La Tunisie affronte une conjoncture hydrique sans précédent qui a un effet direct sur sa sécurité alimentaire et son développement économique. Face à cette situation critique, le ministère tunisien de l’Agriculture et la FAO ont lancé le projet Tec-Eau, une initiative qui explore des solutions concrètes pour optimiser les ressources en eau disponibles. Le contexte est alarmant puisque chaque Tunisien dispose annuellement de seulement 420 mètres cubes d’eau, un chiffre bien en deçà du seuil de stress hydrique établi à 1 700 m³ par l’ONU.
Des solutions techniques adaptées au terrain
Le projet examine quatre approches complémentaires pour répondre à la pénurie d’eau. La première consiste à appliquer des films monomoléculaires sur les surfaces des barrages afin de réduire l’évaporation, phénomène qui prive le pays de millions de mètres cubes d’eau chaque année. Parallèlement, des panneaux solaires flottants sont testés sur les retenues d’eau, combinant ainsi production d’énergie et limitation des pertes par évaporation. Une troisième piste explore l’ensemencement des nuages, technique visant à augmenter les précipitations dans les régions les plus touchées par la sécheresse. Enfin, la construction de barrages souterrains pourrait permettre de mieux capter et stocker les eaux de pluie dans les nappes phréatiques, particulièrement dans les zones arides du sud du pays.
Un défi national aux implications internationales
La situation hydrique tunisienne appelle des mesures immédiates car elle impacte directement l’agriculture, secteur qui consomme 70% des ressources en eau du pays. Hamadi Habaieb, secrétaire d’État au ministère de l’Agriculture, souligne que ces technologies représentent une nécessité vitale plutôt qu’une simple option. La FAO, par la voix de son représentant en Tunisie Mohamed Amrani, confirme son engagement à soutenir ces initiatives qui pourraient servir de référence à d’autres pays confrontés à des défis similaires. Les résultats des tests en cours seront déterminants pour envisager un déploiement à plus grande échelle dès 2025.
Entre recherche scientifique et coopération internationale, le projet Tec-Eau illustre la complexité de la gestion hydrique dans un contexte de changement climatique. Alors que les ressources en eau ont diminué de 30% au cours des trois dernières décennies, la Tunisie se trouve confrontée à un choix crucial : trouver des solutions durables ou faire face à des pénuries encore plus sévères dans les années à venir. Les prochains mois seront décisifs pour évaluer l’efficacité des technologies testées et leur capacité à répondre à l’urgence hydrique que connaît le pays.