Ghannouchi, Bhiri ou Harouni: qui a tué ennahdha ?

Ennahdha se meurt, nous sentons bien que ce mouvement est arrivé au bout de quelque chose, probablement d’un cycle historique du parti.
Le mouvement a en effet été détruit et les destructeurs ne sont ni le PDL ni les autres, ce sont les Nahdhaouis eux-mêmes, les mêmes têtes qui l’on fait, à savoir Ghannouchi, Bhiri et Harouni, il n’est pas d’autre vérité à constater. Contemplons le spectacle des derniers jours pour nous en convaincre.
Le mouvement n’est plus un club auquel on s’est habitué depuis qu’il est là, mais est depuis un bon moment un ciné-club pour amateurs de vieux films rayés et pourtant on s’attendait après tant d’année de pouvoir à un peu plus de maturité et de savoir faire.

Ce n’est pas la fin d’Ennahdha qui s’annonce, mais Celle du parti de Ghannouchi
Ennahdha d’aujourd’hui est décédée et personne ou presque, n’ose le dire, mais tout le monde ou presque le sait, sauf que l’histoire nous apprend qu’en politique les idées meurent toujours plus vite que les organisations supposées les incarner.
En 2011 la stratégie du printemps arabe porte ses fruits et le mouvement devient à partir de ce moment, le premier parti et tous les autres ont été réduits à l’état de force d’appoint plus ou moins docile, pour Ennahdha en effet le chemin entre la cité Montplaisir et la Kasbah et surtout entre Montplasir et le Bardo aura été très court.
En devenant le parti du pouvoir Ennahdha a réussit à gagner l’attachement des électeurs à son programme de société pourtant bien confus pour ne pas dire inexistant mais surtout à son rôle historiquement important dans la destinée socio-politique du pays, conjugué avec une fragmentation des autres partis, Ennahdha devient avec le temps et le pouvoir un parti dont la pratique politique se normalise.
Aujourd’hui le parti voit diminuer son nombre d’élus et fuir ses électeurs qui n’existent plus comme socle politique sur lequel le parti peut bâtir un rapport de force avec les autres.
Pire encore, les divisions entre nahdhaouis s’étalent quotidiennement depuis quelques années au vu et au su de tous, au point que l’on se demande chaque jour un peu plus si ce parti survivra encore.
Sur le plan stratégique, la longue absence de réflexion doctrinale du parti et l’évitement pendant des années de toute clarification d’orientation politique a obligé les nahdhaouis à réaliser celle-ci alors même qu’ils gouvernent, ce qui a provoqué une déstabilisation durable de l’idée même d’autorité.
Ennahdha perd un à un tous les pouvoirs qu’il avait conquis en dix ans et il ne reste plus grand chose aujourd’hui de ce parti et le peu qui subsiste sera vite emporté par les prochaines défaites électorales qui s’annoncent et le bilan humain sera lourd. Pourtant les signaux de ce bouleversement étaient nombreux et clairs mais ils auront été ignorés jusqu’au bout et la prise de conscience du phénomène a été trop tardive.
Les temps durs qui s’annoncent pour les nahdhaouis seront en effet longs, et rudes.
Cette fois-ci il ne devrait pas y avoir de miracle. Plusieurs indices sérieux et concordants, laissent à penser qu’Ennahdha ne se remettra plus de cette dérouillée.

Ce qui leur reste toujours, c’est de se taire
Inutile de chercher les causes du décès : empoisonnement, éparpillement façon puzzle, qu’importe, le mal est fait il est inutile aussi de chercher l’assassin non plus…
Le parti Ennahdha tel qu’on l’a connu, force majeure et structurante du paysage politique est mort, parce qu’il a été dépassé et Rached Ghannouchi, avec sa pratique chaotique du pouvoir, est fini et pour toujours.
Je pense que Rached Ghannouchi, au fond de lui-même, sent qu’il est le premier responsable avec son duo Bhiri et Harouni, qui ne parlent que pour prouver qu’ils devraient se taire, mais il a construit un précepte qui lui permet de s’en sortir et ce comme quoi ce sont les autres qui ont tout fait pour le trahir.
Il faut dire que presque tous les partis islamistes dans les démocraties contemporaines ont eu une énorme difficulté à réussir en politique.
En effet le pouvoir pour le pouvoir n’a pas de sens.

*M.K Architecte

 

 

 

 

 

 

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana