Pour la communauté musulmane, Ramadan est synonyme de piété, de communion, de solidarité, de fêtes et un festival de saveurs. Cette année, ce mois, saint, est particulièrement empreint de tristesse, de colère, de honte, d’impuissance face à l’horreur à laquelle les Gazaouis sont assignés depuis cinq mois. Chaque Iftar a un goût d’amertume, chaque portion avalée est coupable de trahison envers plus de deux millions d’âmes condamnées, privées de nourriture, d’eau, de soins, d’électricité, d’abris, de logements, prises pour cibles par les soldats sionistes aux points de distribution des quelques aides internationales larguées en parachutes par des avions ou celles qui réussissent à franchir le passage de Rafah en camions.
Israël aura usé de toutes les armes et les méthodes interdites par le droit international et les conventions onusiennes pour gagner la guerre contre le Hamas, y compris la famine généralisée.
L’entité sioniste est accusée de génocide contre la population de Gaza devant la Cour internationale de justice suite à une plainte déposée par l’Afrique du Sud, mais l’Etat hébreu n’en a cure parce qu’il n’est pas le seul coupable. La communauté internationale a signé sa complicité en actant son impuissance à stopper cette guerre de vengeance et en laissant Israël perpétrer l’innommable sans prononcer la moindre condamnation contre l’Etat hébreu ni la moindre sanction pour imposer un cessez-le-feu durable à Gaza, pas même l’expulsion d’un ambassadeur israélien, à l’exception de quelques pays d’Amérique latine et d’Afrique.
Mais la communauté internationale ne sortira pas indemne de ce génocide collectif. Elle devra répondre, pendant longtemps, devant les générations futures, de son forfait qui a créé un grave précédent, celui d’instituer l’injustice et l’inégalité entre les pays et entre les peuples au nom de la loi du plus fort : le « deux poids deux mesures ». Une « loi » qui bafoue tous les principes de démocratie et des droits de l’homme dont les pays occidentaux se sont de tout temps enorgueillis et qu’ils brandissent comme une épée de Damoclès à la face des régimes dictatoriaux. Une loi qui, immanquablement, engage le monde dans une époque d’instabilité, de conflits, de révoltes et toujours plus de morts parmi les populations civiles innocentes qui ne demandent rien d’autre que de vivre dignement et paisiblement. Certains pays ont pris conscience du danger qui menace tous les pays ne faisant pas partie du clan des « suprématistes » occidentaux et ont tiré la sonnette d’alarme. Parmi ces derniers, le Nicaragua qui a engagé une procédure judiciaire devant la Cour internationale de justice contre l’Allemagne pour « complicité de génocide », dont les audiences ont été fixées pour les 8 et 9 avril prochain. L’Allemagne est, en effet, le pays occidental, autre que les Etats-Unis, qui soutient l’entité sioniste, sans limites, dans sa guerre contre Gaza, un soutien politico-militaire suivi d’un acte on ne peut plus lâche, celui de la suspension du financement de l’UNRWA (comme les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, la Finlande, la France, l’Italie) depuis que le gouvernement extrémiste radical de Netanyahu a accusé (sans preuves) 12 employés de l’agence onusienne (sur 13 000 agents) d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023. L’initiative du Nicaragua est si juste que des pays alliés de l’entité sioniste, soucieux soudain de leur réputation et sans doute craignant d’être accusés à leur tour de complicité génocidaire, ont décidé de suspendre leurs livraisons d’armes à Israël tandis que d’autres ont repris leurs financements de l’UNRWA qui a continué à aider les Palestiniens de Gaza en dépit d’une campagne de diabolisation israélienne sans précédent, prônant une supposée complicité de l’agence onusienne avec Hamas. La décision de suspension de l’aide financière accordée à l’UNRWA au moment où les Gazaouis vivent une crise humanitaire chaotique a été vivement critiquée par de nombreux experts du droit international et des leaders politiques à travers le monde.
Les Palestiniens de Gaza sont à bout de force et de leurs souffrances alors qu’ils sont livrés à eux-mêmes, à la famine, aux maladies, à l’extermination, au moment où les négociations indirectes entre le gouvernement de guerre de Netanyahu et Hamas pour un cessez-le-feu piétinent encore. Entre-temps, le nombre de martyrs et de blessés ne cesse d’augmenter sous et au-dessus des décombres et la famine s’étend dans l’enclave détruite par les bombes américaines.
Pour l’entité sioniste et ses alliés, il n’est pas question qu’Israël perde la guerre, une guerre qu’elle ne pourra gagner que quand l’armée sioniste aura éradiqué la résistance palestinienne symbolisée par le mouvement islamiste Hamas. Pour les Palestiniens, le lourd tribut de ce génocide contre Gaza payé par des dizaines de milliers d’enfants, de femmes, de vieillards, de médecins, de journalistes et de jeunes tués par la machine de guerre américano-sioniste, doit aboutir à leur libération du joug de la colonisation sioniste et à la création d’un Etat palestinien. La solution des deux Etats, enterrée sciemment par Israël avec la complicité de certains pays arabes, se présente désormais comme la seule solution pour un retour de la paix au Proche-Orient. Les Etats-Unis semblent s’y résoudre contre la volonté de Netanyahu et d’une partie de l’opinion israélienne, à en croire les déclarations du président Biden. Des pays européens semblent même prêts à franchir le pas vers la reconnaissance d’un Etat palestinien. La grande inconnue est « quand ». La réponse dépendra de trois conditions au moins : la première est un cessez-le-feu durable, ce qui suppose la réussite des deux camps à trouver une issue favorable à cette guerre dévastatrice. La seconde est l’aptitude des Etats-Unis à accepter une solution politique interne palestino-palestinienne, avec la participation de Hamas. La troisième est liée à la capacité des forces politiques palestiniennes à dépasser leurs différends, à s’entendre sur un projet politique et à mettre en place un gouvernement d’union nationale. Le peuple de Gaza mérite cela. Sans oublier les Palestiniens de Cisjordanie occupée, persécutés, assassinés et spoliés par des colons sionistes surarmés et déterminés à chasser les Palestiniens de leurs terres et de leurs maisons pour mettre la main dessus. Quant aux Palestiniens d’Al Qods, ce mois de Ramadan est celui de toutes les frustrations en raison des restrictions imposées par le ministre extrémiste de la sécurité nationale Ben Gvir au niveau de l’accès à la mosquée d’Al Aqsa.
L’atmosphère est tendue et l’explosion n’est jamais bien loin.