Fronde à Montplaisir : Sale temps pour le “Cheikh” 

Depuis dix ans que le mouvement islamiste est sous les projecteurs, à aucun moment il n’a semblé aussi menacé par la division et l’effritement. Il a été l’exemple de la discipline, de l’engagement collectif autour du maître et du parti, une forteresse aux murs étanches. Ses élus parlementaires ont fait un parcours sans faute, totalement aux ordres du chef historique, à l’exception de quelques égarements sans influence.  De quoi faire envier tous les partis ouverts aux opportunistes nomades, aux militants de la dernière minute et aux recyclés révolutionnaires. Pas plus d’une poignée d’entre eux ont eu le privilège d’être créés ou dirigés  par d’anciennes figures de l’opposition d’avant 2011, mais celles-ci ont pour la plupart jeté l’éponge, au moins une fois.  Sauf que le pouvoir use et après dix années aux commandes du pays (sur la scène et derrière les rideaux) estampillées par des échecs cuisants dans tous les domaines, le premier parti politique depuis 2011 commence à donner des signes d’essoufflement pour ne pas dire d’agonie. Et ce n’est pas trop dire.

 On ne déboulonne pas un “Zaïm”
Pour la première fois, et après avoir été porté sur les épaules, Rached Ghannouchi fait l’objet d’hostilité de la part des siens qui le font savoir au grand public. Une première dans la sphère islamiste au moment où tous les autres partis politiques ont pris l’habitude d’étaler au grand jour et sans retenue leurs différends et leurs coups bas. Une centaine de dirigeants nationaux et régionaux nahdhaouis, de la trempe de Samir Dilou, Mohamed Ben Salem et Abdellatif Mekki, ont donc demandé clairement à Ghannouchi de partir et de lâcher les rênes du parti.  Ils souhaitent le voir céder la présidence du parti qu’il dirige depuis trop longtemps, depuis quatre décennies, dont deux mandats électifs. Bien plus que Ben Ali qui est resté 23 ans à la tête du RCD. Pour Ghannouchi et ses fidèles, dont l’ex-président du bloc pendant six sessions (2014-2020), Noureddine Bhiri, ce n’est pas aussi évident. Un « Zaïm » est différent des autres dirigeants, c’est l’exception, nul n’a l’autorité politique ou morale de le déboulonner : « Quand il y est, il y reste ». Même s’il prétend être démocrate !
Face à cet entêtement, la centaine de dirigeants nahdhaouis, dont 13 députés, ont adressé une lettre au président d’Ennahdha (septembre 2020) dans laquelle ils l’invitent à respecter le règlement intérieur du mouvement, alertant par la même occasion l’opinion publique sur l’intention de Ghannouchi et de ses proches d’enfreindre une règle de base de la démocratie, à savoir l’alternance au pouvoir. Le camp Ghannouchi  envisagerait la  modification de l’article 31 du règlement intérieur afin de permettre au Cheikh de briguer  un troisième mandat.  Pour Noureddine Bhiri, aux antipodes des frondeurs, rien n’empêche de réviser le règlement intérieur et « la décision a été léguée au 11e congrès qui s’exprimera démocratiquement sur l’amendement ou non de ce  règlement».
Cette fronde inédite, soutenue par d’autres faucons moins visibles, n’est donc pas près de se calmer d’ici à la tenue du congrès prévu vers la fin de l’année en cours. Ses porte-drapeaux (Dilou, Mekki)  se sont relayés dans les médias pour exposer leurs arguments et faire part de leur intransigeance en ce qui concerne la crédibilité et l’image de leur mouvement. « Dans une démocratie, les partis politiques doivent donner l’exemple, Ennahdha ne doit pas déroger à la règle », assure Samir Dilou. Même son de cloche du côté d’Abdellatif Mekki pour qui l’article 31 du règlement intérieur est le gage de l’éthique politique du parti et son engagement à préserver le mouvement des dérapages conséquents à une présidence trop longue. Sans déroger à la discipline partisane légendaire et au respect voué à leur chef, évitant d’écorcher son orgueil, les frondeurs estiment que, d’où qu’il soit, Ghannouchi peut encore faire bénéficier le parti de sa sagesse et de son expérience.

 Les signes de la fin
Au-delà de la fronde intra-muros, il est opportun de s’interroger sur les raisons qui empêchent le « Vieux » de se retirer volontairement d’une présidence trop longue et désormais très pesante. Car tout semble le pousser vers la porte de sortie.  L’octogénaire, qui ne peut s’empêcher de donner des signes de fatigue, a beaucoup perdu de son aura. Tous les sondages le dépeignent comme la personnalité politique la plus détestée par les Tunisiens. Il est difficile de croire que ces sondages laissent indifférents les nahdhaouis même si ces derniers doutent de leur neutralité.  Certains observateurs et analystes de la vie politique n’excluent pas le risque pour les islamistes d’essuyer une lourde défaite aux élections de 2024. Et les raisons sont autrement plus nombreuses.
Le Cheikh a commencé à perdre de sa popularité bien avant, depuis que des compagnons de route l’ont lâché après son arrangement avec Béji Caïd Essebsi pour  instaurer le Consensus politique au lendemain de la victoire de Nidaa Tounes au double scrutin de 2014. Des échos étouffés ont été donnés à une vague d’opposition à l’intérieur du mouvement islamiste qui refusait tout rapprochement avec les nidaïstes, en réaction au douloureux retrait de la Troïka de la Kasbah, du Bardo et de Carthage, en 2013. S’inscrivant dans l’air du temps, le Cheikh n’a pas non plus hésité à changer de look, troquant sa jellaba contre un costume cravate  et à annoncer la mutation de son parti vers un parti civil, comme ça, sans crier gare ! Comme s’il était facile de rayer une idéologie d’un trait après une vie de militantisme islamiste extrémiste à ses débuts. La répartie ne se fera pas attendre : les électeurs se sont faits de moins en moins nombreux aux scrutins législatifs suivants (2014, 2019). Le fait même que le mouvement Ennahdha, porté au septième ciel pendant les événements de la révolution du jasmin, soit contraint de s’allier avec d’autres partis pour pouvoir exercer son droit de gouverner, comme le lui garantissent les résultats des élections, est en soi une déception pour un bon nombre d’islamistes. Bien sûr, les dispositions de la loi électorale ne permettent à aucun parti d’obtenir la majorité au Parlement et de former ainsi son gouvernement, mais aussi cette situation ne semble pas déranger outre mesure Rached Ghannouchi qui, en bon stratège, a dû chercher à chaque fois un ou des alliés pour former un gouvernement, en échange de concessions douloureuses pour les islamistes même non nahdhaouis.  Ghannouchi, avait-il un autre choix ? En 2011, son parti n’avait aucune expérience dans la gouvernance d’un Etat. Finalement, la première Troïka, le Consensus avec Béji Caïd Essebsi et l’actuelle seconde Troïka (avec Al Karama et Qalb Tounes) sont les radeaux auxquels s’accroche Ennahdha pour gouverner sans assumer l’entière responsabilité des échecs.
En 2011, les islamistes ne savaient pas diriger un pays, ni leurs alliés d’ailleurs. Ils se sont  mis à apprendre  sur le tas. Et les résultats sont là : une économie en faillite, une société divisée, des horizons encore plus sombres et plus incertains qu’en 2011. La classe politique de la révolution a trahi ses propres ambitions et celles de l’ensemble des Tunisiens. Il s’agit bien de trahison parce qu’aucun réel effort n’a été soutenu pour trouver une issue de secours.

Rester pour exister
Partir ou rester : l’enjeu pour Rached Ghannouchi relève de l’existentiel.  Que deviendrait le Cheikh s’il devait également quitter la direction de Montplaisir, sachant que même à l’ARP il a été affaibli par une virulente opposition du PDL et une motion de retrait de confiance qui a ratissé large (97 signatures) ? Le Cheikh ne survivrait pas à son isolement après une aussi longue carrière politique. Alors, pour y faire face, il tend la main aux premiers venus, aux seuls adversaires politiques – même précédemment diabolisés – qui ont autant d’audace que lui pour siéger avec leurs ennemis d’hier à la Kasbah. Contre la volonté d’une partie des siens. Le vieux loup est habitué aux missions délicates, il en a connu d’autres. Après Marzouki et Si El Béji, c’est au tour de Nabil Karoui de servir de tremplin. Pour le moment.
Le mouvement Ennahdha est désormais à la croisée des chemins. Le prochain  congrès d’Ennahdha , le 11e, menace de sonner le glas de l’unité du mouvement, de son exemplarité disciplinaire et de la solidité de son édifice, malgré la promesse des frondeurs de préserver l’unité des rangs. La longévité  de Rached Ghannouchi à la tête du mouvement pourrait détruire tout ce qu’il a bâti, notamment le statut du chef spirituel digne d’allégeance, dès lors que les contestations commencent à se faire entendre à Montplaisir. Les frondeurs souhaitent une succession qui reflète les défis de la conjoncture : transition démocratique, rajeunissement de la classe politique et ancrage de la civilité du mouvement. Les nahdhaouis devront mûrement chercher parmi eux l’oiseau rare qu’ils n’avaient pas lors de l’élection présidentielle de 2019.

Yasmine Arabi

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 Ennahdha : (gros) péril en la demeure !
A l’approche du 11e congrès, une tempête aussi violente que silencieuse est en train de souffler au sein d’Ennahdha. Il y a, d’un côté, les frondeurs qui refusent de voir Rached Ghannouchi, qui tient le parti d’une main de fer, se porter candidat à sa propre succession, de l’autre, les fervents soutiens du Cheikh qui tiennent à son maintien en soulignant qu’il y va de la stabilité du parti.
Dans cette sauce explosive, le principal intéressé compte, du moins pour l’heure, camper sur ses positions. “J’y suis, j’y reste !”.
Frondeurs et pro-Ghannouchi se sont livrés à des échanges assez costauds par médias interposés.

Samir Dilou

 Rached Ghannouchi doit se conformer à la loi et partir
Une vague de contestations des « frondeurs » qui refusent la reconduction de Rached Ghannouchi à la tête du parti a alimenté aussi bien le débat public que le parti Ennahdha. Pour justifier leur fronde, ils font prévaloir le respect de l’article 31 du règlement intérieur d’Ennahdha, qui stipule notamment que: “[…] Un membre ne pourra occuper la présidence du parti au-delà de 2 mandats. Le président du parti doit se consacrer à ses fonctions”.
L’article, pour les frondeurs, est donc clair et le Cheikh, de ce fait, doit s’y conformer. C’est le cas de Samir Dilou, député et dirigeant nahdhaoui, qui a justement rappelé ce fait: “L’article 31 est clair. Il n’autorise pas le président du parti à briguer un troisième mandat. A travers la pétition, il ne s’agit pas d’appeler à l’expulsion de Rached Ghannouchi, mais plutôt de faire valoir la loi et d’appeler à son respect. Elle rejette, également, l’amendement de l’article 31 au profit d’une personnalité bien déterminée”, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il ne s’agit nullement d’une pétition de “renversement”.

Mohamed Ben Salem

Respecter le principe de l’alternance
Autre figure symbolique des frondeurs, Mohamed Ben Salem. Lui aussi rappelle l’importance du respect de l’alternance au sein d’Ennahdha. “Il existe, au sein du parti, des dirigeants capables de présider le parti. Il n’y a, de ce fait, aucune crainte pour Ennahdha”, a-t-il indiqué. Une manière de dire que le parti ne mourra pas après le départ de Rached Ghannouchi. Ennahdha, poursuit Mohamed Ben Salem, ne sera pas affecté par le départ de son président. Le parti est un “mouvement d’institutions et de décisions qui sont prises démocratiquement après des consultations”. Ces décisions, rappelle-t-il, ne sont pas liées à une seule personne. “Le leadership ne dure pas toute la vie”, a-t-il encore ajouté.

MFK

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Abdellatif Mekki

A sa façon,  Abdellatif Mekki dit non à Rached Ghannouchi
Abdellatif  Mekki est incontestablement l’un des frondeurs les plus virulents qui voient mal la domination de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, sur le parti. Son opposition ne date pas d’aujourd’hui. En 2019, lorsque le Cheikh a été élu président de l’ARP (Assemblée des représentants du peuple) par les députés, Abdellatif  Mekki a implicitement appelé le chef islamiste à faire son choix. “Je ne suis pas spécialiste en droit, mais d’après ce que disent les frères, la loi interne d’Ennahdha stipule que le président doit entièrement se consacrer à la direction du mouvement”, avait-il alors déclaré le 12 décembre 2019.

“Rached Ghannouchi n’a pas le droit de mettre Ennahdha en danger”
Récemment, Abdellatif Mekki est revenu à la charge contre Rached Ghannouchi lors de sa première sortie médiatique depuis son départ du ministère de la Santé. C’était dans Houna Shems, et il a été tout sauf complaisant avec le président d’Ennahdha. Tout au long de son intervention, il lui a adressé ses piques : “Il est normal que des divergences existent au sein du parti. Cependant, nous espérons que l’éthique et la raison nahdhaouies vont l’emporter afin de tout remettre dans l’ordre”, a-t-il déclaré.
Abdellatif Mekki considère, dans ce même contexte, que Rached Ghannouchi n’a pas le droit de mettre Ennahdha en danger. En effet, poursuit-il, une éventuelle candidature de l’actuel président constituerait “une atteinte aux valeurs fondamentales d’Ennahdha”. “L’article 31 du règlement intérieur d’Ennahdha exprime une valeur à la fois éthique et politique. Une longue présidence peut conduire à des déviances. De ce fait, il est important d’assurer l’alternance selon la loi et conformément à l’éthique. Les divergences actuelles doivent être considérées sous l’angle de la sagesse”, a-t-il expliqué.

Ennahdha n’est pas Rached Ghannouchi
Au sujet de la motion visant Rached Ghannouchi, Mekki affirme “comprendre” que la procédure puisse le “gêner”. Dans tous les cas, c’est l’alternance du pouvoir qui doit être appliquée. Revenant sur le vif débat qu’a suscité l’article 31 du règlement intérieur d’Ennahdha, Abdellatif Mekki considère qu’il faut éviter de le placer au centre du prochain congrès du parti, sachant que cette question a failli causer l’échec de ce congrès. “Même si l’article 31 est amendé, il ne pourra pas être appliqué au prochain congrès, mais à celui d’après, à savoir le 12e. L’article, dans tous les cas, est clair : ne pas se représenter [à la présidence d’Ennahdha] est un devoir éthique. Si Rached Ghannouchi se porte candidat à sa propre succession, cela constituera une atteinte aux valeurs fondamentales du parti”, a-t-il martelé.
A travers toutes ces piques, Abdellatif Mekki a voulu transmettre une idée bien précise qui va à l’encontre des arguments des défenseurs du Cheikh : Ennahdha ne dépend pas de Rached Ghannouchi. Affirmer que c’est le cas relève, selon lui, d’une “insulte” au parti. “En 1981, de jeunes dirigeants, qui étaient des étudiants à l’époque, ont été arrêtés, à l’instar de Hamadi Jebali. Malgré cela, la relève a toujours été assurée. Je respecte toutes les opinions, mais certaines sont intenables”, a encore lancé Abdellatif Mekki.

Et le candidat Mekki ?
Qu’en est-il de sa propre candidature à la présidence d’Ennahdha ? Étant un frondeur, politiquement jeune et ambitieux, nul doute qu’Abdellatif  Mekki envisagerait sérieusement de se porter candidat. Mais comme tout candidat qui a du mal à dissimuler son excitation, il a affirmé que la question était “prématurée”. “Seriez-vous candidat contre Rached Ghannouchi ?”, à cette question, sa réponse était laconique mais pleine de sous-entendus : “L’article 31 est clair : ne pas se présenter de nouveau est un devoir éthique. Si Rached Ghannouchi le fait, je ne serai pas son concurrent, mais sa candidature constituera une atteinte aux valeurs fondamentales du parti”, a-t-il répondu. Cela signifierait deux choses : il pense sérieusement à se présenter et il rejette catégoriquement la candidature de Rached Ghannouchi pour les raisons qu’il a citées.

MFK

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Noureddine Bhiri

Noureddine Bhiri,  peu importe le règlement intérieur
Considéré parmi les fervents et fanatiques soutiens de Rached Ghannouchi, Noureddine Bhiri, député d’Ennahdha et ancien président du bloc parlementaire du parti à l’ARP, ne manque pas une seule occasion pour exprimer sa loyauté au Cheikh, parfois avec ironie et véhémence. C’était le cas dans son récent passage sur les ondes d’IFM, où il a été interrogé, notamment, sur les conséquences du maintien de Rached Ghannouchi à la tête d’Ennahdha.

Amendement de l’article 31 : un débat insensé !
“Ce qui s’applique à l’État sur le plan de l’alternance ne s’applique pas aux partis politiques. Ces derniers présentent, en effet, une situation particulière et détiennent un rôle tout aussi particulier. Regardez ce qui  se passe dans les pays démocratiques où les mandats sont multiples au sein des partis politiques”, a-t-il lâché.
Il faut, aux dires de Noureddine Bhiri, se consacrer à d’autres priorités, à l’instar de la lutte contre le terrorisme et la mise en place de la Cour constitutionnelle. “Après tout cela, on nous parle du débat sur l’amendement de l’article 31 du règlement intérieur ?”, s’est-il interrogé non sans ironie.

Le problème, c’est le règlement intérieur
Le maintien de Rached Ghannouchi à la tête d’Ennahdha, poursuit-il, n’affecte en rien l’image du parti, encore moins celle du Cheikh. Pas seulement : Ghannouchi ne s’accroche pas au pouvoir selon Bhiri. “Ce sont les urnes et le vote transparent qui l’ont maintenu à la présidence. De ce fait, il ne s’accroche pas au pouvoir”, a-t-il encore défendu son patron, bec et ongles, et d’ajouter, comme s’il lançait un défi : “L’UGTT (Union générale tunisienne du travail) a décidé d’organiser un congrès extraordinaire pour réviser son règlement intérieur. Allez dire que Noureddine Taboubi est un dictateur !”.
D’un autre côté, le député nahdhaoui estime que le règlement intérieur n’est pas le Coran, d’autant plus que le Livre Saint peut être interprété selon lui. Il affirme, de surcroît, que le règlement a porté préjudice au mouvement dans la mesure où il l’a privé de l’expérience des grandes compétences. “Le règlement intérieur a empêché Ennahdha d’élaborer un agenda national”, a-t-il encore précisé en faisant allusion à l’article 31 du règlement intérieur.

MFK

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