La situation devient très tendue pour ce gouvernement car la succession de mauvaises nouvelles fait planer une ombre de mauvais augure. En ce milieu d’année, l’économie Tunisienne entre dans une configuration totalement nouvelle et complexe. En effet, avec seulement 1,7% de croissance au premier trimestre, la situation s’annonce difficile pour le reste de l’année mais aussi probablement pour les prochaines années. Les dernières statistiques révèlent une situation très dégradée et en sortir demandera des taux de croissance beaucoup plus élevés que ce qui est prévu. Un tel contexte devrait logiquement susciter une mobilisation générale mais pour l’instant, les pouvoirs publics tunisiens restent l’arme au pied. L’hypothèse de 3% de croissance pour cette année s’avère irréalisable car la croissance ne devrait pas au final dépasser 1,5% cette année, de quoi faire grimper encore un chômage qui s’établit déjà à 15 % de la population active. Pis encore, à ce rythme de croissance, les difficultés et les déséquilibres se multiplient rapidement. Nous risquons de connaître une situation dans laquelle la stagnation entraîne le pessimisme et le pessimisme entraîne la stagnation. Il nous faut éviter l’entrée dans ce cercle vicieux si nous n’y sommes pas déjà. Les nouvelles statistiques révèlent-elles un retournement de tendance ? Il est bien difficile de répondre à cette question mais l’hypothèse que la Tunisie entre dans une longue période de croissance faible avec un chômage élevé n’est pas écartée.
Et pour cause le recul de la production minière
L’une des principales causes de ce recul est la baisse des industries non manufacturières de -3,7% avec une baisse des industries minières -21,7% due à la chute du niveau de production de phosphate dans le bassin minier. En effet, les interminables grèves ont fini par entraîner l’arrêt total de la production de phosphate dans le bassin minier de Gafsa et mettre à genoux la compagnie de phosphate de Gafsa. Les conséquences sont lourdes et nombreuses. En effet, la baisse de la production minière induit des effets non négligeables sur l’industrie chimique, les exportations et les entrées de devises, d’où une dépréciation du dinar et un endettement accru. La solution de sortie de ce cercle infernal est entièrement politique et l’évolution de la situation de la production minière sera très importante sur les perspectives de l’économie tunisienne.
Un gouvernorat minier » serait un virage très dangereux
Le laxisme du gouvernement a induit le sentiment que les autorités cèdent à toutes les demandes. Après avoir répondu positivement à toutes les demandes de la région de Gafsa en matière de développement, ce qui est à nos yeux une erreur monumentale, c’est au tour des habitants de Metloui de mettre la barre encore plus haute et d’exiger la création d’un gouvernorat minier. Ce serait un virage extrêmement dangereux que de céder à de telles demandes. Certes, les régions laissées pour compte par l’ancien régime sont assez nombreuses et nécessitent toutes sans exception une attention particulière. Cependant, les ressources naturelles doivent demeurer des richesses nationales, les régions devant toutefois bénéficier d’effets induits. Si le gouvernement ne met pas fin à ces dérives, demain le gouvernorat de Tataouine exigera son pétrole et son gaz, le gouvernorat de Jendouba réclamera son eau, ce qui accroîtrait les risques sur la stabilité du pays.
Le gouvernement doit donc cesser de jouer au pompier et naviguer à vue car cela a pour premier effet de créer de l’incertitude qui pèse sur l’activité économique. En particulier, il est grand temps de s’attaquer au problème des grèves qui font peser des risques de plus en plus importants sur l’activité et donc la stabilité déjà très fragile du pays. De vraies bonnes idées et de bonnes voies doivent être présentées pour l’économie tunisienne. Celle-ci a surtout besoin d’un vrai plan, soigneusement élaboré, pour tourner la page en restructurant le système productif qui semble avoir atteint ses limites.