Tandis que l’entité sioniste intensifie ses bombardements sans précédent contre la bande de Gaza et ses exactions contre les droits humains des civils et des détenus palestiniens, les campagnes de haine et d’insultes atteignent leur paroxysme sur les réseaux sociaux, entre internautes arabes.
En dépit de la vague de soutien mondiale aux Palestiniens dans les plus grandes capitales occidentales appelant à un cessez-le-feu total et immédiat, une autre vague de dénigrement cible la résistance palestinienne et ses leaders, menée par des anti-Hamas et des pro-Israël arabes. En retour, une vague de colère et d’insultes vise les dirigeants arabes des pays « normalisés » avec Israël (essentiellement) accusés de pactiser avec l’entité sioniste aux dépens de la cause palestinienne. Une dangereuse cacophonie en passe d’exploser, qui menace la stabilité des pays arabes et qui profite à Israël, soupçonné de manigancer cette machination en vue de semer la zizanie – la « Fitna » – entre les frères arabes musulmans et de les diviser pour mieux régner dans la région.
La guerre contre Gaza a dépassé les cent jours sans que l’armée israélienne parvienne à réaliser un seul des objectifs de sa guerre contre Hamas, sauf celui d’avoir rasé l’enclave et tué aveuglément et sauvagement des dizaines de milliers de civils désarmés, en majorité des femmes et des enfants, dans une tentative flagrante d’extermination des Gazaouis, pour laquelle Israël est traînée devant la Cour internationale de justice par l’Afrique du Sud.
Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne s’est enlisée dans l’enfer de Gaza, perdant un nombre important de ses soldats, de ses officiers et de ses équipements militaires, tandis que Hamas et les autres factions palestiniennes continuent à faire montre d’une grande capacité de défense armée et à maintenir en captivité les otages israéliens, après cent jours du début du conflit.
Désormais convaincue que Benjamin Netanyahu et l’armée ne réussiront pas à libérer les otages vivants, la rue israélienne est en ébullition et revendique deux choses capitales pour l’avenir de la guerre et de Netanyahu : parvenir à un accord avec Hamas pour libérer les otages et recourir à des élections anticipées. Or, le premier point signifie que le Cabinet de guerre de Netanyahu, d’obédience extrémiste, accepte les conditions de Hamas, à savoir, dans un premier temps, le cessez-le-feu durable et la libération de tous les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Ce qui sonnera le glas de l’armée israélienne et la défaite de l’entité sioniste dans cette guerre. Quant au second point, il implique la démission du gouvernement Netanyahu, le démarrage des enquêtes judiciaires sur les manquements des autorités politiques et militaires qui ont conduit au succès de l’attaque de Hamas le 7 octobre et la reprise du procès de Netanyahu jugé dans des affaires de corruption.
Impossible de détruire ou de faire céder Hamas
Pour Israël, habitué à être sur le toit du monde et au-dessus du droit international dans l’impunité totale, à être protégé sans limite par les Etats-Unis et ses alliés occidentaux contre toute condamnation et sanction pour les crimes de guerre commis dans les territoires occupés depuis plus de 75 ans, perdre la guerre est impensable, c’est interdit. Netanyahu et ses ministres d’extrême droite en arrivent à perdre la raison, plongés dans un déni total du déroulement militaire de la guerre, qui penche, selon nombre d’experts militaires occidentaux et arabes y compris israéliens, vers une victoire des combattants de Hamas et des autres factions palestiniennes sur le champ de bataille. Impensable même pour les soutiens de Hamas et du combat des Palestiniens pour leurs droits et leur liberté. Gaza, sous blocus depuis 17 ans, comment pourrait-elle tenir devant la machine de guerre israélienne approvisionnée par les Etats-Unis et les alliés occidentaux ? C’est l’énigme et le miracle de la guerre à Gaza.
Pour faire céder Hamas, Netanyahu et son Cabinet de guerre ont tenté de faire inverser la situation de diverses manières, notamment en diffusant, depuis le 7 octobre dernier, une propagande mensongère dans les médias et les réseaux sociaux pour diaboliser Hamas et influencer l’opinion mondiale. La conséquence a été une montée alarmante de l’islamophobie et, par ricochet, de l’antisémitisme, des appels à la haine qui font foi d’incitations à la violence et à la discrimination. Soutenir les Palestiniens devient interdit, réprimé, puni. La persécution des Palestiniens va jusqu’à la censure de leurs contenus publiés sur les réseaux sociaux et de toute publication faisant l’apologie de la résistance palestinienne ou dévoilant les crimes d’Israël à Gaza.
Au fil des semaines et des mois, l’horreur à Gaza monte chaque jour d’un cran, les morts se comptent par centaines et sont enterrés dans des fosses communes, les civils déplacés errent dans les rues à la merci des tirs israéliens, même quand ils brandissent le drapeau blanc, et la nourriture, l’eau, les médicaments se font rares. « Gaza n’est plus habitable », a fini par admettre Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Pourtant, la guerre continue et tous les appels au cessez-le-feu émanant du monde entier restent inaudibles. Au même moment, Hamas gagne une autre guerre, celle de l’image cette fois, lors de la libération scénarisée des otages et sur le champ de bataille, qui montre des combattants déterminés, organisés, qui ne laissent rien au hasard, victorieux. Ce qui ne semble pas plaire à une partie de l’opinion arabe.
Colère dans le monde arabe
La résistance palestinienne va, dès lors, faire l’objet de campagnes de diabolisation sur les réseaux sociaux (X, TikTok, Instagram), des critiques acerbes et des insultes vont viser des dirigeants et des combattants de Hamas. Même les civils palestiniens bombardés et affamés et leurs martyrs ne seront pas épargnés. Une ignominie inadmissible dont sont accusés des ressortissants de pays arabes « normalisés » avec l’entité sioniste, lesquels rétorquent « se défendre contre des campagnes de dénigrement contre leurs gouvernants (rois, princes, présidents) en raison de leur non-implication ou de leur position faible et ambiguë vis-à-vis de la guerre sioniste à Gaza ».
La colère est à son comble dans le monde arabe surtout après les attaques aériennes américano-britanniques contre le Yemen, seul pays (les Houthis) avec le Liban sud (Hezballah) à avoir riposté « militairement » contre les massacres des civils et l’empêchement des aides internationales de franchir le passage Rafah et d’être distribuées à la population de Gaza. Le monde arabe est, de ce fait, menacé par la « Fitna », la zizanie est « plus dangereuse que le meurtre », dit le Coran. Des millions de Palestiniens vivent dans divers pays arabes, essentiellement de la région du Proche et Moyen-Orient, un mouvement de rejet de la part des populations autochtones pourrait se transformer en affrontements, peut-être même en guerre civile. Il faut espérer que les quelques appels au calme soient entendus par les fauteurs de troubles, sinon, c’est aux gouvernants de prendre les mesures qui s’imposent pour faire revenir le calme et préserver la paix ainsi que les bonnes relations entre les pays frères et voisins. La Ligue arabe et l’organisation du culte islamique sont, elles aussi, appelées à jouer leur rôle de rapprochement des avis et d’union de la communauté arabe. Il s’agit d’agir au plus vite, car ces tensions ne profitent pas aux pays arabes, mais à leur ennemi commun. Est naïf celui qui croit que l’entité sioniste pourrait se soucier d’autre chose que de ses propres intérêts économiques et militaires et de l’instauration de son hégémonie sur les pays de la région arabe. Dans le « Talmud » des sionistes d’Israël, qui n’est pas le vrai principal recueil des interprétations juridiques et commentaires de la Torah (Loi écrite judaïque), on peut lire des « enseignements » pour le moins qu’on puisse dire choquants : « Même le meilleur des goyims (non juif) mérite d’être abattu », « Un non juif est comme un chien», « Vous pouvez tuer un incroyant avec vos propres mains », « Si un goyim (non juif) frappe un juif, il faut le tuer, car c’est comme frapper Dieu », « Ordre est donné de modifier et de ridiculiser les textes religieux des goyims (non juifs)… ». C’est le traitement que réservent les sionistes radicaux à tous ceux qui ne sont pas juifs, ce qui doit donner à réfléchir à ceux parmi les Arabes musulmans qui croient trouver dans les Accords d’Abraham ce qu’il faut pour garantir la prospérité et la sécurité à leurs pays et à leurs compatriotes.
La guerre contre Gaza, « le déluge d’Al Aqsa », a eu le mérite de faire tomber tous les masques et de dévoiler tous les plans secrets de l’entité sioniste. Les ministres d’extrême droite de l’actuel gouvernement de Netanyahu ont, quant à eux, trop vite délié leurs langues pour avouer vouloir exterminer les Palestiniens s’ils ne quittent pas Gaza et les autres territoires. L’attaque de Hamas du 7 octobre 2023 aura été le prétexte idéal pour mettre à exécution leurs plans.