Plus que jamais, l’immigration est au cœur de l’actualité et ses enjeux sont nombreux. C’est autour de ce thème qu’une conférence de presse a été organisée au siège de l’Institut Français de Tunisie (IFT), lundi 27 mars 2017. L’objectif était de présenter les chiffres de l’année 2016 des flux migratoires entre la Tunisie et la France. Un rendez-vous organisé à quelques jours du coup d’envoi du forum sur les Mobilités et Diasporas, en présence d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, Christian Reigneaud, consul général de France en Tunisie, Patrick Flot, directeur de l’IFT ou encore Stéphane Darmas, directeur au sein de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII).
« La relation franco-tunisienne est construite, entre-autres, sur la mobilité. Contrairement aux idées reçues, cette mobilité est bénéfique pour les deux pays », a commencé Olivier Poivre d’Avror, qui souligne que la France la « considère comme étant une solution pour les deux sociétés ».
La migration tunisienne est familiale
De son côté, Stéphane Darmas, directeur de l’OFII, déclare que la France a accueilli 218 433 migrants venant du monde entier en 2016, dont 15 931 tunisiens, soit 7.3% de ce total. Parmi ces 15 931, l’OFII comptabilise 7 789 tunisiens ayant immigré pour des raisons familiales, 4 092 pour des raisons économiques et 3 612 étudiants. « La migration tunisienne vers la France est principalement familiale », a-t-il noté. Néanmoins, une baisse de 3.5% a été constatée entre 2015 et 2016, dans le nombre des familles reçues. « La baisse des regroupements familiaux s’explique par la crise économique. Certaines familles tunisiennes ont estimé qu’un retour en Tunisie serait plus profitable sur le plan économique, d’où cette diminution constatée en 2016 par rapport à 2015 », a-t-il expliqué.
Sur le plan professionnel, Stéphane Darmas note que 2375 contrats de travail ont été signés avec des tunisiens en 2016, ce qui représente, selon lui, une augmentation de 25% par rapport à 2015 (1910). « La Tunisie occupe la seconde place en termes de flux professionnels, juste derrière le Maroc. Les contrats à durée indéterminée (CDI), pour leur part, sont passés de 537 en 2015 à 880 en 2016 », déclare-t-il encore.
La migration de retour constitue un autre volet abordé par le directeur de l’OFII. Il rappelle que de gros efforts ont été déployés entre janvier et juin 2011 pour faire revenir quelques 500 tunisiens en Tunisie. « Ils ont bénéficié d’une aide concrète au retour, à l’instar de l’achat des billets. L’Office soutient les revenants dans leur pays à lancer leur propre projet », précise-t-il, affirmant que 462 aides à la réinsertion ont été distribuées en Tunisie en 2016, dont 75% accordées au Sud-Est du pays.
Baisse du nombre de clandestins arrêtés en France et hausse du flux étudiants
Pour sa part, l’attaché de sécurité intérieure auprès de l’ambassade de France en Tunisie, a abordé l’aspect sécuritaire de la mobilité tuniso-française. Il souligne que 640 laisser-passer consulaires (LPC) ont été demandés par la France à la Tunisie en 2016. Cette dernière en a fournis 96. À titre de comparaison, 2263 demandes de LPC ont été formulées par la France en 2011 et la Tunisie a répondu à 414 d’entre-elles. Rappelons que les LPC sont des documents fournis par les autorités tunisiennes à la France ou tout autre pays entretenant des relations diplomatiques avec la Tunisie. Lorsqu’un immigré est arrêté par les autorités françaises, à titre d’exemple, ces dernières vérifient sa nationalité avec le pays cible. Si la nationalité est confirmée, un LPC est alors envoyé à la France pour qu’elle puisse rapatrier l’immigré irrégulier vers son pays d’origine. « C’est un long travail administratif », déclare l’attaché, qui a, d’un autre côté, souligné que le nombre des tunisiens en situation irrégulière interpellés en France a diminué entre 2012 et 2016, passant de 11 594 à près de 5100.
Qu’en est-il de la mobilité estudiantine ? Selon Patrick Flot, directeur de l’IFT, plus de 7658 dossiers étudiants ont été traités en 2016, enregistrant ainsi une hausse de 17% par rapport à 2010 (5783). Néanmoins, il a fait part d’une baisse du nombre des dossiers, observée en 2012. « C’était une période d’instabilité », a-t-il noté. Il a déclaré, d’autre part, que plusieurs projets bilatéraux relevant de l’enseignement supérieur et de la recherche sont à l’étude en France. « Nous envisageons de favoriser la double diplomation. Ceci permettra aux étudiants tunisiens de naviguer en fonction des études qu’ils ont suivi. En ce qui concerne les universités, nous avons déjà Tunis-Dauphine. D’autres grandes universités et écoles devraient également voir le jour en Tunisie. Tant de projets qui permettront de consolider les relations entre la Tunisie et la France », a-t-il dit.
M.F.K