GEPACO préfère un partenariat stratégique

Le revirement spectaculaire qui a eu lieu à la Bourse de Tunis durant la 3e semaine du mois de décembre est passé presque inaperçu alors qu’il s’agit d’une première en Tunisie.

En effet, la société GEPACO, après avoir présenté un dossier et obtenu l’agrément du Conseil du Marché Financier pour ouvrir son capital à l’épargne publique et lever des fonds à la Bourse tout en s’introduisant sur le marché alternatif, vient de renoncer à l’opération. Mais pourquoi donc, alors que l’entreprise est saine sur le plan financier, solide sur le plan industriel et en pleine expansion sur le plan commercial ?

Il faut dire que GEPACO est moins connue alors que son enseigne commerciale “Moulin d’Or” est beaucoup plus populaire. En effet avec ses 23 produits mis sur le marché depuis vingt ans “moulin d’or” a fidélisé un million de clients par jour à travers petites et grandes surfaces commerciales.

Il s’agit d’un de nos fleurons de l’agroalimentaire qui a besoin de se développer et partir à la conquête des marchés extérieurs. Pour ce faire, il faut de plus en plus de capitaux et les fonds les moins coûteux sont les participations au capital.

Le fonds d’investissement Abraaj originaire des pays du Golfe avait intégré il y a quelques années “Moulin d’Or” en participant au capital de GEPACO à concurrence de 30%. Un partenaire de taille et prospère qui inspire aux partenaires financiers de GEPACO respect et considération.

Cependant les fonds d’investissement en général recherchent – ce qui est légitime – le profit. Une fois celui-ci acquis, on va chercher ailleurs : un placement plus juteux, un secteur plus rentable ou un pays (plus sécurisant). Il n’y a pas plus volatile et plus instable qu’un fonds d’investissement.

Toujours est-il qu’Abraaj a exprimé le souhait de se désengager et de vendre cash sa participation minoritaire au capital de GEPACO sans constituer pour autant une minorité de blocage.

GEPACO a alors décidé d’entrer en Bourse pour vendre la part de capital détenue par Abraaj, mais aussi, augmenter son capital par appel public à l’épargne. Un dossier est préparé pour entrer en Bourse et présenté au CMF où il obtient l’agrément.

Et c’est justement là que va avoir lieu le coup de théâtre : une multinationale agroalimentaire d’origine allemande Suprem group vient proposer à GEPACO mieux qu’une participation financière, un partenariat stratégique. En effet il y a convergence d’intérêts et d’objectifs entre GEPACO et Suprem Group : mettre à profit le savoir-faire et le positionnement de Suprem en Afrique subsaharienne pour développer l’export des produits agroalimentaires sur les pays africains et pour cela il faut lever les fonds nécessaires.

C’est pourquoi GEPACO a renoncé à entrer en Bourse et a opté pour son alliance avec Suprem qui acquiert ainsi 42% des parts du capital de GEPACO dont les 30% anciennement détenus par Abraaj qui récolte ainsi les fruits de son placement.

42% c’est un associé à part entière avec plusieurs administrateurs au Conseil d’administration et non pas un partenaire minoritaire.

Maintenant quels sont les objectifs de GEPACO et de son partenaire stratégique ?

Il y a là des ambitions légitimes et authentiques. Dans une première étape, les deux associés auraient l’intention d’implanter une usine au Maroc, dont le site présente des facilités logistiques pour exporter sur les pays de l’Afrique de l’Ouest.

Dans une deuxième étape, ce sont les produits fabriqués en Tunisie qui seront exportés sur les différents marchés d’Afrique subsaharienne.

Il y a lieu de remarquer que dans le capital de Suprem Group siège un fonds d’investissement américain.

Ridha Lahmar 

 

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