Comme pour le Liban, l’entité sioniste se réserve le droit de frapper quand elle le jugera nécessaire, ou plutôt quand bon lui semblera. La trêve à Gaza que les Gazaouis ont été privés par les responsables extrémistes de l’entité sioniste de célébrer, sera provisoire tant que le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahu sera aux commandes. C’est une trêve mais certainement pas la fin de la guerre, la Palestine est toujours occupée, sous embargo, et les Palestiniens sont toujours en quête d’indépendance, de liberté, de leurs droits élémentaires et d’un Etat libre et indépendant. La Tunisie salue le « cessez-le-feu » mais exige la reddition des comptes pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par l’armée israélienne sous les ordres de l’extrême droite sioniste.
Par Yasmine arabi
Depuis l’entrée en vigueur du « cessez-le-feu » dimanche dernier, les images transmises par les quelques chaînes arabes qui n’ont pas cessé de parler du génocide perpétré à Gaza, ont montré l’ampleur des dégâts matériels à l’issue de 15 mois de guerre israélienne immorale et celle de la destruction de la ville au point que d’aucuns s’interrogent sur ce que sera désormais la vie des Gazaouis. Certes, les bombardements ont cessé, les drones d’espionnage se sont quelque peu éloignés, les habitants de Gaza peuvent circuler dans les rues dévastées de la ville sans craindre d’être la cible de drones ou de frappes aériennes de l’aviation israélienne, mais la vie a déserté la ville. Gaza, c’est l’apocalypse. On ne peut même pas parler de conditions de vie difficiles parce que tous les attributs d’une vie humaine digne y ont été tués.
Dès les premières heures de l’entrée en vigueur de la trêve, des vagues de déplacés tentaient de retrouver leurs anciennes demeures. En vain. Les chiffres officiels évoquent la destruction de 70% du bâti. Ils durent se résigner à se poser sur leurs décombres, certains espérant trouver des traces des cadavres de leurs proches sous les ruines. Du côté des passages frontaliers de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza, et Nitzana, à la frontière entre l’Égypte et Israël, les premiers camions transportant les aides humanitaires internationales commençaient à entrer à Gaza sans qu’aucune information soit divulguée sur la manière dont seront distribuées ces aides et par qui. « Une opération compliquée », s’accorde-t-on à dire. Une chose est sûre, en dépit du blocus et de la famine utilisée comme arme de guerre par l’armée israélienne, les Gazaouis n’ont pas pris d’assaut les premiers camions arrivés. Finalement, la tentative de Netanyahu et de ses ministres d’extrême droite, Ben Gvir et Smotrich, de tuer les Gazaouis à petit feu par la faim et la soif a eu l’effet contraire : les Palestiniens ont appris à patienter dans la dignité.
Netanyahu promet de poursuivre la guerre
Cependant, dans tous les médias, le sujet prépondérant de cette journée historique du 19 janvier 2025, marquant la fin d’une étape inédite de la guerre des Israéliens et de leurs alliés contre la petite enclave de Gaza, reste l’échange des prisonniers entre Israël et le Hamas. Les autorités de l’occupation sioniste parlent d’un accord de trêve imposé « pour libérer des otages », sans plus, promettant qu’une fois les otages libérés, l’entité sioniste reprendra sa guerre contre Gaza. Par vengeance, sans doute, pour n’avoir pas pu libérer leurs prisonniers par la voie militaire, et par dépit, sûrement, pour tenter de réaliser les objectifs militaires annoncés au lendemain de l’attaque du 7 octobre 2023, à savoir l’extermination de Hamas et l’expropriation des territoires après l’expulsion des Gazaouis hors de Gaza. Des objectifs que le gouvernement extrémiste sioniste n’entend pas céder, son premier ministre, Benjamin Netanyahu et son gouvernement extrémiste promettant de reprendre la guerre une fois tous les otages libérés, parce que « les Israéliens et Israël ne connaîtront jamais la paix et la sécurité tant que le Hamas dirigera Gaza », croient-ils. Douze heures avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, Netanyahu déclarait dans une allocution télévisée que la trêve est temporaire et qu’il se réserve le droit de poursuivre les combats si nécessaire, certifiant qu’il avait le soutien du président américain Donald Trump. Ce n’est pas celui-ci, le 47e président des Etats-Unis fraîchement élu qui a imposé cette trêve à Netanyahu, qui le démentira puisque la veille du cessez-le-feu, il assurait, à son tour, lors d’une interview accordée au média américain NBC News avoir dit à Netanyahu : « Nous voulons que cela se termine, mais continuez à faire ce qui doit être fait ». Quelques jours auparavant, Trump déclarait, également, qu’il veillerait à ce qu’il ne reste aucun « terroriste » à Gaza. Le répit des Gazaouis risque donc de ne pas durer longtemps. La trêve prévoit trois périodes, la première devant durer 42 jours, ponctuées de vagues de libération d’otages contre des prisonniers palestiniens dont certains sont condamnés à perpétuité qu’Israël rechigne à libérer.
Selon l’accord de cessez-le-feu, au cours de la première période, 33 otages israéliens doivent être libérés en échange de 737 détenus palestiniens. Le premier jour de cette première période, trois jeunes femmes « en bonne santé » ont été remises par Kataeb El Kassem aux membres de la Croix-Rouge internationale. Les détails des deux autres étapes restent à négocier. L’accord prévoit, aussi, l’entrée de 600 camions d’aides internationales par jour dans la bande de Gaza, dont 50 de carburant. Si l’accord est mené à terme, ce sont 1890 prisonniers palestiniens qui seront libérés par l’entité sioniste. Au terme de cette trêve, l’accord préconise que tous les otages seront libérés, les dépouilles des otages décédés en captivité restituées, les forces israéliennes auront quitté Gaza et la reconstruction de Gaza pourra débuter. Une paix plus ou moins durable pourrait alors être envisagée. Le respect de l’accord de trêve sera surveillé par le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis.
Israël a accepté l’accord mais d’aucuns ne croient pas qu’il soit respecté, contrairement au Hamas dont le porte-parole, Abou Oubaïda, a engagé la responsabilité du mouvement dans le respect total de l’accord. Ce n’est pas le cas d’Israël. L’exemple du Liban, le plus récent, est une preuve que l’entité sioniste ne respecte pas ses engagements, étant donné que des centaines de violations du cessez-le-feu signé avec le Liban ont été constatées depuis son entrée en vigueur le 27 novembre 2024. De même que l’armée israélienne qui devait se retirer des terres libanaises dans un délai de 60 jours y est encore fortement présente à quelques jours de la fin du délai. Ce 19 janvier, le ministère de la Santé à Gaza a livré les chiffres officiels sans doute provisoires de cette guerre de 471 jours, soit 47.000 martyrs et plus de 110.000 blessés depuis le 7 octobre 2023, sans compter les près de 10.000 disparus sous les décombres, les milliers de détenus, les assassinats de trois cents journalistes et des centaines de médecins, de personnels paramédicaux et de membres palestiniens du personnel de l’UNRWA.
Comment reconstruire Gaza ?
Après quinze mois de guerre dévastatrice, la bande de Gaza fait face à présent à un défi majeur : la reconstruction. Inscrite dans la troisième et dernière étape de l’accord de trêve, la reconstruction de Gaza ne sera pas aisée, elle nécessitera d’importants financements et des années pour tout refaire : reconstruction des logements, réhabilitation de l’infrastructure de base, des institutions publiques, le rétablissement de l’eau, de l’électricité, du système de santé, de l’éducation, des bâtiments industriels et commerciaux. Le coût des dommages causés aux infrastructures est estimé à 18,5 milliards de dollars, selon un rapport publié par la Banque mondiale en avril 2024. Un mois plus tard, en mai 2024, les Nations unies revoient ce chiffre à la hausse, évaluant le coût entre 30 et 40 milliards de dollars. « L’ampleur de la destruction est énorme et sans précédent… C’est une situation à laquelle la communauté internationale n’a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale », avait déclaré Abdallah Al-Dardari, sous-secrétaire général de l’ONU, lors d’une conférence de presse.
Huit mois plus tard, ce chiffre aura besoin d’être revu à la hausse encore une fois. A Gaza, tout est à refaire. Qui s’en portera volontaire ? La question sera-t-elle examinée en juin 2025, date fixée pour la tenue d’une conférence internationale autour de la question de la création d’un Etat palestinien, organisée par la France et l’Arabie saoudite ? Il faut l’espérer. La création d’un Etat palestinien est une des conditions incontournables que le royaume saoudien brandit depuis des années avant de s’engager dans une normalisation avec Israël. La solution à deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité est la revendication de tous les pays arabes normalisés et ceux qui n’ont pas encore établi de relations avec l’entité sioniste, ainsi qu’une majorité écrasante de la communauté internationale qui a exprimé plus d’une fois son adhésion à la solution des deux Etats au sein de l’Assemblée nationale des Nations unies. Il s’agit donc d’une affaire à suivre et en attendant, la Tunisie s’est félicitée de la conclusion de l’accord de cessez-le-feu à Gaza et appelle les défenseurs des droits humains et de la justice internationale à ne pas occulter leur responsabilité de poursuivre les criminels de guerre qui ont perpétré un génocide à Gaza et qui sont reconnus coupables par la CPI. La Tunisie appelle aussi la communauté internationale à assumer sa responsabilité pour mettre fin aux souffrances des Palestiniens et à œuvrer pour la création d’un Etat palestinien libre et indépendant.