Le premier jour de 2020 aura été long, très long même, pour tout le monde, pas seulement pour Habib Jemli, le chef de gouvernement désigné par Ennahdha qui ne sait plus où donner de la tête.
Il l’aura été surtout pour les journalistes qui ont payé la plus grosse facture de cette journée qui s’est terminée par une forte déception.
En effet, c’est un Habib Jemli irrité qui s’était présenté mercredi devant la foule de journalistes mobilisés, pour la plupart toute la journée, dans l’attente de la fameuse conférence de presse de 16h30 qui ne se tiendra, en fait que beaucoup plus tard.
Jemli est apparu exaspéré par l’insistance des représentants des médias à prendre connaissance de la liste des membres choisis pour faire partie du gouvernement. Une exaspération qui cachait mal sa propre déception de ne pouvoir dévoiler le résultat de longues concertations, consultations et négociations avec des partis et des parties qui ne faisaient que s’amuser à retarder l’annonce du nouveau gouvernement pour diverses raisons et des calculs politiciens des plus étriqués.
Le ton utilisé par Jemli lors de son bref discours devant les journalistes confirmait justement cette irritation et cette exaspération du chef de gouvernement désigné. » personne ne m’a posé la question et personne ne m’a demandé quoi que ce soit. C’est ma décision et j’ai choisi de ne pas dévoiler la liste des membres du gouvernement. Il faut arrêter de dire n’importe quoi ». Cela sonnait faux rien que l’énervement mal caché et dans la mesure où il avait déclaré lui-même qu’il allait dévoiler sa liste ce jour-là.
Dans cette déclaration, le chef de gouvernement désigné précisera que c’est dans le cadre du respect de la constitution qu’il avait remis sa liste au président de la république qui se chargera de la transmettre officiellement au président de l’ARP. Là on est réellement dans le délire et amené à s’interroger sur la véracité de cet argument. Et pour cause.
Depuis 2011 tous les chefs de gouvernement avaient dévoilé la composition de leur équipe avant même de passer au parlement. Pourquoi donc aujourd’hui ? Serait-ce la crainte de voir le professeur de droit constitutionnel dénicher une quelconque faille dans la procédure ? La réponse ne viendra pas de Dar Dhiafa. Un communiqué de la présidence précisera, plus tard que la composition du gouvernement devait être dévoilée au cours de la conférence de presse mais que l’on avait préféré poursuivre les consultations. Il y a donc un hic et peut être même un gros. Carthage précisera que la présidence n’est pas concernée par la demande d’un vote de confiance et qu’elle n’a fait que donner son avis sur les deux porte feuilles ministériels qui relèvent de ses prérogatives. Second hic.
Conclusion, on ne nous dit pas tout.
Les blocages persistent et les noms des candidats ministres changent au gré des humeurs de Ghannouchi, Saïed et Jemli qui tente de se faire à l’idée qu’il peut composer librement son équipe… vainement.
Une chose est sûre, le pouvoir actuellement en place a réussi à cultiver l’art de faire patienter … tout le monde, le peuple en premier.
Gouvernement : l’art de faire patienter
Des entrevues Saïed-Jemli à n'en plus finir