GREVE GENERALE A DAR ASSABAH : Les journalistes ne reculent pas !

Ce que l’on redoutait est arrivé ! Les journalistes de Dar Assabah, ses techniciens comme ses ouvriers, ont entamé mardi 11 septembre une grève générale, à la suite du blocage des négociations avec le gouvernement et après l’expiration du délai du préavis du 1er septembre.

 

A dix heures trente, la quasi-majorité de l’équipe de Dar Assabah, appuyée par plusieurs figures de la société civile, était rassemblée dans le hall de l’institution. Ils ont crié «Dégage» au nouveau directeur général, Lotfi Touati. Ils ont chanté ensemble l’hymne national en brandissant le drapeau tunisien, ils ont applaudi fortement… La foule s’est enthousiasmée rapidement et certains grévistes ont commencé à tenir des discours mobilisateurs.

Suite à la nomination arbitraire de Lotfi Touati à la tête de cette institution, fondée en 1951, le personnel de Dar Essabah a publié, le 29 août, une motion où il a annoncé un préavis de grève, en cas de non-satisfaction de ses revendications. Devant l’entêtement du pouvoir, la grève a été maintenue. «C’est un premier pas dans notre combat pour sauver la liberté et l’indépendance des médias publics. Aucune revendication n’a été satisfaite jusqu’à présent. Au contraire, les responsables du gouvernement temporisent, ne respectent pas leurs promesses et veulent seulement gagner du temps», nous a affirmé Sana Farhat, déléguée du SNJT (Syndicat national des journalistes tunisiens) à Dar Essabah.

Depuis le début de la crise, plusieurs réunions ont eu lieu entre les représentants du gouvernement et ceux des journalistes et des syndicats pour trouver une solution. La dernière en date, celle du 10 septembre (soit un jour avant la grève) qui a encore une fois abouti à un désaccord dans les points de vue. «Le gouvernement utilise des procédés de chantage dans la négociation. Dans la réunion du lundi 10 septembre, ses représentants nous ont menacé de mettre Dar Assabah à la vente, sous prétexte de difficultés financières, ce que les faits et les documents infirment complètement», explique Abdelhalim Rezgui. Secrétaire général du syndicat de base (UGTT) de Dar Assabah.  

Après deux semaines de sit-in ouvert, les journalistes sont même prêts à se lancer dans une grève de la faim. Mais pour le moment, ils préfèrent avancer par étape. Durant la grève du mardi 11 septembre, ils ont été soutenus par des figures de la société civile et des partis progressistes qui sont venus en signe de solidarité comme le philosophe Youssef Seddik, l’ex-ministre de l’emploi Saïd Aïdi, le député Khameis Ksila, Hamma Hammami, le Secrétaire général du POCT,  le constitutionnaliste Ghazi Ghrairi, l’universitaire-chercheur, Larbi Chouikha et plusieurs représentants de la société civile nationale et internationale (RSF).

Commentant la situation, M. Ksila a précisé que «ce qui se passe à Dar Assabah sera déterminant pour l’avenir de l’indépendance et la liberté de la presse en Tunisie postrévolutionnaire. De jour en jour, la volonté du gouvernement (Ennahdha) de contrôler les médias et à les manipuler à des fins électorales s’affiche clairement. Donc j’appelle tous les membres de la Constituante, de la société civile et tous les citoyens à se mobiliser en vue de préserver cet acquis inestimable obtenu grâce à la Révolution du 14 janvier».

Med Abdellahi Ould Mohameden

 

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