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Dans un entretien accordé au site Arabi 21, le président du mouvement Ennahdha et de l’assemblée des représentants du peuple gelé, Rached Ghannouchi déplore l’absence de toute voie de communication avec le président de la République Kaïs Saïed depuis le 25 juillet dernier contact
« Malgré nos efforts continus, nous n’avons pas réussi à rétablir le contact, mais nous ne cesserons jamais de déployer les efforts pour y parvenir. Nous gardons l’espoir que tous les acteurs politiques, forces sociales et personnalités se réuniront pour lancer un dialogue national et des consultations sous la tutelle du président de la République à la recherche des meilleures voies de sortie de la crise. Nous n’avons au fond pas d’autre choix ni d’autre alternative que la persévérance et la patience face aux contraintes du moment et de la nature de la situation jusqu’à ce que chacun soit convaincu de l’utilité du dialogue. »
* »Un acte anticonstitutionnel »
Le chef du mouvement islamiste a, par ailleurs, exprimé le souhait que le président de la République revienne sur les mesures exceptionnelles qu’il avait prises le 25 juillet dernier, estimant que le fonctionnement de l’Etat ne pourrait être rétabli en l’absence d’un gouvernement légitime et sur fond de gel des travaux du parlement.
Estimant que « dissoudre l’ARP et abolir la Constitution constituent un acte anticonstitutionnel », Ghannouchi ajoute: « Nous ne pensons pas que le président de la République abolira une Constitution par le biais de laquelle il a atteint son statut actuel après avoir juré de la respecter. Nous espérons au demeurant que les choses ne vont pas aller vers l’escalade. »
Sur un autre plan, le président d’Ennahdha a souligné que « l’interdiction de voyager imposée à un certain nombre de députés et d’hommes d’affaires, ainsi que l’imposition de l’assignation à résidence constituent une violation des libertés et des droits garantis par la Constitution et toutes les chartes et lois internationales », expliquant que la meilleure façon de faire face à la question de la corruption consiste à la confier à la justice tunisienne à l’abri des influences et directives politiques et ce dans le cadre de la séparation des pouvoirs.
* »Attaché à la règle de l’alternance »
« Il ne fait aucun doute qu’Ennahdha porte une part des responsabilités de ce que la situation est devenue dans le pays, si l’on tient compte de son poids, de la place qu’elle occupe et de son rôle, a-t-il reconnu. Il n’en demeure pas moins que sa part de responsabilités a été exagérée au prix d’accusations excessives. Car réduire tous les problèmes du pays dans la décennie qui a suivi la révolution au mouvement Ennahdha est injuste ».
Concernant son avenir à la tête du mouvement islamiste, Ghannouchi a martelé qu’il ne s’agit pas pour lui de démissionner, mais plutôt de respecter une alternance et d’un passage de témoin stipulés par les statuts du parti.
« A plusieurs reprises, j’ai rappelé mon attachement à cette règle de l’alternance. Quoiqu’il en soit, le onzième Congrès offrira l’occasion d’un renouvellement du leadership », a-t-il conclu.
H.A.