Gestion de l’eau: Quelle stratégie de rationalisation ?

Notre pays connaît la troisième année consécutive de sécheresse relative, qui se solde par un déficit entre les besoins de consommation d’eau et les réserves d’eau disponibles dans les réservoirs des barrages.
Cette pénurie d’eau va engendrer, durant cet été, des perturbations dans l’alimentation du réseau de distribution d’eau potable à la population assuré par la SONEDE, mais aussi des quotas d’eau à répartir entre les différents périmètres irrigués publics de chaque région, au grand désespoir des paysans.
Le déficit est évalué par les services du ministère de l’Agriculture à 700 millions de mètres cube d’eau sur un total de besoin de 1,7 M m3.
Il faut dire que la pluviométrie n’a pas été généreuse depuis trois ans, outre une répartition annuelle peu compatible avec les besoins du cycle végétatif des céréales en rapport avec le réchauffement climatique.
Ministère de l’Agriculture et SONEDE déploient leurs efforts pour alléger l’impact de cette pénurie d’eau, notamment au cours de la saison estivale qui commence alors que la haute saison touristique s’annonce prometteuse.
Il y a lieu de remarquer que la disponibilité d’eau dans les différentes régions du pays n’est pas uniquement une question de volume stocké dans des barrages-réservoirs ici ou là, mais c’est aussi et surtout un problème de gestion de l’eau.
En effet, dans l’extrême-Nord, les barrages souffrent d’un excès d’eau qui oblige de temps à autre d’ouvrir les vannes pour des raisons de sécurité des barrages alors qu’au Cap Bon, dans le Centre et à Sfax, il y a pénurie.
C’est pourquoi la SONEDE a entrepris la réalisation cette année de 88 forages profonds qui sont déjà achevés ou sur le point de l’être, destinés à servir d’appoint et raccordés au réseau de distribution d’eau potable.
Le barrage de Nebhana est presque à sec. Dans le Sud, il n’y aura pas de problèmes majeurs, car la station de dessalement d’eau de mer de Djerba est entrée en activité.
Force est de reconnaître qu’à moyen terme, le ministère de l’Agriculture poursuit la réalisation des grands projets hydrauliques, dont la construction de grands barrages-réservoirs pour lesquels des financements ont été programmés, tels le barrage de Saïda dont l’appel d’offres va être lancé incessamment, le nouveau barrage du haut Mellègue en cours de réalisation, outre la construction de la nouvelle station de dessalement de l’eau de mer de Sousse en cours de travaux.
Il faut dire que malgré l’existence d’un réseau dense de grands barrages au nombre de 38 dont le dernier, celui de Sejenane a été inauguré récemment par le Chef du gouvernement, qui sont le fruit de deux plans décennaux de réalisations hydrauliques de grande ampleur, il y a encore des volumes d’eau de ruissellement importants non encore mobilisés et exploités pour l’eau potable. Outre l’impératif de protéger les récoltes, les installations humaines et les populations contre des inondations dévastatrices.
Certes, des dizaines de barrages collinaires ont été aménagés mais il s’agit dans ce cas d’alimenter la nappe phréatique exploitée par les cultivateurs à travers les puits de surface pour irriguer leurs cultures et non utilisés par les pouvoirs publics pour distribuer l’eau potable à la population à travers le réseau de la SONEDE.
Il faut avouer que le réseau de distribution de la SONEDE a beaucoup vieilli, car dans certaines villes, il approche le demi-siècle et comporte des fuites évaluées à 30%, ce qui engendre des pertes énormes.
Les techniciens affirment intervenir 150 fois quotidiennement pour réparer les pannes et les accidents survenus sur le réseau.
Les actions de rénovation, raccordement, électrification des forages et maintenance des stations de pompage en 2018, soit 161 actions, absorbent un volume d’investissement de 150 MD.
Mais elles sont insuffisantes, car la SONEDE a des difficultés financières avec 312 MD de factures impayées surtout par des institutions étatiques.
Cependant, nous n’avons pas constaté à ce jour l’émergence d’une stratégie de communication performante de la part de la SONEDE destinée à promouvoir l’économie et la rationalisation de la consommation d’eau.
La sensibilisation des citoyens par des spots TV, des messages radio, un affichage urbain, ainsi que des prospectus à distribuer, pourrait avoir un impact réel.
Des mesures simples recommandées aux citoyens, aux touristes et aux agriculteurs peuvent nous épargner les coupures et les perturbations de l’alimentation en eau cet été dans différentes régions du pays. Comme à titre indicatif, éviter de laver les maisons et les voitures à grande eau, ne pas vidanger les piscines privées très souvent, ne pas arroser les jardins durant la journée, pratiquer l’irrigation des cultures après le coucher du soleil, privilégier les douches rapides au lieu de prendre des bains prolongés, avoir recours aux cycles économiques en utilisant les machines à laver et le lave-vaisselle…
Outre le recours aux eaux usées et recyclées qui s’impose pour arroser les parcs des hôtels et les parcours de golf.

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