Fuite des cerveaux : Tunisie sans médecins spécialistes en 2034 ?

La Tunisie est confrontée à un défi majeur : la fuite des cerveaux, et en particulier celle des médecins, un phénomène qui commence à peser lourdement sur le système de santé du pays et suscite des inquiétudes croissantes.

Cette problématique soulève des questions cruciales quant à la viabilité à long terme du secteur médical tunisien et à l’accès aux soins pour la population. Dans ce contexte préoccupant, Nizar Laâdhari, secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des médecins, a jeté une lumière crue sur la situation précaire du secteur médical en Tunisie.
Il a abordé la proposition de loi déposée à l’ARP (Assemblée des représentants du peuple) visant à inciter les médecins spécialistes à exercer dans les régions défavorisées, ainsi que les sanctions envisagées à l’encontre des jeunes médecins. Ces mesures, bien que louables dans leur intention, ne semblent offrir qu’une solution partielle à un problème bien plus profond et complexe.
Le secrétaire général a également mis en évidence le phénomène de l’exode des médecins tunisiens vers d’autres pays, un mouvement alimenté par plusieurs facteurs, dont les conditions de travail difficiles, les agressions récurrentes contre le personnel médical et l’insécurité grandissante dans les hôpitaux. Cette fuite des cerveaux risque à terme de laisser le système de santé tunisien exsangue, avec une pénurie criante de médecins spécialistes.
Les chiffres avancés par Nizar Laâdhari sont alarmants : chaque année, un nombre significatif de jeunes médecins diplômés choisissent de quitter le pays, aggravant ainsi le déficit en professionnels de santé qualifiés. Ces départs massifs compromettent sérieusement la capacité du système de santé à répondre aux besoins croissants de la population et à assurer des soins de qualité.
Il a indiqué que d’ici dix ans, la Tunisie risque de se retrouver sans médecins spécialistes, un scénario inquiétant aggravé par le nombre croissant de départs de jeunes médecins chaque année. “Les conditions de travail précaires, les agressions répétées à l’encontre du personnel médical, ainsi que les opportunités professionnelles attractives à l’étranger contribuent à cette crise”, a-t-il encore précisé.
Face à cette situation critique, il devient impératif pour les autorités tunisiennes de prendre des mesures urgentes et efficaces pour inverser cette tendance et retenir les talents locaux. La sauvegarde du système de santé tunisien et l’accès aux soins pour tous dépendent en grande partie de la capacité du pays à relever ce défi majeur.
Il est aussi impératif de revoir les politiques de santé, d’améliorer les conditions de travail et de garantir des perspectives d’avenir attrayantes pour les professionnels de la santé en Tunisie. La formation de nouveaux médecins, leur rétention dans le pays et la promotion de programmes de prévention doivent être des priorités pour assurer un système de santé robuste et accessible à tous les citoyens tunisiens.

M.BB

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