Le 1er octobre, la République populaire de Chine fêtera son 74e anniversaire. Au cours des 74 dernières années, le Parti communiste chinois (PCC) a réussi à faire passer le pays de la pauvreté et de la faiblesse à la prospérité et la réussite.
A l’occasion, l’ambassadeur de Chine en Tunisie a livré dans cette interview un état des lieux de la situation économique de son pays, de promouvoir la facilitation de la circulation des personnes, du déficit commercial entre la Chine et la Tunisie, de l’initiative « la ceinture et la route », des Brics et des trois initiatives mondiales proposées par la Chine sur le développement, la sécurité et la civilisation.
Comment voyez-vous la situation économique actuelle en Chine ?
Aujourd’hui, la lenteur de la reprise économique mondiale, combinée à une inflation galopante, à des turbulences financières et à une pression croissante de la dette, pose d’importants défis économiques à tous les pays. La reprise économique de la Chine, après la transition ordonnée et stable vers la nouvelle phase de prévention et de contrôle épidémique, est caractérisée par des progrès ondulants avec des rebondissements. Il faut s’attendre à des défis. Nous ne les évitons jamais. Au contraire, nous les relevons sans hésiter. Les résultats de notre réponse sont déjà visibles ou commencent à l’être.
Le fait est que l’économie chinoise continue de se redresser. Cette reprise se fait généralement sur des bases saines. La Chine reste un moteur important de la croissance économique mondiale. Au cours du premier semestre de cette année, le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a augmenté de 5,5 % en glissement annuel, ce qui est visiblement plus rapide que le taux de croissance de 3 % de l’année dernière, plus élevé que le taux moyen de croissance annuel de 4,5 % au cours des trois années depuis le déclenchement de l’épidémie de COVID-19. C’est l’un des taux les plus élevés parmi les grandes économies. Selon les perspectives économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI) mises à jour le mois dernier, l’économie chinoise devrait croître de 5,2 % et représenter un tiers de la croissance de l’économie mondiale cette année.
Récemment, la Chine a mis en place une série de mesures ciblées et substantielles visant à promouvoir la consommation, à stimuler le secteur privé et à attirer les investissements étrangers. Elles ont été applaudies par les investisseurs nationaux et étrangers. L’économie chinoise bénéficie d’une forte résilience, d’un vaste potentiel et d’un dynamisme robuste, et les fondamentaux qui soutiennent la croissance économique saine de la Chine à long terme restent inchangés. Nous avons la confiance, les conditions et la capacité d’atteindre les objectifs de développement économique et social fixés pour 2023 avec une grande qualité, d’ouvrir des perspectives plus larges pour l’économie chinoise et de rester une source de force pour la reprise et la croissance de l’économie mondiale.
Le 1er octobre, la République populaire de Chine fêtera son 74e anniversaire. Au cours des 74 dernières années, le Parti communiste chinois (PCC) a réussi à faire passer le pays de la pauvreté et de la faiblesse à la prospérité et la réussite. Les aspirations du peuple chinois à une vie meilleure sont, ainsi, concrétisées. Le 20e congrès national du PCC, qui s’est tenu en octobre de l’année dernière a élaboré un plan d’ensemble visant à promouvoir le grand renouveau de la Nation chinoise par le biais d’une modernisation à la chinoise. La Chine adhèrera au principe de la coopération gagnant-gagnant et veillera à promouvoir, sans relâche, une ouverture de haut niveau, apportera plus de certitude au monde grâce à sa stabilité, et offrira de nouvelles opportunités au monde grâce à son nouveau développement.
Nous constatons que la Chine a récemment élargi le cadre des pays et des régions pour les voyages de groupe à l’étranger pour les citoyens chinois afin de promouvoir la facilitation de la circulation des personnes, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Depuis février 2023, la partie chinoise a repris, à titre expérimental, les voyages de groupe à l’étranger pour les citoyens chinois, dont la mise en œuvre globale a été bonne. À l’heure actuelle, les vols internationaux de passagers se poursuivent et la volonté des Chinois de voyager à l’étranger est en hausse. Afin de créer des conditions propices aux déplacements à l’étranger, la Chine a élargi, depuis le 10 août, le cadre des pays et des régions pour les voyages de groupe à l’étranger pour les citoyens chinois, la Tunisie est également sur la liste de ces pays. Les autorités chinoises guideront les entreprises de tourisme pour organiser soigneusement la mise en œuvre. Connue comme la « Perle de la Méditerranée », la Tunisie possède de riches ressources touristiques. Le tourisme est l’un des piliers de l’industrie tunisienne, et la coopération touristique est également un élément important de la coopération concrète entre la Chine et la Tunisie. Nous sommes convaincus que la facilitation des échanges entre les peuples permettra la venue de plus en plus de touristes chinois en Tunisie.
Comment percevez-vous le déficit commercial actuel entre la Chine et la Tunisie ?
La partie chinoise a noté le déséquilibre dans le commerce bilatéral et comprend les préoccupations de la partie tunisienne. Toutefois, il convient de relever que le déficit commercial sino-tunisien est le résultat de la mondialisation économique et de la division du travail dans la chaîne de valeur mondiale. C’est un comportement du marché plutôt qu’un obstacle politique. De fait, la Chine ne cherche pas intentionnellement à obtenir un excédent commercial.
Le marché chinois est ouvert aux produits compétitifs. Ces dernières années, la Chine a invité la partie tunisienne à participer à l’Exposition internationale d’Importation de Shanghai, à l’Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, à l’Exposition Chine-Arabe, etc, dans le but de promouvoir l’exportation de produits tunisiens vers la Chine. Le marché du commerce électronique transfrontalier de la Chine a un important potentiel. La partie tunisienne est également invitée à promouvoir des produits agricoles de haute qualité auprès des consommateurs chinois par l’intermédiaire de plateformes de commerce électronique. À l’avenir, la Chine continuera à promouvoir l’inspection et la quarantaine des marchandises, le « canal vert » et d’autres aspects, afin de faciliter l’exportation des produits tunisiens locaux vers la Chine.
La Chine et la Tunisie devraient accorder plus d’attention au développement du commerce des services tout en développant le commerce des marchandises. Et nous sommes convaincus que l’optimisation de la politique des visas d’entrée de la partie tunisienne et l’arrivée de plus de touristes chinois permettront d’accroître la consommation de produits tunisiens et de générer plus de devises étrangères à travers l’activité touristique.
Cette année marque le 10e anniversaire de l’Initiative « la Ceinture et la Route« , quels résultats ont été obtenus au cours des 10 dernières années ?
En 2013, le président Xi Jinping a proposé pour la première fois l’initiative « la Ceinture et la Route ». Au cours de la dernière décennie, cette initiative est devenue un bien public mondial populaire et une plateforme de coopération internationale. À ce jour, l’Initiative « la Ceinture et la Route » a attiré la participation de plus de 150 pays et de 30 organisations internationales, formé plus de 3000 projets de coopération, stimulé près de mille milliards de dollars américains d’investissements, créé 420 000 emplois dans les pays situés le long de l’itinéraire, sorti près de 40 millions de personnes de la pauvreté, insufflé un fort élan au développement des pays en construction et augmenté efficacement le niveau de vie des habitants de ces pays.
La Chine et la Tunisie ont signé un mémorandum d’entente sur la construction conjointe de « la Ceinture et la Route » en juillet 2018, permettant de mettre en œuvre une coopération fructueuse. Le CHU de SFAX, le Centre sportif et culturel pour la jeunesse de Ben Arous et l’Académie internationale de la diplomatie, réalisés avec l’appui de la Chine, sont devenus de nouveaux points de repère. Les projets de coopération tels que le barrage de Mellègue progressent sans heurts; le projet archéologique conjoint sino-tunisien à Ben Arous est mené de manière ordonnée. Les peuples des deux pays ressentent réellement les fruits de la coopération sino-tunisienne dans le cadre de la construction de « la Ceinture et la Route », ce qui a pleinement démontré l’amitié profonde entre les deux pays.
La Chine organisera la troisième édition du Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale en octobre à Beijing, et la Tunisie sera également représentée à un haut niveau. A cette occasion, la Chine est prête à travailler avec les pays amis, y compris la Tunisie, pour résumer leurs expériences et élaborer un plan directeur pour le développement continu de la construction conjointe de haute qualité de la Ceinture et de la Route.
Toutes les parties attachent une importance à l’expansion de l’organisation des BRICS, et certains estiment qu’elle constitue une menace pour les mécanismes dominés par les pays développés, tels que le G7, et qu’elle remet en cause l’hégémonie des États-Unis. Qu’en pensez-vous ?
Lors du 15e sommet des BRICS du 22 au 24 août, le président Xi Jinping et d’autres dirigeants des BRICS ont décidé d’inviter l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Iran et l’Éthiopie à devenir membres de la famille des BRICS, et d’accueillir d’autres pays en développement désireux et éligibles à devenir des partenaires des BRICS. Il s’agit d’un moment historique dans le développement des BRICS. De nombreux marchés émergents et pays en développement envisagent activement de rejoindre les BRICS, et plus de 20 pays ont présenté leur candidature, ce qui souligne l’attrait et la force d’attraction des BRICS. J’ai noté qu’il y a eu récemment des interprétations négatives selon lesquelles le mécanisme des BRICS deviendrait un « outil de la diplomatie chinoise », que les investissements chinois alimentent la corruption, qu’ils augmentent le fardeau de la dette des pays africains, et même que les pays des BRICS sont qualifiés d' »anti-démocratiques ». Je voudrais clarifier la vérité:
D’abord, cet élargissement est conforme à la tendance historique et à l’aspiration commune des pays en développement. Il est conforme aux attentes de la communauté internationale et aux intérêts communs des pays émergents et des pays en développement. Comme l’a déclaré le président Xi Jinping, les pays des BRICS préconisent et pratiquent depuis toujours une politique étrangère d’indépendance. Nous envisageons les grandes questions internationales selon la réalité des faits et nous nous prononçons pour la justice en paroles comme en actes. Nous ne marchandons jamais nos principes, ne cédons jamais aux pressions extérieures et refusons d’être vassaux de quiconque. Les pays des BRICS partagent une large convergence de vues et des objectifs communs. Quels que soient les changements dans la situation internationale, l’engagement initial pour la coopération et les idéaux communs demeureront inchangés. Dans les relations internationales, la Chine n’a jamais eu l’intention de défier ou de remplacer qui que ce soit, mais elle s’est engagée à faire progresser la multipolarité dans le monde et la démocratisation des relations internationales. Il s’agit de promouvoir le développement du système de gouvernance politique et économique mondial dans une direction plus juste et plus rationnelle, de manière à renforcer davantage les forces de paix et de développement dans le monde. Ces choix guident les efforts conjoints des pays émergents et des pays en voie de développement.
Puis, les BRICS préconisent l’ouverture, l’inclusion et la coopération gagnant-gagnant pour le développement et la prospérité communs, plutôt que la confrontation des blocs. Ils sont fondamentalement différents des « petits cercles » ou des « blocs exclusifs ». Le développement dynamique du mécanisme des BRICS est un élargissement de la plate-forme de coopération Sud-Sud, un coup de pouce à la force de paix, un renforcement du front de la justice internationale et une nouvelle étape importante dans la solidarité et la coopération entre les pays en développement, qui a été accueillie favorablement par la plupart des pays.
En plus, dans sa coopération avec les pays en développement, la Chine a toujours adhéré aux principes d’amitié, de sincérité, de bénéfice mutuel d’inclusivité, de résultats réels, d’affinité et de bonne foi, et n’a jamais interféré dans les affaires intérieures des pays coopérants ni posé de conditions politiques. La communauté internationale le reconnaît depuis longtemps. Les investissements de la Chine en Afrique visent à promouvoir le développement commun de tous les pays, à réduire les déséquilibres en matière de développement et à promouvoir le bien-être du peuple africain. C’est le peuple africain qui a le plus à dire sur la manière d’évaluer cela. Nous espérons que certains pays voient objectivement la coopération de la Chine avec les pays en développement tels que l’Afrique et qu’au lieu de porter des lunettes teintées et de pointer du doigt du haut de leur soi-disant position morale, ils feront, comme la Chine, un travail plus pratique pour les pays en développement.
Ces dernières années, la Chine a présenté trois initiatives mondiales sur le développement, la sécurité et la civilisation, quelles en sont les principales considérations ?
En septembre 2021, le président Xi Jinping a participé à la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Dans un message vidéo, le président de la Chine a proposé une Initiative pour le Développement mondial. En avril 2022, lors de la Conférence annuelle du Forum de Boao pour l’Asie, le Président XI Jinping a proposé l’Initiative pour la Sécurité mondiale. En mars 2023, lors du Dialogue de haut niveau entre le PCC et des partis politiques mondiaux, le Président Xi Jinping a proposé l’Initiative pour la Civilisation mondiale. Ainsi, l’Initiative pour le Développement mondial, l’Initiative pour la Sécurité mondiale et l’Initiative pour la Civilisation mondiale forment un ensemble organique.
Les « Trois initiatives mondiales », qui se concentrent sur les questions en suspens en ce siècle de grands changements, indiquent la voie à suivre pour la société humaine dans les trois dimensions du développement, de la sécurité et de la civilisation. Ces initiatives se font écho et se renforcent mutuellement. Du point de vue du développement, l’Initiative pour le Développement mondial a clairement répondu à la question de l’époque : « De quels concepts de développement les êtres humains ont-ils besoin et comment le développement mondial peut-il être réalisé? ». Elle a fourni une base matérielle pour la promotion de la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Du point de vue de la sécurité, l’Initiative pour la Sécurité mondiale a apporté une réponse claire au dilemme mondial : « quels sont les concepts de sécurité dont l’humanité a besoin et comment parvenir à une sécurité universelle ? ». L’Initiative a créé une base de sécurité pour la promotion de la construction d’une communauté d’avenir de destin partagé pour l’humanité. D’un point de vue civilisationnel, l’Initiative pour la Civilisation mondiale a clairement répondu à la question historique de savoir : « quels types de concepts civilisationnels sont nécessaires à l’humanité et comment parvenir à des échanges et à une compréhension mutuelle ? », posant ainsi une base civilisationnelle solide pour la promotion de la construction d’une communauté d’avenir de destin commun pour l’humanité.
Actuellement, les changements que traversent le monde, notre temps et l’Histoire s’opèrent de manière inédite. La reprise économique mondiale est fragile et faible, divers problèmes de sécurité apparaissent, des malentendus, des barrières et des conflits entre civilisations subsistent, et les déficits en matière de paix, de développement, de sécurité et de gouvernance s’aggravent à l’échelle mondiale. Le monde est entré dans une nouvelle période de turbulences et de changements, et l’humanité se trouve à une croisée critique. La Chine est prête à travailler avec la communauté internationale, y compris la Tunisie, pour chercher des solutions aux problèmes en suspens auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui, en utilisant le concept de construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité comme cadre général et les trois Initiatives mondiales comme programme d’action, afin de promouvoir la coopération entre les pays du monde entier et avancer, tous ensemble, dans la bonne direction sur terre.