La diffusion par Daech de la décapitation de 21 Egyptiens de confession chrétienne (coptes) sur les côtes libyennes, montre le mode opératoire de cette nébuleuse qui prône la terreur. Comme la Jordanie, les forces armées égyptiennes ont bombardé la ville de Derna. Ces attaques aériennes ont ciblé les positions de Daech ainsi que les réserves de munitions et d’armes.
L’Egypte en guerre contre Daech
La ville de Derna, déclarée depuis quelques mois comme le noyau de Daech en Libye, n’est qu’à 300 km de la frontière égyptienne. Les autorités en Egypte affirment que cette action militaire avait pour but de : « venger l’effusion de sang et punir les assassins. Il faut que chacun sache que les Egyptiens ont un bouclier qui les protège ».
Avant cet engagement militaire ferme, maintes rumeurs évoquaient déjà l’aide logistique fournie par l’Egypte à l’armée libyenne dirigée par Haftar dans l’Est. L’Egypte aurait prêté ses bases aériennes à des avions émiratis pour mener des raids contre les forces d’Ansar al Charia et les milices islamistes basées à proximité des frontières égyptiennes. La ville de Benghazi fut le centre de ces combats acharnés qui durent depuis près de deux ans.
L’acte barbare commis par Daech a provoqué l’Egypte qui, depuis longtemps, a fermé ses frontières avec la Libye. Harcelée par les groupes armés dans le Sinaï, l’armée égyptienne va-t-elle mener une action limitée ou s’engager pleinement dans une guerre contre les milices islamistes ?
Cette question est centrale aujourd’hui, car l’Italie avait appelé de ses vœux et incité l’OTAN à intervenir en Libye, l’Egypte aussi appelle à une coalition internationale et une coopération avec les pays voisins afin de contenir le danger que représentent ces groupuscules pour la sécurité de la région.
Vers une coalition internationale contre Daech
Les pays du Golfe, l’Iran et quasiment tous les pays arabes avaient fermement condamné l’assassinat des ressortissants égyptiens en Libye. Pas un seul pays n’a condamné ces bombardements qui ont visé les positions de Daech.
Pour ne pas s’embourber en Libye, l’Egypte a formulé le souhait de l’élargissement de la coalition internationale contre les groupes armés où qu’ils soient. Ce souhait, devrait impliquer des pays voisins à l’exemple de l’Italie, de la Tunisie, de l’Algérie et d’autres pays dans le Sud.
Une telle mobilisation contre Daech et les groupes armées en Libye, rencontre des difficultés non seulement d’un point de vue logistique et pratique, mais dans l’esprit même de certains pays qui refusent d’interférer dans les affaires des pays voisins.
Ce qui ouvre aujourd’hui en Tunisie un très grand débat sur les étendues et les limites de notre sécurité nationale, les alliances régionales en matière de lutte contre le terrorisme et la frontière et les dangers qui nous guettent.
Fayçal Chérif