C’est une affaire qui a fait beaucoup de bruit en France. Ariane Lavrilleux, journaliste d’investigation, a été dans le viseur des services de renseignements français, la DGSI, à cause des enquêtes qu’elle a menées sur les possibles liens suspects entre l’Égypte et la France dans le cadre d’une affaire de vente d’armes.
Le domicile de la journaliste a été perquisitionné, au même titre que tout son matériel de travail selon son témoignage. Pis encore: la journaliste a été placée en garde à vue pendant près de 40 heures. Les renseignements français l’accusent d’avoir signé 5 articles à propos des ventes d’armes françaises à l’étranger depuis l’année 2019.
Selon Ariane Lavrilleux, l’Égypte n’a pas utilisé ces armes françaises pour lutter contre le terrorisme, mais à d’autres fins, à l’instar de la contrebande. D’après des documents qu’elle a obtenue, les forces françaises seraient impliquées dans pas moins de 19 bombardements menés contre des civils entre les années 2016 et 2018. C’était au niveau de la frontière entre l’Égypte et la Libye selon elle.
D’ailleurs, elle a fait l’objet d’une plainte déposée par le ministère Français des Armées pour « violation du secret de la Défense Nationale ». Selon la même journaliste, la France aurait vendu 30 avions Rafale à l’Égypte. Elle aurait aussi vendu des armes à la Russie jusqu’en 2020. Plus encore: elle parle de 150 000 obus pour l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis. Ces derniers auraient transféré, illicitement, les armes à la Libye.
L’arrestation de la journaliste a provoqué un scandale en France. Elle a été dénoncée par Reporters Sans Frontières (RSF) et Amnesty France. Pour RSF, ces ventes d’armes représentent une « information gênante pour la France ». Pour sa part, Amnesty France s’est dite inquiète de la tournure qu’ont pris les événements, car la journaliste a enquêté « sur un domaine opaque, et que ce travail a fait l’objet d’une enquête de la DGSI ».
Idem du côté des syndicats des journalistes en France. Ces derniers parlent d’un signal surprenant envoyé à la presse au sujet de la liberté d’informer et du secret des sources, sachant que le gouvernement s’apprête à organiser les États Généraux de l’information.