Gouvernement Essid : le faux départ

Le Chef du gouvernement désigné, Habib Essid a finalement donné naissance à un gouvernement mort-né.  Un gouvernement  dont la composition a été fortement contestée par la majorité de la classe politique. Face à l’impasse, et au risque de ne pas bénéficier de la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Habib Essid se trouve dos au mur. Il aura un délai supplémentaire pour  revoir sa copie et revisiter l’architecture de son gouvernement.

Après l’effet contre-productif de l’annonce du cabinet Essid, les Tunisiens sont contraints de prendre leur mal en patience. Habib Essid est appelé à jouer les prolongations pour revoir la composition de son gouvernement. Un gouvernement qui a du mal à susciter l’adhésion des partis politiques représentés à l’ARP et dont le vote est vital pour bénéficier de la confiance nécessaire pour entamer son travail. La classe politique a qualifié l’équipe de Habib Essid « d’hybride » manquant, surtout, de pluralité et de cohérence.

Il ne s’agit ni d’un  gouvernement d’unité nationale, ni d’une large coalition, ni encore moins d’un gouvernement de technocrates.  Le gouvernement présenté a suscité, dès le  départ, autant de surprises, de déception que de suspicion. Pour plusieurs partis, le pays a besoin, dans cette étape cruciale, d’un gouvernement d’unité nationale, bénéficiant d’un large consensus afin qu’il puisse procéder aux réformes nécessaires, traiter les dossiers sociaux chauds et relancer l’économie. D’où, le refus du mouvement Ennahdha, deuxième  force politique au sein de l’ARP,  de soutenir le gouvernement dans sa composition actuelle. Un gouvernement, qui, faut-il le rappeler, l’a tout simplement exclue.

Fethi Ayadi, président du Conseil de la choura, a été clair à l’issue de la réunion de ce dernier: « Le mouvement a décidé de ne pas accorder sa confiance à ce gouvernement… Le pays a besoin d’un gouvernement d’union nationale, de poursuivre le processus du consensus et de la coopération pour la prochaine étape, pour réaliser de réelles réformes … ». Ennahdha n’était pas le seul à adopter une telle position, loin s’en faut, aussi bien le Front populaire qu’Afek Tounes ont signifié leur refus.  En ajournant le  vote de confiance, l’ARP accorde, une deuxième chance au chef du gouvernement qu’il devrait savoir saisir pour dissiper malentendus et incompréhension. Habib Essid aura un répit  pour entamer de nouvelles négociations avec Ennahdha, Afek, et les autres… à dessein de régler les différends mais, surtout, d’avoir un plus large consensus.

En attendant que les pourparlers aboutissent, Karim Skik, nommé ministre des technologies s’est désisté et a décliné l’offre du chef du gouvernement, à travers un communiqué où, il précise qu’il y a un conflit d’intérêt,  mentionnant  notamment : « Je viens du secteur privé et j’ai des sociétés qui opèrent dans le domaine des TIC. J’ai des contrats en cours avec l’Administration tunisienne, et notamment la Poste, qui dépend directement de «mon» ministère.

J’ai aussi une start-up, que je considère très prometteuse, dans le commerce électronique. Il est probable que c’est même pour cela que mon parcours ait intéressé M. le chef du gouvernement.

Mais puis-je me permettre d’être ministre de tutelle et gagner de l’argent de la Poste tunisienne? Puis-je me permettre d’être ministre de l’Économie numérique et avoir une start-up dans le commerce électronique ? ».

Le bal des négociations a repris avec les partis politiques. Habib Essid réussira-t-il à convaincre là où il a déçu ? Réussira-t-il à  bénéficier d’un consensus plus large et à gagner la confiance de l’ARP ? Il faudra attendre et espérer.

N.F

 

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