Génocide à Gaza-Acte II : La gêne des Arabes

« Il faut faire vite avec le Hamas, évitez-moi la gêne ». Selon une rumeur qui a circulé sur le réseau social X, un dirigeant arabe aurait fait cette demande au premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avant la reprise des bombardements sur Gaza.

Les autorités politiques israéliennes ont cette (bonne) habitude de dévoiler, après coup, tous les échanges, déplacements ou accords avec les dirigeants arabes qui, de leur côté, cultivent le secret et le silence, par rapport à leurs opinions publiques, sur tout ce qui concerne leurs relations avec l’entité sioniste. Qui pourrait être ce dirigeant, pressé de voir la destruction de la résistance palestinienne pour ne pas être gêné par l’ampleur du désastre ? La liste des supposés auteurs de cette recommandation est longue, mais les plus en vue, et pour cause, font partie de la short list des « normalisés » ou en cours de normalisation avec l’entité sioniste.
La gêne évoquée par le premier ministre israélien est liée au nombre scandaleux et historiquement inédit des civils tués, en majorité des enfants et des femmes (700 recensés en 24 heures, le 2 décembre, près de 16000 depuis le 7 octobre), ciblés par les avions militaires israéliens, dans leurs maisons, dans les hôpitaux, dans les écoles de l’Unrwa (l’office de secours des Nations unies pour les réfugiés de Palestine) transformées en centres de refuge ou sur le chemin de l’exode d’une ville à l’autre ou d’une province à l’autre. Le génocide décidé par le gouvernement extrémiste de Benjamin Netanyahu et perpétré par l’armée israélienne ne laisse plus de place au doute. L’épuration ethnique dénoncée par les institutions onusiennes dès le premier acte de cette sale guerre de Tsahal contre Gaza, avant la trêve, est désormais méthodiquement et volontairement menée en rasant toute la bande de Gaza du Nord au Sud, d’Est en Ouest, ne laissant aucun endroit sûr pour les familles civiles errantes et désorientées par des tracts soi-disant d’orientation, mais trompeurs, de l’armée israélienne. La gêne des Etats arabes est celle de ne pas porter un véritable secours à leurs frères palestiniens, de ne pas alléger leurs souffrances, de ne pas œuvrer à lever le blocus qui sévit depuis 17 ans, de ne pas tout faire pour faire cesser le feu durablement, de ne pas imposer l’ouverture du passage de Rafah pour faire passer les camions acheminant les aides internationales, de ne pas chercher une solution juste et durable à la cause palestinienne et d’avoir même essayé de l’enterrer par le biais des « Accords d’Abraham».

 « Je mens donc j’existe »
Devant la complexité et la difficulté du combat militaire sur le champ de bataille, le mensonge est l’autre arme que les dirigeants israéliens, Netanyahu en tête, utilisent, sans modération, pour préserver leur image et pour se maintenir en poste, tandis que les tensions et les divergences de vues divisent la société israélienne, dont une partie revendique la démission du premier ministre. Pour Israël, la devise est sans conteste : « je mens donc j’existe ». Ils ont menti sur le 7 octobre 2023, le journal israélien Haaretz ayant publié la vérité, celle qui est sortie d’une enquête policière et qui dit que  l’armée israélienne a tiré sur le tas le 7 octobre dernier pour éliminer les assaillants du Hamas, tuant en même temps des civils israéliens. Mensonge sur la raison qui a poussé le cabinet de guerre israélien à décider la fin de la trêve et à reprendre les bombardements intenses, anarchiques et barbares sur Gaza. Selon ce dernier, Hamas n’aurait pas respecté les termes de l’accord concernant les échanges d’otages contre des prisonniers, ce que le mouvement palestinien dément. Il s’agirait des deux derniers otages israéliens d’origine russe relâchés en aparté pour des raisons logistiques et dont Tel Aviv ne tient pas compte. Les Israéliens d’origine russe auraient-ils été considérés comme des étrangers ne faisant pas partie des Israéliens d’origine américaine ou européenne lors des négociations sur la trêve qui ont été supervisées par le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis d’Amérique ? Des mensonges également sur la torture dans les prisons israéliennes. Israël dément les accusations portées à son encontre par les détenus libérés dans le cadre de la trêve, des témoignages poignants d’enfants et de jeunes femmes qui racontent les violences du personnel pénitentiaire, les sévices physiques et psychiques, le manque de nourriture, de soins, etc. Un enfant de 14 ans faisant partie des détenus libérés a été violenté une semaine avant sa libération, il a eu les deux bras et les doigts fracturés, il est sorti de prison sans avoir reçu le moindre soin. Pour toute réaction, les dirigeants politiques israéliens dénoncent une manipulation. Tel Aviv nie tout en bloc alors qu’au même moment, les forces de l’ordre sioniste semaient la terreur en Cisjordanie occupée, des incursions meurtrières dans des camps de réfugiés, des exécutions de jeunes Palestiniens devant leurs proches, des enfants désarmés pris pour cible par des snipers…Les caméras de surveillance et les portables des témoins immortalisent des multitudes de scènes d’horreur, « pour ne pas oublier ». Les Israéliens renient même les chiffres des civils palestiniens tués. « Les autorités sanitaires du Hamas gonflent les chiffres », prétendent-ils. Ils nient le bombardement de l’hôpital Al Maamadya et accusent Hamas avant de cibler d’autres hôpitaux (Al Shifa, Al Indounisi…) et mentent sur les quantités d’aides acheminées vers la bande de Gaza à travers le passage frontalier de Rafah.
Israël ment parce qu’il n’a pas d’arguments pour défendre le régime d’Apartheid qui est le sien, parce que ses anciens plans machiavéliques visant l’extermination des Palestiniens et la déportation des survivants vers le Sinaï égyptien pour les Gazaouis et vers la Jordanie pour ceux de la Cisjordanie occupée, sont connus et étalés aujourd’hui, après le 7 octobre 2023, au grand jour et assumés par les ministres extrémistes du gouvernement Netanyahu.

Kassem, Saraya Al Qods, seuls contre tous
L’un des principaux objectifs affichés de Netanyahu et de son cabinet de guerre, c’est la destruction du Hamas. Or, Hamas c’est Gaza. Hamas est un esprit et non pas des éléments armés. Les gens du Hamas sont parmi les leurs, leurs familles, leurs proches, ils sont chez eux. Détruire les membres du mouvement de résistance islamiste ne peut se produire que si l’armée israélienne détruit la population de Gaza. Ce qu’elle est exactement en train de faire avec des bombardements encore plus massifs qu’avant la semaine de trêve en cernant Gaza par mer, terre et air et en ne laissant aucune chance aux civils, aux femmes et enfants, de se réfugier des bombes et des obus.
L’entité sioniste mène une guerre territoriale et envisage à terme de s’approprier Gaza et la Cisjordanie occupée. Le processus a déjà commencé implicitement depuis longtemps avec l’extension croissante des colonies en Cisjordanie et les restrictions imposées aux Palestiniens pour ce qui concerne l’accès à la mosquée d’Al Aqsa, sans oublier les provocations et exactions des colons soutenus par les forces de l’ordre. Dans une récente interview accordée à une chaîne de télévision occidentale, Netanyahu s’est prononcé sans détours sur la normalisation avec l’Arabie saoudite et sur la création d’un Etat palestinien. Il dit en substance que la normalisation avec le royaume est capitale pour Israël mais qu’en échange, il ne lui concèdera rien et qu’il n’autorisera jamais la création d’un Etat palestinien. « Nous avons la suprématie militaire dans notre région et dans la leur, cela doit durer… ». Les pays arabes qui ont normalisé avec Israël et qui ont prétendu l’avoir fait pour aider à résoudre la question de la cause palestinienne devront changer de discours, la réponse claire et nette de Netanyahu, et sans doute celle de millions d’Israéliens, étant un cinglant démenti. Les Palestiniens le savent, ils l’ont toujours compris, ce pourquoi ils sont fiers de leurs combattants résistants du Hamas et des autres factions qui, seuls, affrontent l’occupant dans une guerre féroce et asymétrique. Le peuple palestinien soutient « sa résistance » malgré les tueries, les milliers de tués, les enfants déchiquetés par les bombes, le nombre de blessés et de disparus, les maisons démolies, parce qu’ils ont été abandonnés à leur triste sort par la communauté internationale et particulièrement par les dirigeants arabes. Seuls, les hommes du Hamas (Kassem) et des autres factions (Saraya Al Qods…) ont réussi à faire renaître la cause palestinienne de ses cendres et seuls, ils mènent la guerre contre les sionistes pour défendre la liberté et la dignité des Palestiniens et leurs terres. Ils ont fait redécouvrir aux Palestiniens la joie quand ils ont fait libérer leurs enfants des prisons israéliennes, ils ont lavé leur affront en lançant des salves de roquettes sur Tel Aviv et revigoré leur estime de soi quand ils ont donné aux Israéliens une leçon d’éthique en prenant soin des otages. La libération des otages a été des moments de glorification de leurs héros qui, en maître des lieux, ont diffusé des images de personnes humaines capables de tenir des négociations difficiles et de respecter leurs engagements. Les gens du Hamas ne sont pas des terroristes pour leurs proches, pour les hommes libres et pour le monde juste. Ce sont des guerriers, des sauveurs, contre un occupant génocidaire que personne n’ose condamner et arrêter. Seul Hamas a eu le courage de montrer au monde entier la barbarie d’Israël et les souffrances inégalées du peuple palestinien, opprimé et oublié par les dépositaires de la protection des droits des peuples et de leur liberté.

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