Une grève générale a été décrétée pour les 11 et 12 avril 2017 dans toutes les universités de Tunisie, par l’Union des professeurs universitaires et des chercheurs de Tunisie. Une façon pour l’organisation de revendiquer le droit des universitaires au travail et de contester le manque de réactivité de la part de l’État vis-à-vis de leurs revendications.
« Il faut que l’État respecte l’échelle salariale, qui consiste à rémunérer en fonction des compétences », déclare ce samedi à Réalités Online Zied Ben Amor, coordinateur général-adjoint de l’Union, qui considère qu’aucune réforme profonde n’a été engagée dans l’enseignement supérieur en Tunisie. « La mise en place des réformes décidées par le ministère de l’Enseignement supérieur posent problème », déclare-t-il.
Selon le coordinateur général-adjoint, sur les 12 000 universitaires tunisiens, 3000 ont choisi de quitter le pays. « Il y a des centaines de doctorants chômeurs et le ministère ne fait rien pour les faire sortir du chômage », déplore-t-il encore.
Zied Ben Amor poursuit en affirmant que l’université publique est en cours de destruction, ce qui représente, selon lui, un danger pour la sécurité nationale. « C’est pourtant cette université qui fera sortir les futurs cadres de la Tunisie. C’est elle qui luttera contre l’extrémisme, contre le terrorisme et contre Daech, à travers la création d’une société du savoir », précise-t-il.
« Baisse de la part du budget consacrée à l’enseignement supérieur »
Le coordinateur général-adjoint de l’Union des professeurs universitaires et des chercheurs de Tunisie fait part, d’autre part, des préjudices subis par les universitaires. « Il n’y a aucun respect de l’échelle salariale », martèle-t-il encore, expliquant cela n’a fait que bafouer le principe de l’ascenseur social et disant que rien ne motive à la recherche actuellement. « Il suffit de prendre l’exemple d’Imed Ghamri, docteur en mathématiques au chômage qui s’était immolé par le feu », cite-t-il, à titre d’exemple.
Il est important, d’après Zied Ben Amor, que l’État accorde tous les moyens nécessaires au ministère de l’Enseignement supérieur pour que ce dernier puisse stimuler la recherche et assurer aux professeurs des conditions de travail confortables. « La part du budget de l’État consacrée à l’enseignement supérieur à baissé. En 2008, elle était de 6.9%, alors qu’aujourd’hui elle est de 4%. Et c’est sans évoquer la part consacrée à la recherche : moins de 2%. Comment peut-on développer le secteur dans ces conditions, en prenant en considération les étals anarchiques des universités privées ? », s’interroge-t-il.
Par ailleurs, le coordinateur général-adjoint déplore le manque de réactivité du ministère de l’Enseignement supérieur, évoquant, à cette occasion, les propos de Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement Supérieur : « sur les ondes d’une radio privée, il [le ministre] a déclaré que les universitaires doivent s’estimer heureux de pouvoir toucher un salaire mensuel de 1500 à 2000 TND. On ne peut se permettre d’adresser de tels propos à des docteurs. Le ministre a même affirmé que les universitaires exercent un trafic d’heures supplémentaires dans le cadre de l’encadrement des projets de fin d’études. On ne veut ni heures supplémentaires, ni rien : on veut seulement que l’on respecte les universitaires », déclare encore Zied Ben Amor, ajoutant que l’Union des professeurs universitaires et des chercheurs de Tunisie reste ouverte au dialogue.