Le gouvernement a approuvé jeudi un projet de loi controversé autorisant la banque centrale à financer le Trésor. La décision, qui vise à financer le déficit budgétaire, a suscité des inquiétudes quant à l’indépendance de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Le projet de loi prévoit que la banque centrale pourra accorder des prêts au Trésor, à des taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché. Cette mesure permettra au gouvernement de réduire sa dette publique, mais elle pourrait également conduire à une inflation plus élevée.
Une éventuelle mise sous tutelle de la BCT?
En Tunisie, la banque centrale est une institution indépendante du gouvernement. Elle est chargée de la politique monétaire, qui consiste à contrôler la quantité d’argent en circulation dans l’économie. Le gouvernement tunisien a un déficit budgétaire, ce qui signifie qu’il dépense plus d’argent qu’il ne perçoit. Pour financer ce déficit, le gouvernement doit emprunter de l’argent.
Traditionnellement, le gouvernement tunisien empruntait de l’argent auprès des banques commerciales ou sur les marchés financiers internationaux. Néanmoins, ces sources de financement sont devenues plus difficiles d’accès ces dernières années, en raison de la crise économique et de la détérioration de la situation financière de la Tunisie. Pour pallier ce problème, le gouvernement a décidé de demander à la banque centrale de financer le déficit budgétaire. Cela signifie que la banque centrale va acheter des bons du Trésor, des titres de dette émis par le gouvernement.
Le dilemme de la BCT
La décision est controversée, car elle pourrait avoir des conséquences négatives sur l’économie tunisienne. En effet, si la banque centrale finance trop le déficit budgétaire, cela pourrait entraîner une augmentation de l’inflation. L’inflation est une hausse des prix, qui peut appauvrir les ménages et les entreprises. De plus, l’augmentation de la liquidité dans l’économie pourrait conduire à une hausse du taux de change du dinar tunisien. Cela rendrait les importations plus chères, ce qui pourrait encore aggraver l’inflation. Enfin, la perte d’indépendance de la banque centrale pourrait compromettre sa capacité à mener une politique monétaire efficace.
Des mises en garde contre les risques d’une telle décision ont été formulées par le gouverneur de la l’organe émetteur, Marouane Abassi. Il a notamment souligné que cela pourrait entraîner une inflation galopante et une dépréciation de la monnaie tunisienne. Marouane Abassi, a également prévenu des risques d’une telle décision. Au demeurant, cela pourrait entraîner une inflation à trois chiffres et une situation similaire à celle du Venezuela, qui traverse une conjoncture plus tendue que celle du Liban.
Des choix risqués en perspective
Si l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) approuve le projet de loi, la banque centrale se retrouvera dans une situation délicate. L’institution émettrice devra en effet trouver un moyen de financer les bons du Trésor sans compromettre sa stabilité financière. Une solution possible serait d’augmenter les taux d’intérêt. Cependant, cela pourrait entraîner une hausse du coût de la vie et une baisse de la demande intérieure. Une autre solution serait de réduire la masse monétaire. Toujours est-il que cela pourrait entraîner une contraction de l’économie et une augmentation du chômage. La banque centrale tunisienne se trouvera donc face à un dilemme. Elle devra choisir entre deux options qui sont toutes deux risquées.
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