2035 et plus de la moitié des participants prévoient une instabilité à court terme, mettant en évidence la fracture croissante de la coopération internationale.
Le rapport brosse un tableau alarmant. « L’avenir, marqué par une convergence inquiétante de risques interconnectés » sur fond de conflits armés, de désinformation et de crises environnementales.
Le premier risque majeur est celui des conflits armés entre États. Selon l’enquête sous-jacente au rapport, les tensions géopolitiques exacerbées sont la principale source d’inquiétude pour l’année à venir.
Le second risque a trait à la mésinformation et à la désinformation. « Ces phénomènes insidieux, en sapant la confiance dans les institutions et en exacerbant les divisions au sein des sociétés, constituent une menace grandissante. Leur impact pernicieux entrave les efforts collectifs nécessaires pour relever les défis mondiaux », mentionne le rapport sur les risques mondiaux.
Le troisième risque, devenu constant, est d’ordre environnemental. « Les phénomènes météorologiques extrêmes, la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes, les changements critiques du système terrestre et les pénuries de ressources naturelles se placent en tête des préoccupations à 10 ans. L’augmentation constante de la fréquence et de l’intensité de ces risques souligne l’urgence de mettre en œuvre des solutions durables pour préserver notre planète », indique le rapport.
Sur le plan économique, le rapport fait état des vulnérabilités majeures auxquelles est confronté le système mondial, en l’occurrence « les inégalités socioéconomiques, la polarisation des sociétés, les activités économiques illicites et la concentration des ressources stratégiques ». La plupart des économies, notamment en développement, dont la Tunisie, seraient vivement exposées à des conséquences énormes.
Le rapport souligne l’urgence d’une coopération internationale renforcée pour éviter une instabilité mondiale accrue.
La Tunisie doit en être consciente !
Les responsables tunisiens, politiques et chefs d’entreprise confondus, doivent être conscients afin de bien comprendre les risques mondiaux et leurs effets en tant que chocs exogènes fort déstabilisants pour l’économie nationale.
Déjà, la mollesse de la croissance, le chômage élevé, les tensions sur les ressources naturelles, les déséquilibres accablent le pays à court terme.
Dans ce contexte, l’action publique se doit d’être plus que jamais intelligente, pragmatique et prospective.
Premièrement, l’intelligence traduit le bon choix des partenaires, l’inscription dans des réseaux actifs de reflexion et d’influence, l’adaptation des stratégies d’action aux changements et l’adoption d’appoches formelles et informelles.
Deuxièmement, le pragmatisme signifie la priorisation des mesures de politique économique qui produit des effets immédiats à un coût raisonnable. Il importe, à cet égard, de centrer l’effort et dépasser les idées superflues. La digitalisation des procédures et l’amélioration du climat des affaires pour attirer plus d’invetissements directs étrangers en constituent des exemples concrets.
Troisèmement, la prospective renvoie à l’adoption d’une vision de long terme qui prend en compte les contraintes, les risques et les ambitions. Cette vision doit être axée sur le renforcement de la qualité des politiques publiques pour gagner en résilience, en inclusion et en durabilité. Il est question d’accélérer le rythme des réformes structurelles, ce qui implique l’investissement dans les transitions numérique, énergétique et écologique en premier lieu, mais aussi la poursuite de l’amélioration du climat des affaires en deuxième lieu. La poursuite de l’investissement dans le capital humain et la réduction des inégalités doivent également étayer la résilience et l’inclusion de l’économie tunisienne. Le renforcement de l’intégration régionale est également un vecteur de sécurité économique et financière.
Le Forum de Davos qui réunit les dirigeants du monde entier doit être saisi par la Tunisie, dont la participation se doit d’être active, éclairante et traductrice d’une pensée, orientation, voire une vision du monde. une présence devant susciter l’appui bilatéral et multilatéral en faveur de la construction nationale escomptée dans un contexte épouvantable. L’intelligence, le pragmatisme et la prospective auront tout leur sens !