Gaspillage d’eau dans un pays de stress hydrique !

Avons-nous le droit de gaspiller de l’eau, une source de vie précieuse qui plus est, dans un pays de stress hydrique avec les 2/3 du territoire quasi-désertique ?

Non certes, mais d’abord il convient de faire certains constats consternants alors que nous sommes en train de fêter la Journée mondiale de l’eau ces derniers jours.

Multiplication des piscines privées qui sont des gouffres de déperdition d’eau, alors que la SONEDE déplore 250 MD de factures impayées.

Les canalisations de transport d’eau, propriété et gestion de la SONEDE, ayant vieilli, sont loin d’être étanches. On évalue la déperdition d’eau à 30%, ce qui est beaucoup.

70% de notre consommation d’eau va à l’agriculture, où l’on estime le gaspillage d’eau d’irrigation à 30%, à cause de la persistance de la méthode d’inondation par planche au lieu du goutte à goutte, outre le transport d’eau par séguias en terre au lieu des canalisations.

On continue à laver les voitures à l’eau courante et à grande eau : une grande perte, alors que deux seaux suffisent.

Il faut savoir que les trois défis majeurs de l’avenir dans le monde sont la maîtrise de l’eau, l’approvisionnement en énergie, ainsi que l’auto-suffisance alimentaire.

La maîtrise de l’eau nous impose d’équilibrer notre consommation d’eau avec nos ressources renouvelables en eau. Le seuil de pauvreté en eau se situe au niveau mondial à 1000 mètres cubes par habitant et par an, alors qu’en Tunisie c’est 479 m3, c’est pourquoi on dit, pays de stress hydrique.

Il y a lieu de remarquer que notre pays dispose de 35 barrages construits pour mobiliser les eaux de ruissellement dans le but de les stocker en prévision des années de sécheresse.

C’est pourquoi, les coupures d’eau sont rares et provisoires dans notre pays, Dieu merci. Le volume d’eau actuellement en stock dans nos barrages selon le ministère de l’Agriculture est de 1191 millions de m3, ce qui nous permet de faire face à notre consommation nationale pendant deux ans. A titre d’exemple le barrage-réservoir de Sidi Salem dispose d’un volume de 425 millions de m3.

Quelle stratégie pour économiser l’eau et ménager l’avenir en matière de disponibilité d’eau ?

Il y a d’abord la poursuite du programme de mobilisation des eaux de surface par la construction de nouveaux barrages : 5 sont actuellement en construction. L’objectif consiste à parvenir à un taux de mobilisation des eaux d’écoulement en surface de 95% à l’horizon 2020, ce taux est actuellement de 92%.

Le défaillance majeure dans ce domaine consiste dans le comblement plus rapide des bassins réservoirs par les boues et dépôts charriés par l’écoulement des eaux de pluie sur les bassins versants des barrages, faute d’avoir aménagé sur les pentes, des murettes pour la rétention des dépôts.

Cela réduit la capacité de stockage des réservoirs et à terme, engendre l’inutilisation du barrage.

Il y a là, urgence pour entreprendre des travaux de rétention des eaux et des sols par le ministère de l’Agriculture.

Il y a le transfert des eaux du Nord du pays, qui est le véritable château d’eau de la Tunisie, grâce à la pluviométrie élevée et au relief montagneux vers le sahel et le centre du pays, dont le doublement du canal Oued Medjera-Cap Bon, destiné à sauver l’agrumiculture dans la région.

L’Etat est contraint de procéder à des sondages profonds et coûteux dans certaines régions du pays, au Centre et au Sud, où il n’y a pas d’eau de surface à collecter et à exploiter.

Le recours à des méthodes non traditionnelles d’utilisation des eaux potables a été déjà engagé par la construction en cours de stations de désalinisation de l’eau de mer ou des eaux saumâtres. C’est ainsi que la station de Djerba sera bientôt achevée, tandis que celle de Zarrat est en cours de construction. .

Une importante station est également prévue à Sfax, car la pénurie d’eau commence à se profiler dans le Sud tunisien.

Il faut dire que la SONEDE consent de gros investissements pour renforcer les infrastructures nécessaires à l’approvisionnement des centres urbains. C’est ainsi que 103 millions de dinars seront consacrés au stockage et au transport d’eau vers 32 agglomérations situées dans 19 gouvernorats et bénéficieront à 2,7 millions d’habitants, 81 autres millions de dinars seront destinés aux mêmes investissements dans douze autres gouvernorats.

Une stratégie de rationalisation de la consommation d’eau s’avère urgente et nécessaire pour réduire le gaspillage et les déperditions d’eau surtout en agriculture et dans les ménages. La SONEDE envisage de mener une campagne intensive pour sensibiliser les citoyens dans ce but, en commençant par les élèves dans les écoles : une véritable culture de l’économie d’eau doit être instaurée parmi la population.

Dans le secteur agricole, il faut dire que des réalisations remarquables ont été faites dans les périmètres irrigués : sur 430.000 ha irrigués, 388.000 ont bénéficié d’équipements d’économie d’eau, selon les services techniques du ministère.

46% ont été équipés selon des tuyaux appelés goutte à goutte et 25% selon le système de l’arrosage par aspersion.

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