Le spectre de la sècheresse menace sérieusement la campagne céréalière et en particulier les emblavures tardives et ce, en raison de la persistance de la chaleur et des températures élevées tout au long de ce mois d’avril. Cela a nourri la crainte chez les agriculteurs de voir le scénario de 2014 se reproduire cette année, alors que la campagne agricole a démarré sur les chapeaux de roue jusqu’au début du mois d’avril.
Le déficit pluviométrique est tel qu’il semble difficile que l’on puisse émettre quelques espoirs de voir la saison sauvée, à moins qu’il ne vienne à pleuvoir en quantités suffisantes dans les meilleurs délais.
Selon l’un des responsables au commissariat régional au développement agricole du Kef, l’alerte a été donnée et que certains céréaliculteurs sceptiques n’écartent pas la possibilité d’abandonner les champs ensemencés tardivement
Pour le président du syndicat des agriculteurs du Kef, Abderraouf Chebbi, la campagne semble déjà compromise en raison, de la gelée printanière (phénomène rare dans les annales de la céréaliculture), qui a affecté la région et provoqué des dégâts énormes aussi bien pour le blé tendre que pour l’orge. En même temps, plusieurs maladies fongiques sont apparues dans plusieurs foyers de production, notamment la séptériose du blé et la rouille qui ont attaqué aussi bien l’orge que les variétés de blé dur ou tendre aggravant les risques de perte de rendement. le déficit pluviométrique est surtout plus important dans le Centre et le Sud du gouvernorat où la production devrait être, selon le même responsable, faible, tant la sécheresse a eu raison des jeunes pousses à une phase où les plantes ont un besoin élevé en eau (plus de 100 mm) pour assurer leur épiaison et donc la poursuite de leur cycle alors que durant la période écoulée du mois d’avril, la sécheresse s’est abattue sur le pays et les températures sont demeurées élevées par rapport aux normales saisonnières.
En dépit des efforts déployés par les grands céréaliculteurs en matière de fertilisation et de traitement des emblavures contre les herbes nuisibles et les maladies fongiques, la campagne a malheureusement subi un véritable coup d’arrêt ces deux dernières semaines, même si certains professionnels estiment que, nonobstant la sécheresse, les cultures précoces ont été un tant soit peu sauvées, mais la qualité de la production sera, à leurs yeux , tout simplement moyenne. En termes techniques le poids spécifique, un facteur important pour le barème d’agréage de la production, ne sera pas important.
Dettes des petits agriculteurs : on attend l’application
Pourtant les céréaliculteurs se sont bien frottés les mains après la revalorisation, cette saison, par le gouvernement, des prix des céréales, à la production, en accordant de nouvelles augmentations pour le quintal de blé dur ( cinq dinars), le blé tendre (trois dinars) et pour l’orge (deux dinars), et pour conforter les revenus des agriculteurs, au demeurant, fortement endettés. La décision du gouvernement d’annuler les dettes au passif des agriculteurs ayant contracté des crédits de moins de cinq mille dinars, attend toujours son application effective, selon les déclarations du ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Said Seddik, récemment en visite au kef seuls, 6 pour cent des agriculteurs concernés par cette mesure ( 124 mille en tout) ont en bénéficié; ce qui, selon plusieurs professionnels, représente un manque de célérité de la part de l’administration dans le traitement de ce dossier épineux.
Malgré ces contretemps, les agriculteurs se disent encore déterminés à poursuivre leurs activités tout en continuant à interpeller le gouvernement sur le dossier des crédits agricoles jusque la satisfaction de leurs revendications qu’ils jugent légitimes.
Même si les responsables évitent toujours de parler des difficultés par lesquelles passe en ce moment la campagne céréalière et de spéculer sur son sort, ils s’attendent à une campagne mi-figue mi-raisin, tout en entamant les préparatifs pour la saison des moissons .Pourvu qu’il vienne à pleuvoir dans les prochains jours. C’est tout l’espoir que chaque agriculteur dans la pays émet en ce moment.
J.Tibi