Soutenu par son gouvernement et adulé par la majorité de l’opposition, Youssef Chahed avait réussi à rallier les troupes dans la campagne anti-corruption. Cependant, quelques semaines après les multiples arrestations, une question se pose : Où est donc passé le chef du gouvernement d’union nationale ?
Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi, Kheireddine Meddeb, Nejib Ben Ismaïl, Ali Griri, Fethi Jenayah… Et cinq autres individus soupçonnés de corruption et de vouloir porter atteinte à la sûreté nationale ont été arrêtés depuis le 23 mai dernier. Le chef du gouvernement venait de frapper un grand coup. On ne parlait plus du sit-in d’EL Kamour et même Mohamed Abou, figure de l’opposition, s’est dit prêt à faire de Chahed un héros national.
Aujourd’hui, la situation est au point mort. Pas de nouvelles arrestations ni de nouvelles relatives aux individus assignés à résidence. Pire encore, le chauffeur et bras droit du controversé «homme d’affaires» Chafik Jarraya, placé sous surveillance sécuritaire, a disparu des radars depuis quelques jours. Des personnalités haut placées l’auraient aidé, à se rendre discrètement en Algérie avant de rejoindre l’Europe en passant par les Émirats Arabes Unis. Le chauffeur serait en possession d’informations confidentielles et graves, prouvant l’implication de nombreux politiciens dans plusieurs affaires.
Pour sa part, le chef du gouvernement s’est cloîtré dans un lourd silence. Hormis sa déclaration du 24 mai dernier, «c’est soit la corruption soit l’Etat… J’ai choisi la Tunisie», aucun point de presse n’est venu assouvir la curiosité des tunisiens quant à l’évolution de la guerre menée contre la corruption si ce n’est l’interview accordée à deux journaux de la place où il confirme qu’il irait jusqu’au bout de cette guerre sans donner de détails.
Le lourd silence qui entoure cette guerre tant espérée et engagée par Chahed n’est pas pour arranger les affaires du gouvernement qui paraît faire profil bas après une certaine euphorie. Et c’est l’occasion pour certains de semer le doute chez ceux qui soutiennent l’opération « mains propres » et qui commencent à se poser des questions auxquelles ils ne trouvent pas de réponses.
«La campagne d’arrestations d’hommes d’affaires serait-elle limitée à ces personnes et est déjà enterrée ? La lutte contre la corruption n’est-elle pas un simple slogan ? Que fait Youssef Chahed ?»
L’espoir né de la volonté affichée par le chef du gouvernement de mener ce combat contre la corruption et la contrebande a fait que tout le monde attend avec impatience la prochaine étape à franchir.
La tâche n’est nullement simple, il faut l’avouer.
Et ce qui sème davantage le doute ce sont les bruits que font courir certains milieux, et faisant état que cette «pseudo-guerre» contre la corruption n’aboutirait à rien. Il ne s’agirait désormais que d’une campagne temporaire sans suite.
Plus encore, «les amis», à Nidaa Tounes, de Chafik Jarraya – homme d’affaires controversé, arrêté pour atteinte à la sécurité publique et à la sûreté de l’État, pour trahison et appartenance à une armée étrangère en temps de paix-, ne semblent pas vouloir laisser tomber leur « maître » en remettant en question les véritables objectifs de l’action entreprise par Youssef Chahed contre le « Milieu« .
Et les rumeurs selon lesquelles, cette campagne risque de faire tomber des individus haut placés dans l’Etat sont là pour faire douter les plus convaincus. Ils faut reconnaître que ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption font tout pour faire échouer cette campagne.
Dans tout cela, Youssef Chahed va-t-il pouvoir surmonter les pressions de toutes sortes qu’il subit ? Ira-t-il jusqu’au bout ?
Seul l’avenir nous le dira…
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