Gouvernement Chahed 2: les élus soufflent le chaud et le froid

La session extraordinaire de l’ARP consacrée au vote de confiance pour les nouveaux membres du gouvernement se poursuit et risque de se terminer tard dans la soirée vu le nombre de demandes de prise de parole.
La séance a commencé par la déclaration du chef du gouvernement dans laquelle il a mis l’accent sur les priorités de la deuxième version de son gouvernement d’union nationale.
Youssef Chahed a, à l’occasion, annoncé la création du titre 3 dans le budget de l’Etat.
Le chef du gouvernement a justifié cela en soulignant que « depuis l’indépendance, la Tunisie s’est basée sur la consolidation du développement à travers l’investissement public financé par le budget de l’Etat, connu par « le titre 2 ». Aujourd’hui, cela ne suffit plus et  il faut une approche plus large permettant de fournir des investissements plus importants durant les 3 prochaines années ». Il ajoutera que  dans le cadre de notre nouvelle vision du modèle de développement, » nous mettrons des moyens au profit de la création de la richesse et des postes d’emploi tout en préservant les droits des générations futures « .
Youssef Chahed indiquera, également, que le gouvernement est parvenu à identifier des investissements d’une valeur globale de 5200 MDT qui peuvent être réalisés, durant les 3 prochaines années, sous forme de projets de partenariat entre le secteur public et privé (PPP).
Parole a été donnée ensuite aus élus de la nation.

Sahbi Atig: Ennahdha soutiendra le gouvernement
Le député du mouvement Ennahdha, Sahbi Atig a affirmé que le gouvernement aurait dû penser à mettre en place un plan économique global avant de procéder au remaniement ministériel. Selon lui, les portefeuilles ministériels devaient être distribués selon un réel plan d’action national mis en place en coordination avec les différentes forces politiques et composantes de la société civile dans l’objectif de trouver des solutions adéquates aux différents dossiers brûlants à l’instar de l’augmentation du taux de chômage, de la baisse du taux de croissance, et de la chute du dinar tunisien …
En ce qui concerne la guerre contre la corruption, Sahbi Atig a affirmé que la corruption règne toujours en maître dans plusieurs hautes structures de l’Etat. Il a dans ce contexte appelé Youssef Chahed a donner plus de crédibilité à cette guerre que son parti soutient inconditionnellement. D’après lui, cette guerre doit être déclarée à tous les corrompus sans exception. « Nous détenons des dossiers prouvant l’implication de plusieurs responsables au sein de diverses structures de l’Etat dans des affaires de corruption. Des mesures rigoureuses doivent être prises à l’encontre de ces corrompus sans exception. Des parties politiques se cachent derrière des hommes politiques corrompus et des soupçons de corruption tournent autour des parties au pouvoir », a-t-il lancé.
Par ailleurs, Sahbi Atig a affirmé que certains partis politiques monopolisent les nominations au sein du gouvernement. Toutefois il a réaffirmé le soutien de son parti au gouvernement de Youssef Chahed.

 Khemaies Ksila, (Tunisie d’abord) ; Un programme économique clair est nécessaire
Khemaïes Ksila est l’un des premiers députés à être intervenu suite au discours du Chef du gouvernement Youssef Chahed. Le député de Tounes Awalan considère qu’aucun pas sérieux n’a été franchi pour instaurer la transition économique en Tunisie. « Aucun programme clair n’est encore disponible. Il y a nécessité d’une conférence globale axée sur les réformes économiques et sociales. Le programme doit être axé sur les régions intérieures« , explique-t-il.

 Mbarka Aouania, (Front Populaire): « On vous demande de tenir vos promesses »
La députée du Front Populaire, Mbarka Aouania, s’est interrogée sur les critères de choix des nouveaux ministres du gouvernement d’union nationale. « Nous avons entendu les mêmes engagements prononcés dans les précédents discours du Chef du gouvernement. Aujourd’hui, on entend également des promesses de mesures douloureuses qui ne feront qu’affaiblir les citoyens », affirme-t-elle.
La frontiste appelle également à reconsidérer le dossier des personnes fichées. « On vous demande de tenir vos promesses », dit-elle encore à l’adresse du Chef du gouvernement. Mbarka Aouania critique, par ailleurs, la campagne de lutte contre la corruption, en s’interrogeant sur ses motifs. « S’agit-il d’un simple règlement de comptes ? ». La députée frontiste poursuit en affirmant que les régions intérieures ont été marginalisées par les gouvernements successifs. « Ces régions ne vous pardonneront pas ! », dit-elle encore.

 Karim Helali, (Afek Tounes): des réserves sur certains noms
« 10 gouvernements se sont succédé depuis 2011 et 4 depuis 2014 », commence Karim Helali, député d’Afek Tounes, qui considère que cette instabilité politique envoie des signaux négatifs. Il ne cache pas son espoir de voir, néanmoins, l’actuel gouvernement faire la différence. « Nous avons des réserves sur certains noms. Nous espérons, par ailleurs, que Ridha Chalghoum, ministre des Finances, parviendra à mettre en place les réformes nécessaires », explique-t-il encore.
Karim Helali déclare, par la suite, que le nouveau gouvernement bénéficiera de la confiance du bloc Afek Tounes qui espère que l’équipe gouvernementale réussira à remettre le pays sur les bons rails.

Noureddine Ben Achour, (UPL): s’armer d’audace
« Vivons-nous dans un État de Droit », s’interroge, de son côté le député de l’UPL Noureddine Ben Achour, qui déclare que 25 citoyens actifs dans la contrebande figurent parmi les plus fortunés en Tunisie. « Les propriétés de l’État sont violées et c’est sans oublier le blocage de la production des phosphates », dit-il pour souligner l’absence de l’État de Droit.
Le député considère que le gouvernement Habib Essid manquait d’audace malgré ses compétences, chose qu’il souhaite voir disparaître avec l’équipe Chahed 2. « Il existe des dossiers épineux qu’il faut traiter. Il faut protéger les ministres pour qu’ils puissent les traiter sans la pression de certains syndicalistes ou partis politiques », ajoute-t-il encore.

  Maher Medhioub appelle au soutien des tunisiens résidents à Doha
Lors de son intervention Maher Medhioub a affirmé que le chef du gouvernement Youssef Chahed a fait preuve de compétence et d’efficacité malgré une conjoncture assez difficile sur tous les plans, économique, social, politique etc. Il a dans ce contexte réaffirmé le soutien inconditionnel de son parti à la nouvelle composition du gouvernement. Il a ajouté que l’ensemble des noms proposés avaient fait preuve de compétence y compris Ridha Chalghoum et Hatem Ben Salem qui avaient servi le pays sous le règne de Ben Ali. Il a appelé à l’exclusion du principe de division affirmant que les tunisiens sont tous égaux aux yeux de la Constitution.
Par ailleurs, Maher Medhioub a appelé le chef du gouvernement à soutenir davantage les tunisiens se trouvant actuellement à Doha vivant dans des conditions assez difficiles.

Noomen Al Ich : « ce gouvernement ne manque que Ben Ali, A. Abdallah et A. Kalal »
Lors de son intervention, le député du courant démocratique Noomen Al Ich, a affirmé que la nouvelle composition d’un gouvernement de l’union nationale a connu un retour en force des symboles de l’ancien régime. Il a ajouté que ce nouveau gouvernement manque uniquement Ben ALi, Abdelwaheb
Abdallahe et Abdallah Kallal.

chafik ayadi (fp) : « le gouvernement est sous le joug du FMI »
« Vous êtes comme un chef cuisinier dans un restaurant », déclare le député du FP, Chafik Ayadi, à l’adresse du Chef du gouvernement Youssef Chahed. Un Chef qui, selon le frontiste, ne prépare qu’un seul plat dont les tunisiens se sont lassés. « Vous portez la responsabilité de vos échecs politiques sur les tunisiens », lance encore le député.
Sur le plan économique, Chafik Ayadi considère inconcevable d’affirmer que la masse salariale constitue l’origine du mal. « Ces salariés nourrissent leurs familles. Après la révolution, les gros ventres ont tout emporté avec eux ! », dit-il. Plus encore : le député souligne que le gouvernement est sous le joug du Fonds Monétaire International (FMI). « Vous n’êtes pas capable de satisfaire les revendications des tunisiens. Vous n’êtes pas capables, non plus, d’avouer que vous allez appliquer tout ce que le FMI vous ordonnera », ajoute-t-il encore.

La déception de Tebbini
et Abbou
Ce n’est un secret pour personne, le remaniement ministériel opéré par le chef du gouvernement Youssef Chahed ne fait pas que des heureux. Nombreuses personnalités politiques ont manifesté leur mécontentement, et parmi eux figure Samira Abbou et Fayçal Tebbin. « Comment peut-on poursuivre une guerre contre la corruption avec des ministres issus de l’ancien régime ? » fut la question posée par la député du Courant Démocratique au chef du gouvernement lors de la séance plénière dédiée au vote de confiance pour la nouvelle composition gouvernementale. Samia Abbou a dénoncé certains choix de Youssef Chahed, notamment les nouvelles désignations à la tête du ministère de l’Intérieur et du ministère de Défense. Selon elle, les exploits sécuritaires réalisés n’expliquent point les changements à la tête de ces deux ministères. Pour sa part, Fayçal Tebbini, député à l’Assemblée des représentants du peuple, a souligné l’échec cuisant de certains ministres, qui, malgré leur rendement pathétique font toujours partie du gouvernement Youssef Chahed. Pour lui, le ministre de l’Agriculture Samir Taieb aurait du être remplacé. « Le sens de la responsabilité est inexistant… Nous sommes en train de jouer là » a-t-il déploré.

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