Gaza et Nouméa

Le boucher de Tel Aviv ne reconnaît aucun droit mais désormais, il encourt le risque de comparaître devant la Cour pénale internationale s’il venait à voyager.
Les deux adversaires avaient des raisons pour contester la condamnation, en même temps, du Hamas et d’Israël. Insinuer une réciprocité de perspectives entre la résistance à l’occupation du territoire palestinien et l’intervention de l’envahisseur israélien ne mène à rien. Cependant, pareil dédale dévoile une situation paradoxale. En effet, la Palestine a ratifié l’adhésion à la CPI. Pour Israël et l’Amérique, tel n’est pas le cas. Les trois leaders de la résistance populaire seraient donc arrêtés s’ils voyageaient, mais les organisateurs de l’opération génocidaire pourraient, sans pépins, aller rendre visite à leur parrain. Prévoyants, ces deux larrons refusèrent la participation à la CPI dès son institution, pour mieux assassiner sans jamais rien risquer. Dès lors, comment la mise en présence de l’institution judiciaire et de l’arbitraire imposé par les plus puissantes armées de la terre est-elle possible ou crédible ? Par son étrangeté, pareille incompatibilité oriente vers le caché tant l’interrogation est au principe de l’investigation.
Malgré son invincible armada, Poutine peut, certes, aller admirer la Muraille de Chine, mais il ne saurait, sans courber l’échine, goûter au plaisir de circuler, à pied, aux abords des Champs-Elysées.
Sans vergogne, Blinken, furieux, juge le mandat d’arrêt signifié à Netanyahu « honteux ». Ce point de vue, tendancieux, scandaleux et crapuleux, exhibe le marqueur d’un monde obligé de marcher sur sa tête, si bête. Par sa critique de l’idéalisme hégélien, Marx tenait à remettre la cogitation sur ses pieds. Voilà pourquoi l’Amérique du Nord, citadelle du terrorisme débridé, serait mieux inspirée d’observer la façon dont le monde entier commence à changer. Car voici venu le moment où il est question d’extirper les racines de l’esprit colon.
Pour Macron, il s’agit d’abord de « rétablir l’ordre » à Nouméa, ensuite on verra !
Hélas, il n’y a pas d’après à Saint-Germain-des-Prés. Pour Netanyahu, il s’agit aussi, de pacifier Gaza, ensuite on verra comment la phagocyter en entier. Les colons fredonnent la même chanson chère aux frelons. Ici et là, les cerbères priorisent la solution militaire. Envahir la terre pour Israël et chiper le nickel pour la France déploient une même insolence.
Tel Aviv chercherait à encore moderniser les pays normalisateurs et Paris, civilisatrice des canaques, organise  le même cérémonial où les indignés perçoivent un gigantesque scandale. Dans ces conditions, il ne s’agit plus d’analogie entre Gaza et Nouméa mais il est bien question d’homologie. Netanyahu expédie sur le front libano-gazaoui ses réservistes et Macron renforce les effectifs militaires dépêchés, d’urgence, vers l’insurrection malaisée à mater. Le 22 mai, Macron rejoint, dare-dare, sa lointaine colonie tant le nickel vaut bien le détour et même un bref séjour. Le 22 juin, l’arrestation, à Paris, de leaders indépendantistes canaques attise, encore davantage, le rejet de l’occupant abhorré.
Au même instant, au Kremlin, la mine renfrognée de Poutine incrimine le soutien exhibé par le gouvernement français aux assassins israéliens. La colère estudiantine vitupère, aussi, le racisme des crétins. Quelques-uns, tel Dominique de Villepin, refusent, bel et bien, de hurler avec les loups au moment où Gaza et Nouméa mènent le même combat. Avec l’indépendance, on ne badine pas. Namoutou ! Que faire si l’Algérie algérienne tord le cou à l’Algérie française ? Maintenant, Macron, un peu trop sollicité, rate les honneurs donnés aux pénitenciers de Rouen et court vers Nouméa où les colons, démoralisés, baissent les bras face aux énormes dégâts provoqués, à juste titre, par les émeutiers.
Pour ce piteux locataire du quai d’Orsay, plus question d’avoir la paix, ni locale, ni internationale.
Il n’y a guère d’éternité pour le colonialisme condamné à décamper. A vouloir tout garder, les sinistres héritiers ne savent plus raison garder.
« Race de Caïn, cœur qui brûle / Prends garde à ces grands appétits », avertit le poète maudit.

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