Il faudrait peut être arrêter de nous bourrer avec ces événements internationaux qui coûtent de l’argent, du temps et par-dessus tout nous donnent de l’espoir sur un avenir meilleur pour le pays pendant un petit moment et à la fin rien ne se produit. N’est-il pas temps de reconnaitre que le contexte actuel que vit notre pays ne favorise rien.
Rappelons-nous de Tunisia 2020, tenu en grande pompe il y a deux ans. Tunisia 2020 était une conférence de grande envergure. Il est nécessaire de rappeler aussi que 64 projets publics, 34 projets en partenariat public-privé (PPP) et 44 projets privés répartis sur 20 secteurs (transport, numérique, développement régional …) d’une valeur globale de plus de 67 milliards de dinars, ont été présentés aux investisseurs et bailleurs de fonds présents lors de cet événement. Youssef Chahed avait annoncé à l’époque 15 milliards de dinars signés et 19 milliards de promesses. Deux ans après, presque rien n’a été fait. Sauf peut être pour Tunisia digitale 2020 où 5% des 72 grands projets du secteur ont été jusque-là réalisés. Le ministre des Technologies de la communication et de l’Économie numérique, Anouar Maarouf expliquera que ce retard de mise en œuvre des projets revient à la phase difficile par laquelle passe le pays. D’un autre côté, trois ans après l’adoption par l’ARP du projet de loi relatif au partenariat public/privé aucun projet des 34 projets PPP annoncés lors de Tunisia 2020 n’a été entamé. Pis encore, les textes d’aplication de cette loi n’ont pas encore été décrétés. Pour booster l’investissement, l’un des principaux moteurs de croissance du pays, le gouvernement tente une nouvelle approche à travers ce forum sur le PPP. Il s’agit de présenter 33 projets d’investissement dont le port d’Enfidha, le Métro de Sfax ou encore la ligne ferroviaire de Gabes-Médenine, d’un coût total de 13 milliards de dinars. 1200 participants dont 300 représentants des multinationales et des bailleurs de fonds sont prévus pour cet événement. Quant au climat des affaires, celui qui incite à l’investissement, il est à son plus bas niveau et le gouvernement semble ne rien faire pour y remédier. Des problèmes structurels, une administration complexe, une situation politique instable et une économie en perpétuelle récession.
A force, nous avons appris à ne pas trop espérer pour ne pas être trop déçus.
L’UGTT dénonce
L’UGTT contre toute tentative de privatisation de toute entreprise publique vient de publier un rapport de l’Union Européenne condamnant les partenariats public-privé (PPP). Le rapport remet en question le PPP qui a montré ses limites dans beaucoup de secteurs et la commission européenne consolide ce constat à travers des exemples de PPP effondrés en Angleterre ou au Canada. Le rapport de la CE indique que « les PPP audités présentaient de multiples insuffisances et des avantages limités. Ainsi, 1,5 milliard d’euros ont été dépensés de manière inefficiente et inefficace. En outre, l’optimisation des ressources et la transparence ont été largement compromises, notamment en raison du manque de clarté des politiques et des stratégies, d’analyses inappropriées, de la comptabilisation de PPP hors bilan et d’une répartition déséquilibrée des risques. De plus, la majorité des PPP audités ont pâti d’un manque considérable d’efficience pendant leur phase de construction. Sept des neufs projets achevés, dont le coût correspondait à 7,8 milliards d’euros, ont accusé des retards allant jusqu’à 52 mois et ont connu une forte augmentation des coûts. »