Fouille de sauvetage d’El-Driba à Kalaâ Kébira : Résultats préliminaires et perspectives

 

Bien qu’étant strictement technique et académique, cette rencontre, à laquelle ont assisté une pléiade de responsables locaux et régionaux dont le délégué Bahaeddine Yahmadi, le SG de la municipalité Moez Brahim et Anis Hajlaoui, inspecteur régional de Sousse (INP), a jeté la lumière sur de nombreux travaux de longue haleine accomplis par les experts et spécialistes.
En effet, présentant le cadre général de ce projet, le doyen de FLSHS, Kamel Jerfel, a passé en revue les différentes expériences et collaborations entre la FLSHS et la société civile à KK notamment avec l’Association Sciences et patrimoine dont la coopération date de 2013.
Ce travail représente pour Jerfel, le couronnement des efforts collectifs déployés durant un mois et demi, par des enseignants de différentes spécialités dont l’archéologie, l’histoire, la géologie, la géomorphologie, la sédimentologie, la céramologie, l’architecture, la géomatique etc.


Cette rencontre présidée par l’enseignante chercheuse à l’Unité de recherches Anthropologie, territoires, savoirs et perspectives à la FLSHS, Emna Ghith, a été marquée également par de nombreuses interventions d’une valeur scientifique incontestable. En effet, présentant les cadres géologique, géographique et stratigraphique du site, la  géologue-sédimentologue Nejla Sekatni a souligné, que le bloc du Sahel, auquel appartient le site d’El-Driba, est caractérisé par l’âge très jeune de ses sédiments. Le site de Kalâa Kébira, précise l’intervenante, est une succession de collines. Il fait une continuité avec celles de Akouda et de Hammam-Sousse.
La géologue-sédimentologue a indiqué que le site, selon l’étude stratigraphique, est composé de deux parties. La première est basale d’âge mio-pliocène et la deuxième sommitale est quaternaire.
Les chercheurs Ahmed Boujarra et Slim Aliouet ont focalisé sur le  cadre topo-hydro-géomorphologique du site d’El-Driba, alors que Abdelkrim Boujelben, géomorphologue et sédimentologue, a consacré son exposé sur les premiers résultats d’investigation portant sur les phases sédimentaires et techniques d’échantillonnage pour des analyses multi-proxies. Boujelben a souligné que le site d’El-Driba bénéficie d’un fort potentiel archéologique. C’est pourquoi une recherche géoarchéologie pluridisciplinaire s’est imposée, et ce, en faisant intervenir des spécialistes des sciences de la terre et humaines.
L’intervenant a précisé que le site est composé de 6 structures apparentes, 13 structures fouillées, distinguées par leur taille, agencement, et leur contenu et leurs types de fonctionnement. Le site est marqué aussi par “un remplissage particulier principalement anthropique mais riche aussi en ossement et en céramique”. Le chercheur a révélé qu’il existait des dépôts d’origine naturelle de grande signification morphologie-sédimentaire et archéologique.
De son côté, Chokri Touihri, l’auteur d’une intervention qui a été présentée par  Ridha Kaâbia , a consacré ses recherches sur la céramique des fouilles d’El-Driba. Il estime que d’après les recherches élaborées, il existe à ce site la céramique tournée, la poterie modelée et la céramique glacée. Ces produits dateraient selon le chercheur des périodes dynastique (ères Hafsides et Ottomane en Tunisie du 13e au 16e siècle) et médiévale .
Hajer Azaïez et Abir Jrad ont élaboré une prospection par tomographie de résistivité électrique “ERT” du secteur non fouillé du site en question.
Le site en question se trouve en plein centre-ville, au niveau d’un monticule des plus élevés de la région avec 56,76m d’altitude. Il est doté d’une position stratégique donnant sur Kalaâ Sghira, Akouda, Hammam-Sousse…
Par ailleurs, Emna Ghith a indiqué qu’il s’agissait d’une découverte fortuite du site qui a été signalée par le président de l’Association Douroub pour la culture et le développement à KK, Sofiène Fékih Fredj. Le site, signale Emna Ghith, était couvert de végétation et l’écoulement des eaux pluviales a entraîné l’effondrement des sédiments, de la céramique et des ossements.”

 

 

Emna Ghith a conclu que grâce à ces travaux de recherche, menés entre le 18 mars et le 30 avril 2022, on a pu déduire des résultats portant sur l’identification de la nature des structures, leur datation relative, la mise en place du site dans son contexte géologique et géomorphologique, la digitalisation du site.
Cette fouille de sauvetage a permis, souligne la coordinatrice du projet, “aux étudiants en histoire, en patrimoine, en anthropologie et en géomorphologie de la FLSHS de Sousse de bénéficier d’une formation pratique”.
Faut-il rappeler que l’équipe de recherche avait déjà présenté les résultats scientifiques dans le cadre des travaux de l’unité de recherche (AnTeSaPer) sise à la FLSHS.
“La datation absolue, la protection et la mise en valeur du site sont tous des objectifs à atteindre dans les prochaines investigations”, souligne Emna Ghith.

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