« Nous avons été choqués par le choix du Maroc de normaliser les liens avec Israël« . C’est ce qu’a assuré le président du Parlement et chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi relevant que le Maroc est sorti de l’unanimité arabe concernant cette question.
Dans une interview accordée au journal « Assabah » publiée dans son numéro paru ce vendredi 18 décembre 2020, Ghannouchi a affirmé que la Tunisie rejette la normalisation à l’unanimité officielle et populaire et appuiera les droits légitimes du peuple palestinien.
« Nous jugeons que ce sera plus judicieux à présent de travailler sur la consolidations des relations fraternelles entre les pays du Maghreb arabe qui souffrent encore de l’échec du projet de l’unité maghrébine. Notre région a plutôt besoin des réconciliations historiques et de la complémentarité entre les peuples et pays du Maghreb arabe et non pas d’attiser davantage les conflits« , relève Ghannouchi.
Pour rappel, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi avait assuré que la normalisation avec Israël n’était pas une question à l’ordre du jour indiquant qu’il n’a pas été approché par l’administration américaine dans ce sens.
Il avait, par ailleurs, assuré que le Maroc avait opté librement pour cette normalisation soulignant que la Tunisie respectait le choix du pays frère tant aimé, selon ses dires.
Il convient de signaler que le Maroc a rejoint la liste des pays arabes ayant normalisé leurs liens avec Israël. L’annonce a été faite par le président sortant des États-Unis, Donald Trump, dans la soirée du 10 décembre 2020.
Notons qu’Ennahdha avait vivement dénoncé, en août dernier, la décision des Emirats arabes unis de normaliser ses relations avec Israël considérant que cela constituait une violation des droits du peuple palestinien et un appui à l’occupation sioniste.
Le parti islamiste avait, ainsi, réitéré son soutien au peuple palestinien appelant la diplomatie tunisienne pro-palestinienne à prendre position contre cette infraction.
Ennahdha a, par ailleurs, exprimé sa disposition à coordonner avec les partis politiques et organisations nationales pour condamner la position émiratie et y faire face.
Ennahdha, ami proche de la Turquie, avait, cependant, fait la sourde oreille à l’accord de réconciliation établi, en août 2016, entre le gouvernement turc et Israël. Un accord en vertu duquel les deux anciens alliés régionaux avaient officiellement normalisé leurs relations après six ans de brouille diplomatique suite à l’assaut, par l’armée israélienne, d’un navire ayant coûté la vie à dix militants turcs, en 2010, au large de Gaza en Palestine.
Du côté tunisien, il convient de rappeler que le chef de l’Etat, Kaïs Saïed est un fervent défenseur de la cause palestinienne. Un aspect qu’il avait, d’ailleurs, dévoilé lors de sa « campagne électorale » de la présidentielle de 2019.
De surcroît, il s’est vivement opposé au « Deal du siècle » annoncé le 28 janvier 2020, par le président américain Donald Trump et censé apporter des solutions concrètes au conflit israélo-palestinien.
Le président de la République a réitéré, à maintes reprises, sa position quant à la normalisation avec Israël la qualifiant de « haute trahison ».
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