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Mutique depuis l’annonce de la décision de sa condamnation lundi, l’ancien président de la République française a accordé un entretien au Figaro, avant le 20 heures de TF1 mercredi.
Depuis l’annonce de la décision du tribunal judiciaire de Paris lundi, seule l’avocate de Nicolas Sarkozy s’était publiquement exprimée. L’ancien président de la République et ses proches ont observé le silence, à l’exception notable d’un post sur Instagram de Carla Bruni, dénonçant un « acharnement insensé ».
L’ancien chef de l’État a rompu avec le mutisme ce mardi. À la veille de sa venue au JT de TF1, prévue mercredi, Nicolas Sarkozy a accordé une interview au Figaro, mise en ligne mardi et à paraître dans le journal du lendemain.
« À chaque fois que ces règles (le droit et la justice, NDLR) sont bafouées, comme c’est le cas dans cette affaire, mon indignation et ma détermination sont décuplées », a contre-attaqué le prédécesseur de François Hollande et d’Emmanuel Macron.
*Il se dit prêt à aller jusqu’à la CEDH
Lundi, trois juges du siège ont condamné Nicolas Sarkozy à trois ans d’emprisonnement dont un ferme pour « corruption » et « trafic d’influence », dans l’affaire dite « des écoutes ». Son avocat historique Thierry Herzog, ainsi que l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert, ont également été déclarés coupables et condamnés. Tous trois ont annoncé interjeter appel de la décision.
« Peut-être faudra-t-il que ce combat s’achève devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Ce serait pour moi une souffrance que d’avoir à faire condamner mon propre pays, mais j’y suis prêt car ce serait le prix de la démocratie », poursuit Nicolas Sarkozy.
Après épuisement des voies de recours nationales (appel et pourvoi en cassation), l’instance du Conseil de l’Europe peut être saisie en dernier lieu.
* »Une profonde injustice »
Pour Nicolas Sarkozy, sa condamnation – la première d’un ancien chef d’État de la Ve République assortie d’une peine de prison ferme – est « une profonde injustice que personne ne pourrait admettre. Je ne peux en effet accepter d’avoir été condamné pour ce que je n’ai pas fait », assure-t-il.
L’ancien président français dénonce également la vacuité du dossier, conformément à la ligne de défense portée au cours du procès:
« On me condamne en me prêtant la pseudo-intention de commettre un délit qui serait démontré par des bribes de conversations téléphoniques sorties de leur contexte et mises bout à bout. Le jugement ne fait pas état de preuves, mais d’un ‘faisceau d’indices’. J’affirme que pour condamner, dans un État de droit, il faut des preuves. Et des preuves, il n’y en pas dans ce dossier ».
« Ce document (le jugement, NDLR) est truffé d’incohérences. Il est écrit noir sur blanc que je n’ai accompli aucune intervention à Monaco en faveur de Gilbert Azibert. Mais le tribunal estime dans le même temps que j’aurais utilisé les relations liées à mes anciennes fonctions de président de la République pour obtenir une faveur à Monaco. Il faudrait savoir: c’est soit l’un, soit l’autre! », poursuit Nicolas Sarkozy.
Dans ces circonstances, Nicolas Sarkozy pourrait-il être malgré tout candidat en 2022 à la prochaine présidentielle, comme le souhaite une frange de sa famille politique?
« Pour moi, relaxe ou pas, cela n’a rien changé politiquement. Quand j’ai dit que j’avais tourné la page, ce n’était pas en fonction d’une décision de justice que j’attendais, ou parce qu’une injustice de plus aurait été commise à mon endroit! (…) J’avais dit que je ne serai pas candidat à l’élection présidentielle, je le maintiens », répond-il.
*Haro sur le PNF à droite
À droite et parmi les proches de Nicolas Sarkozy, certaines voix déjà s’étaient élevées pour fustiger sa condamnation et étriller le parquet national financier, sous l’égide duquel s’est déroulée l’enquête. Dans sa famille politique, on dénonce un « acharnement judiciaire ». « Je ne suis pas certain qu’ils aient eu le droit à une justice impartiale », a avancé Me Hervé Temime, avocat de Thierry Herzog, mardi matin sur BFMTV.
L’actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a même apporté publiquement son « soutien amical » au président qui fut son mentor, provoquant l’indignation à gauche.
« Gérald Darmanin m’a témoigné publiquement son amitié, je l’en remercie. Pour le reste, je ne veux pas commettre d’indiscrétion. Je peux simplement dire que j’ai été extrêmement touché, et le mot est faible, par les milliers de témoignages que j’ai reçus, les centaines d’appels qui m’ont été adressés et cela bien au-delà de ma famille politique », a revendiqué Nicolas Sarkozy.
Condamné pour corruption, Nicolas Sarkozy n’en a pas encore fini avec la justice
Interrogé en dernier lieu sur sa vaccination contre le Covid-19, révélée par la presse, Nicolas Sarkozy a dressé un parallèle avec la présente affaire: « Dans une démocratie, on a le droit au secret de la conversation avec son avocat et aussi au secret médical. »
(BFMTV)