Gardons confiance pour le 2e tour !

Mardi 25 novembre : veillée dimanche soir 23, avec les différents plateaux TV. Cela a permis d’entendre quelques perles : Imad Daïmi déclarant ne pas être au courant du soutien apporté à Moncef Marzouki par le parti Ettahrir, pourtant annoncé le 15/11 dans une conférence de presse de ce parti, pourtant opposé aux élections/satisfaction de Habib Kheder de voir que Hamma Hammami “se soit réconcilié avec son identité arabo-musulmane” et depuis quand le leader du Front populaire s’est-il séparé de son identité ? / Marzouki a demandé à Béji Caïd Essebsi “de donner à ses partisans le même mot d’ordre que j’ai donné aux miens : ne pas embrouiller le cours de la campagne électorale” —et les LPR, qu’ont-elles fait qui a amené la police du Kram à arrêter Imed Deghij le 23 au matin, même s’il a été libéré l’après-midi même, comme d’habitude !

Enfin, au cours de la nuit de dimanche à lundi, résultats des 10 premiers candidats et succès attendu de BCE, second rang pour Ennahdha et déconfiture totale pour les suivants (à part Hamma Hammami), c’est ce que l’on prévoyait d’ailleurs. Le message de Moncef Marzouki à BCE de désigner d’ici 7 jours un Premier ministre n’a pas  de sens, venant d’un président provisoire : pourquoi ne pas attendre un président élu vraiment. Aussi le Dialogue national a-t-il décidé de se réunir hier et le Quartet a remis les choses en place et l’ISIE a décidé, si c’est possible, d’avancer la date du 2e tour au 14 ou au 21 décembre au lieu du 28. La situation risque de s’aggraver avec les actes et les paroles de Marzouki et de ses sbires et il vaut mieux laisser le moins de temps possible à la rue.

Quelques réactions des candidats déboutés : Larbi Nasra et Kamel Morjane ont décidé de soutenir BCE au 2e tour, tandis que le Front populaire a déclaré qu’il n’était pas question de soutenir Marzouki (il se prononcera sous peu Hechmi Hamdi a décidé de rentrer à Londres “pour se reposer et réfléchir à la situation” , il a déclaré qu’il “ne comprend pas comment il a pu avoir 120.000 voix à Sidi Bouzid et aucune dans les autres centres de vote”, c’est pourtant facile à comprendre !

À midi, Chafik Sarsar, présient de l’ISIE, a donné les résultats définitifs de l’élection présidentielle : pas de changement notable par rapport aux chiffres “fuites” depuis dimanche nuit, si ce n’est que l’écart entre Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki n’est plus que de 6%. Mais ce chiffre ne prouve rien, ce sont maintenant les ralliements à l’un ou à l’autre candidat d’ici le vote définitif qui vont donner à l’un des deux l’accès au “trône de Carthage”…

 

Mercredi 26 : le plateau de Nesma TV d’hier soir a été “relevé” par la prestation d’une CPR un tant soit peu “illuminée”, Olfa Helali, qui s’est d’emblée vanté d’être “arabisante” mais qui s’est exprimée presque toujours en français ( ?) pour reconnaître quelques vérités dont : “Au CPR, on n’a aucun complexe, les LPR, les salafistes djihadistes et les nahdhaouis sont les bienvenus, dans la mesure où ils ne pointent pas leurs armes vers les Tunisiens” et enfin cet aveu”. Au CPR, on est zinzin et on en est fier !“. Sans doute, puisque elle le dit, mais justement on ne veut pas d’un “président zinzin”.

Par contre, Mustapha Ben Jaâfar est tout à fait dans son rôle quand il convoque les nouveaux élus, le 2 décembre pour la séance inaugurale de l’Assemblée du peuple Après avoir prononcé le discours d’ouverture de cette première séance, il cèdera la place au doyen d’âge de la nouvelle Assemblée et se retirera. Le président de séance devra appliquer à la lettre la Constitution.

Ralliements : Mondher Zenaïdi a décidé de soutenir BCE au 2e tour, ainsi que le parti Al Massar qui a appelé à faire ainsi “face aux courants réactionnaires et aux ligues de la violence et du terrorisme” —d’ailleurs aujourd’hui même, le local de Béji Caïed Essebsi a été vandalisé à Douz !—. De même l’ex-candiat Ali Chourabi s’est rallié à BCE, ainsi que le Parti de la 3e voix “de Salah Chouaïeb, tandis qu’évidemment Wafa s’est rallié à Marzouki. Un autre ralliement qui risque d’avoir un certain retentissement dans le Bassin minier est celui du syndicaliste Adnane Hajji, le héros de la lutte des travailleurs depuis l’époque de ben Ali et nouvel élu du peuple il appelle ses camarades à voter pour Béji Caïd Essebsi…

 

Jeudi 27 : à force de zapper chaque soir sur les divers plateaux TV, je comprends mieux —sans les approuver— les jeunes qui boycottent les élections parce qu’ils ne se retrouvent pas dans ces querelles bizantines de “vieux” qui se font des reproches remontant parfois à 60 ans, en déformant souvent ce qui s’est passé. Ce qu’ils voudraient, c’est qu’on parle de l’avenir (le leur), qu’ils puissent décrypter qui, de Marzouki ou de Caïd Essebsi, est le mieux placé pour développer le pays, amener des investisseurs étrangers tout en facilitant l’activité des industriels locaux, pour ouvrir la Tunisie sur le modernité etc. Or, ce qu’ils voient, c’est que, même si le Président provisoire lance des appels au calme, à l’union entre les diverses régions du pays, relayé par les dirigeants d’Ennahdha, il y a “des gens” qui déforment les paroles de Béji Caïd Essebsi pour soulever les gouvernorats du sud comme vient de le prouver ce qui s’est passé aujourd’hui à Medenine sous l’impulsion du CPR et de ses agitateurs des Ligues de protection de la Révolution (LPR) ?.

En attendant, premier à le faire et confiant en son avenir, Nidaa Tounes vient de désigner l’élu qui sera le président de son groupe parlementaire à l’Assemblée du Peuple, il s’agit de Mohamed Fadhel Ben Omrane, un avocat de 51 ans, né à Douz, élu de la circonsription de Kebili. Afek Tounès a annoncé de son côté qu’il se prépare à annoncer la naissance de son groupe parlementaire qui comptera au moins 12 membres (ses 8 députés + des indépendants).

 

Samedi 29 : c’est sur Al Jezeera que Moncef Marzouki a lancé un appel au secours à l’ensemble de la classe politique en Tunisie. Il a déclaré entre autres “Vous ne pouvez pas être neutres, vous devez choisir”, s’adressant en particulier à Ghannouchi qui a, une fois de plus, “appelé ses troupes à une totale neutralité”. On sait ce qu’il en est en vérité !

Alors que l’UGTT, la LTDH, l’UTICA, l’Ordre des avocats appellent la population au calme et les deux candidats à la Présidence et leurs éleveurs” à éviter les discours de haine et de division”, poursuivant en cela les recommandations du Dialogue national, Al Jezeera —encore elle— “prévoit” que “des manifestations contre Béji Caïd Essebsi éclateront dans le sud tunisien”. Est-ce une prévision ou un encouragement ? Tout juste si la chaîne qatari n’envisage pas d’envoyer des troupes pour rétablir le calme dans notre malheureuse République menacée par les impies et les mécréants.

Kamel Toujani, porte-parole de l’ISIE, conscient du problème, posé par la coïncidence entre les vacances et congés de fin d’année et de la date du deuxième tour de la Présidentielle, avait annoncé le 24/11 sur Express FM, que le second tour pourrait être avancé au 14 ou au 21/12 si un nombre important de recours devant le Tribunal administratif ne gênait pas cette modification (la date-limite étant le 28/11 au soir). Il s’agissait surtout de faciliter le travail de contrôle de milliers de contrôleurs étrangers désireux de rentrer chez eux pour les fêtes. Or, alors qu’aucun recours n’avait été déposé, Moncef Marzouki a déposé pas moins de huit recours dans l’après-midi du 28 ! Si le TA ne statue pas assez vite, la date du scrutin ne pourra pas être avancée et les opérations risquent d’être moins bien contrôlées, ouvrant la porte à des réclamations sans fin, et même à des truquages qui ne pourront être décelés. Tel est le bout recherché… à l’ISIE de la faire échouer.

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana