Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a publié une analyse détaillée de la situation environnementale en Tunisie à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Les données présentées mettent en lumière les difficultés persistantes du pays en matière de gestion des déchets et leurs conséquences multiples.
Conséquences sanitaires, agricoles et économiques
Le territoire tunisien compte seulement 13 décharges contrôlées, dont quatre ne sont plus en activité, pour une capacité totale de 1,8 million de tonnes. Cette capacité apparaît inadaptée face aux 3.200 décharges non autorisées répertoriées. La production annuelle de déchets ménagers atteint 3,3 millions de tonnes, avec un taux de recyclage qui ne dépasse pas 4%. Le Grand Tunis génère 13% du total national, ce qui correspond à environ 1 kg de déchets par habitant chaque jour. Les régions de Sfax et Nabeul produisent respectivement 247 mille et 257 mille tonnes de déchets par an.
Les conséquences de cette situation se manifestent dans plusieurs domaines. Les données de l’Organisation mondiale de la santé indiquent que la pollution atmosphérique serait liée à 6 mille décès prématurés chaque année en Tunisie. Le système de santé supporte des coûts estimés à 500 millions de dinars annuels pour traiter les pathologies associées. Le secteur agricole a enregistré une baisse de 15% de sa production au cours des dix dernières années en raison de la dégradation des sols et des ressources en eau. Par ailleurs, 38,1% des ménages ne sont pas raccordés aux réseaux d’assainissement, ce qui concerne environ 4,5 millions de personnes, principalement en zones rurales.
Anticipations et recommandations
Le FTDES souligne la nécessité de réformer en profondeur le cadre législatif et les systèmes de gestion des déchets. L’organisation mentionne particulièrement les difficultés liées aux déchets médicaux, dont la production atteint 18 mille tonnes par an, dont 8 mille tonnes de déchets dangereux. L’usine de traitement de Jradou étant inactive, 12 mille tonnes de déchets médicaux seraient éliminées dans des conditions non conformes. Le Forum insiste sur l’importance d’appliquer strictement la législation existante, notamment la loi n°35-2018 sur la responsabilité sociale des entreprises, et de développer des solutions alternatives comme le recyclage. Ces mesures apparaissent d’autant plus nécessaires que les objectifs de développement durable imposent une amélioration rapide des performances environnementales du pays.
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