Ne pouvant faire face à toutes les difficultés en même temps et tout de suite, ainsi qu’aux multiples défis majeurs à relever, le gouvernement devrait s’attaquer dans un premier temps aux priorités et aux urgences.
D’abord, inspirer la confiance, ensuite restaurer la stabilité socio-politique, puis insuffler la croissance économique.
Il s’agit en fait d’un vaste programme difficile à élaborer et encore plus complexe à appliquer.
Le nouveau gouvernement est tenu d’émettre des signaux forts, destinés à l’opinion publique : remettre la population au travail et siffler la fin de la récréation faite de laxisme, de corruption, de non-respect de la loi et de contrebande.
Il doit aussi donner de l’espoir aux jeunes, aux régions intérieures, aux catégories déshéritées, l’espoir d’un lendemain meilleur mais aussi leur permettre d’accéder aux moyens à même de réaliser leurs rêves. Il s’agit de remettre le pays sur le chemin de la croissance socio-économique, de l’épargne et de l’investissement, plutôt que celui de la surconsommation.
La relance de la croissance économique passe par la reprise de l’investissement public avec le lancement de grands projets et de chantiers à forte intensité de main-d’œuvre, ce qui aura un impact très positif sur la population.
Les investisseurs privés doivent être mis à contribution dans le cadre de projets de partenariat public-privé.
Plusieurs pays amis doivent être incités à investir dans de grands projets d’infrastructure selon des conventions de partenariat à signer en “grande pompe”.
Le gouvernement doit renforcer les différents volets du secteur social avec le retour à l’équilibre des caisses sociales et la mise en place d’une politique de lutte contre la pauvreté.
Le lancement d’un grand projet de construction de logements sociaux s’impose dans toutes les régions du pays sur des terrains domaniaux, ce qui aura un excellent effet sur la population et réduira l’impact des constructions anarchiques.
La persistance d’un taux élevé d’inflation ne fait que détériorer le pouvoir d’achat de la population et favoriser les tensions sociales. C’est pourquoi le gouvernement doit sévir contre les spéculateurs, renforcer les contrôles, faire pression contre la vie chère, et peser de tout son poids pour une compensation équitable sur les produits de base qui bénéficierait uniquement à ceux qui en ont vraiment besoin.
Un intérêt particulier doit être apporté au soutien du taux de change du dinar, car il est à l’origine de l’inflation importée ou prétextée comme telle par les industriels locaux.
Plusieurs entreprises publiques risquent de s’effondrer ou de faire faillite, ce qui serait une catastrophe socio-économique. C’est le cas par exemple de la CPG et d’El Fouladh. Raison pour laquelle il faudrait entamer de suite un processus de sauvetage durable de ces entreprises, grâce à la compréhension et au dialogue entre tous les partenaires sociaux.
Il serait tout indiqué également de mettre à niveau le système financier et de consolider les fondamentaux du secteur bancaire qui présentent plusieurs défaillances, alors que leur participation au financement de l’économie et des entreprises est fondamentale.
En effet, pour réaliser un taux de croissance rapide susceptible de réduire le chômage par exemple de quatre pour cent par an, nous avons besoin d’une contribution active de la Bourse, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.
Les banques tunisiennes manquent de liquidités et de fonds propres pour financer les entreprises économiques, d’où la nécessité de les recapitaliser.
Le budget de l’Etat a besoin de ressources financières qui ne viendraient pas alourdir l’endettement public déjà élevé, d’où la nécessité de mettre au application une réforme fiscale approfondie.
Celle-ci concernerait le changement de statut des commerçants forfaitaires dont les revenus annuels dépasseraient par exemple les 50.000 D, pour passer au régime réel avec différentes catégories de contributeurs et de taux d’imposition.
L’administration, qu’elle soit centrale, régionale ou locale, a besoin d’être réveillée de sa léthargie et de sa démission vis-à-vis du processus de développement.
Ce qui explique, sans le justifier, les retards et les blocages au niveau de la réalisation de nombreux projets de développement et d’infrastructures diverses.
C’est pourquoi il y a urgence pour remotiver et remobiliser cette administration tous niveaux confondus pour qu’elle assume son rôle avec responsabilité, dévouement et engagement.
Il ne devrait plus y avoir d’emploi à vie, ni d’ailleurs d’avantages matériels ou de privilèges moraux.
Le train de vie de l’Etat fait de luxe tapageur mériterait de connaître une cure d’amaigrissement. « Selon les articles de dépenses de fonctionnement, une décote de 20% à 30% ne ferait aucun mal à personne », affirme un spécialiste du budget de l’Etat. Qu’il s’agisse de bons de carburant, de frais de mission ou de réception, ou encore de consommation d’énergie électrique, le cumul des indemnités et les heures supplémentaires imaginaires sont à exclure chaque année.
Cela se chiffre en centaines de millions de DT.
C’est dire qu’il faudrait gérer l’Etat comme une entreprise privée avec rigueur.