L’accusation fut adressée par l’ONU à Israël, après les bombes larguées sur les réfugiés.
Depuis, le débat contradictoire ne cesse d’enfler autour de cette qualification controversée. Pour trancher ce nœud gordien, il s’agirait d’explorer les critères et l’attitude génocidaires. Celle-ci apparaît, sans façon, chez Ariel Sharon. Deux peuples revendiquent le même territoire, l’un doit donc chasser l’autre.
A sa manière caricaturale, Plantu essayait d’éluder la réaction des uns et des autres. Quant aux critères, ils pointent vers l’élimination d’un peuple.
Autrement dit, pour définir l’acte génocidaire, quelques massacres ne suffiraient guère. Israël établit un lien historique entre son pouvoir, son existence et sa croyance. Pour cette raison, le marquage d’habitations par l’étoile de David répercute ce mélange des genres. Selon certains, les présumés coupables seraient les pro-Palestiniens. Mais si, jadis, la faute fut à Voltaire, maintenant, par l’entremise de Moldaves, c’est la faute à Poutine. Cependant, l’onde de choc secoue le monde et le terrorisme infligé aux Gazaouis unit chiites et sunnites.
Par son extension à l’échelle planétaire, la réaction contre la guerre d’extermination menée par l’armée israélienne tend à déplacer la force pour sa mise au service de la justice. Le droit palestinien reçoit l’appui de la puissance populaire exprimée à l’échelle de la terre presque entière.
Le discours de Nasrallah cligne vers cela et contrevient au paradigme de la permanente opposition instaurée entre la force et le droit. L’inchangé n’existe pas. Parfois, l’armée régulière vacille face à la guérilla. En outre, l’implosion de la colère et de l’indignation mondiales devant l’extermination des Gazaouis, inspire aux Occidentaux la dénonciation de l’antisémitisme. Le racisme coule d’une source, la Torah dite éternelle, et de son incidence culturelle sur les catégories de pensée criminelles. Au nom de la religion, il est question de massacrer, coloniser, déporter.
La création d’Israël démarre avec une légitimation cultuelle. Yahvé prescrivait l’extermination, par les juifs, des sept populations implantées, alors, en Palestine.
L’archéologie du racisme remonte aux monothéismes et à leurs guerres de religion. Aujourd’hui, la conflagration à Gaza dévoile un clivage survenu entre les populations et leurs dirigeants acquis à la normalisation. La fureur gronde au Maroc, en Égypte et en Jordanie où le colon israélien tire à bout portant sur le Palestinien. Des pays, dont la Bolivie, décident la rupture avec l’Etat-colon. Sourde à ces voies, la direction israélienne exhibe la détermination de sa prétendue invincible armada. Le discours de Nasrallah réplique à tout cela. D’une part, à court terme, il serait risqué de réagir contre l’armée israélienne chapeautée par l’armée américaine. Pour les États-Unis, l’Etat-colon permet de semer la zizanie au Moyen-Orient et, de cette manière, d’accéder à la manne pétrolière. Le second apport, capital, désigne l’Amérique en tant qu’adversaire principal et porte l’accent sur l’ample ressentiment éprouvé face au terrorisme israélo-américain. Pour Nietzsche, le ressentiment source les civilisations. Ni l’hôpital, ni l’ambulance, ni l’école n’échappent à la férocité sanguinaire. A moyen terme, l’indignation peut motiver l’organisation de la réaction. Et à long terme ce procès guiderait vers la mise en œuvre d’une puissance apte à piéger le gendarme du monde. Dans ces conditions, la retenue tactique anticipe la perspective stratégique. Pour cette raison, celle de la progression, le discours de Nasrallah fleure un parfum léninien. Les hommes d’action découvrent le même filon. L’Iran, la Russie, la Chine, la Corée du Nord et le Yemen apportent leur contribution à cette orientation. Déjà, Blinken appréhende l’extension apte à chatouiller la rengaine de l’hégémonie américaine.
Par sa teneur politique, le propos de Nasrallah dévoile, à son large auditoire local, national, régional et mondial une duplicité fondamentale. Les Etats-Unis paraissent chercher à calmer le jeu à l’instant même où ils attisent le feu. D’une part, ils dissuadent les opposés aux carnages israéliens et de l’autre, ils délivrent un blanc-seing aux génocidaires ayant le « droit de se défendre ». Maintenant et depuis le 7 octobre, chacun peut observer le vent tourner.
Au vu de ce virage, un ministre israélien prescrit de larguer une bombe nucléaire sur Gaza.
Farfelu, ce mot donne à voir le marqueur de la crispation généralisée. Américains et Français conseillent aux Israéliens d’épargner les civils à tort bombardés. Outrée par ce reproche « insensé », l’armée israélienne vise et détruit, à Gaza, les deux centres culturels français.
Macron demande « des explications » et feint de les ignorer. La moindre position prise contre les carnages perpétués rend suspect.
Mélenchon refuse de hurler avec les loups et il devient, aussitôt, le « porte-voix du Hamas en France ». Au cœur de la transformation actuelle délibèrent les cerbères de la manière génocidaire. Certes, avec son propos tenu sur la bombe nucléaire, le ministre du patrimoine a tout l’air d’arborer des oreilles d’âne.
Il reprend le mot dit par Saint Bernard de Clairvaux : « La meilleure solution est de les tuer ». Israël détient Dimona édifiée par les Français. Hassen Nasrallah le sait. Il faut donc patienter. Quand l’Iran aura, peut-être, sa bombe, le dirigeant de Hezbollah pourra dire, comme Poutine : « Maintenant, ils vont nous écouter ». Quand la force viendra conforter le droit, pourrait advenir la solution à deux États. Pour l’instant, l’Amérique exhibe ses bâtiments de guerre nucléaires, mais sa remise en cause politique, élargie à maints pays, semble prendre de vitesse la puissance militaire. VS go home !
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