Je lui ai donné mon cœur, elle a pris mon âme, j’ai épousé une perverse narcissique », c’est ce qu’a choisi le jeune tunisien Hatem Oueslati comme titre pour son livre-témoignage paru en France au mois de novembre dernier. Né en France, Hatem Oueslati relate dans ce livre son histoire personnelle et son expérience avec son ex-femme qui n’était autre qu’une perverse narcissique. Le livre intime et poignant ne cesse de susciter la polémique en France mais aussi dans son pays d’origine. En effet, la page du témoignage sur Facebook compte près de 30 mille fans, son teaser réalisé sous forme d’une vidéo, a raflé quant à lui près d’1 million de vues. Réalités Online a saisi l’occasion de la présence de l’auteur du livre en Tunisie pour l’interviewer.
Qui est Hatem Oueslati ?
Je suis Hatem, j’ai 36 ans. Né en France, j’ai grandi dans une famille d‘origine tunisienne. Je travaille pour un groupe industriel en tant que responsable commercial.
Vous êtes loin d’être un littéraire pourtant vous venez de publier un livre. Parlez nous en et qu’est ce qui vous a poussé à l’écrire ?
Mon livre n’a rien à voir avec les genres littéraires. C’est un témoignage d’un épisode de ma vie. J’ai été moi même victime d’une perverse narcissique ce qui a transformé ma vie en un vrai cauchemar. Après avoir réussi à libérer mon âme de son emprise, je me suis mis à écrire, pour déverser ma tristesse, pour vider mon esprit des choses négatives. Bref pour se sentir mieux. Sur internet, je suis tombé sur des témoignages de victimes de pervers narcissiques. Toutefois, l’ensemble des victimes étaient de sexe féminin. Je me suis donc mis à creuser sur Google jusqu’à que je suis tombé sur des forums et des groupes secrets contenant quelques témoignages dont les auteurs étaient bel et bien des hommes. Ils étaient très discrets et n’avaient pas le courage de s’exprimer ouvertement. A partir de ce constat j’ai réfléchi et je me suis donc lancé dans l’écriture de mon témoignage afin de le faire sortir dans un livre au grand public.
Publier un témoignage personnel est une grande responsabilité envers soi même mais aussi envers son propre entourage, comment avez-vous eu le courage de prendre une telle décision ?
C’est certainement après une profonde réflexion que j’ai pris cette décision. Mes amis qui étaient dans la confidence et qui n’étaient pas nombreux d’ailleurs m’ont beaucoup encouragé et m’ont soutenu. Ma famille je l’ai informée un peu en retard, soit après que je me suis lancé dans l’écriture.
Avez-vous fait l’objet d’harcèlement après la diffusion de votre livre ?
C’était prévisible et il fallait s’attendre à des réactions. La première réaction était sous forme d’un commentaire sur Amazon, et c’était mon ex-femme qui l’a laissé. Après il y a eu une vague de critiques qui s’était lancée contre le livre par un groupe fermé sur les réseaux sociaux, peu de temps après il s’est avéré que c’était également elle à l’origine de cette page. Toutefois, j’ai eu des réactions positives de la part des lecteurs notamment ceux qui ont su s’identifier à travers mon témoignage étant donné qu’ils étaient un jour des victimes de la perversion narcissique.
En évoquant des détails personnels et intimes liés à votre ex-femme et à sa famille, peut-on parler d’un règlement de comptes personnels ?
Rétablir la vérité n’est en aucun cas un règlement de comptes. On ne joue pas avec la dignité et la vie des gens. D’ailleurs dans le livre je relate mon histoire et non pas la sienne. Les noms des personnages ainsi que les lieux ont été modifiés rien que pour éviter de tomber dans la diffamation. Le fait d’évoquer des détails intimes, ça rentre dans la perversion et ça fait partie de tout un schéma et toute une image, celle d’une perverse narcissique. Il était donc utile d’en parler pour éclairer les éventuelles victimes. J’ai relaté les faits avec le plus d’objectivité possible et de réalisme. J’ai conservé par ailleurs toutes les preuves cumulées durant cette relation afin que la vérité ne soit pas déguisée et que mon intégrité reste intacte.
Lorsqu’on parle de perversion narcissique, ce sont généralement des victimes de sexe féminin qui témoignent, vous êtes le premier homme à avoir témoigné de votre histoire, quel message souhaitez vous transmettre aux victimes de sexe masculin ?
En tant qu’homme d’origine maghrébine et de confession musulmane, j’ai fait de sorte que mon message soit valable pour l’ensemble des victimes de la perversion narcissique afin de les aider à s’identifier à mon témoignage. D’ailleurs, toutes les victimes de la perversion narcissique, bien qu’elles soient différentes sur certains points, elles se ressemblent sur d’autres. La majorité écrasante des victimes hommes particulièrement les orientaux n’arrivent pas à s’exprimer sur ce sujet facilement par pudeur ou par incompréhension. A travers mon témoignage je souhaite transmettre un message d’espoir et libérer la parole de tous ces hommes. En tout cas, que mes écrits servent à ces personnes à prendre conscience et à les éclairer sur ce qu’ils sont en train de vivre. A travers les faits et les détails que je relate, je souhaite aider ces hommes à identifier par excellence le profil d’une perverse narcissique.
Vous avez écrit ce livre tout d’abord pour récupérer votre propre dignité comme vous l’expliquez, l’avez-vous réellement retrouvée ?
Je l’ai récupérée avant, quand je suis sorti de l’emprise. On récupère sa dignité quand on ne se laisse plus faire. Dans mon cas ça été tard certes mais mieux vaux tard que jamais.
Pensez vous que l’image du tunisien et particulièrement de la femme tunisienne a été dénigrée en quelque sorte à travers ce témoignage ?
La perversion narcissique ça n’a pas d’origine ni de sexe. Le livre a touché des occidentaux et des orientaux de toutes confessions et sans confession. Ce que j’ai relaté dans mon témoignage ne dénigre en aucun cas l’image du tunisien ni de la femme tunisienne. Le profil du personnage de Nadia, mon ex-femme, correspondant tout simplement à celui d’une personne souffrant de troubles psychologiques et non de la femme tunisienne. Ça rentre plutôt dans le cadre d’une maladie universelle. Et d’ailleurs, mon témoignage pourrait servir à rompre avec les mauvaises étiquettes qu’on attribue souvent aux immigrés d’origine maghrébine. Les personnages d’origine maghrébine que j’ai évoqués dans ce livre ne sont pas forcément des dealers, des extrémistes, des bandits, des voleurs mais y’en a des cultivés, des bosseurs etc…
Afin de commercialiser votre livre, vous avez eu recours aux nouvelles technologies et cassé les codes de la communication, en diffusant une bande annonce audiovisuelle pour présenter un livre et non pas un film. Est-ce que votre livre est aujourd’hui suffisamment commercialisé en France et comptez vous le commercialiser dans d’autres pays tels que la Tunisie ?
Pour communiquer sur mon livre, j’ai eu recours à des moyens simples ; C’est mon métier, je vous rappelle que je suis responsable commercial, ce qui fait que je maîtrise parfaitement les moyens de communication en créant à titre d’exemple des pages sur Facebook etc. Jusque là, 3000 exemplaires ont été vendus en France mis à part les versions numériques (PDF). La librairie Clairefontaine à Tunis vient à son tour de commander le livre. Il sera commercialisé très prochainement en Tunisie. Et d’ailleurs, nombreux sont les tunisiens qui ont déjà consulté le livre. J’ai reçu des réactions de la part de lecteurs tunisiens. Ils ont eu accès au livre à travers Internet, en format PDF.
Le teaser que vous avez réalisé pour communiquer sur votre livre fait croire aux gens qu’il s’agit d’une bande annonce d’un film, votre histoire sera-t-elle adaptée un jour au cinéma?
Un réalisateur tunisien m’a contacté au mois de mai dernier et m’a demandé si j’étais pour l’adaptation de mon témoignage. Mais je n’ai pas encore pris la décision définitive à ce sujet. Par contre, le livre sera traduit très prochainement en anglais pour toucher un lectorat plus large.
Propos recueillis par Hajer Ben Hassen
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