Guerre Israël-Hamas Jusqu’où s’étendra le conflit ?

Photo Mahmud HAMS / AFP

Après le Liban et le Yémen, deux autres fronts menacent de s’enflammer : l’Irak et la Syrie. La paix au Proche-Orient n’est pas pour demain, ni pour après. Ceux qui prétendent vouloir éviter l’extension des opérations militaires qui se déroulent à Gaza au reste de la région, en l’occurrence les Américains, font tout le contraire. Ces guerres peuvent être évitées si les Etats-Unis veulent vraiment la paix. Qu’Israël perde ou gagne la guerre à Gaza, la région arabe ne sera plus la même, désormais.

 La paix au Proche-Orient n’est pas pour demain, ni après. Ceux qui prétendent vouloir éviter l’extension des opérations militaires à Gaza au reste de la région, en l’occurrence les Américains, font tout le contraire. Bien qu’étant les seuls capables de siffler la fin de la guerre, notamment en décidant la suspension de l’aide militaire à Israël, les Etats-Unis restent non seulement sourds aux multiples et incessants appels à un cessez-le-feu durable à Gaza, mais se permettent d’allumer un autre front au Yémen. Sous le même prétexte de la légitime défense et tout en ignorant les revendications des Houthis, -l’acheminement des aides humanitaires à Gaza-, les Américains ont ameuté leurs alliés occidentaux pour pilonner les villes et les positions des Houthis qui ont « osé », en guise de soutien aux Palestiniens, s’attaquer aux navires israéliens ou ceux qui se dirigeaient vers les ports de Palestine occupée, via le détroit Bab Al Mandab. Les Américains agitent, de surcroît, la solution des « deux Etats » comme un appât pour atteindre le seul objectif qui les intéresse, pour le moment, la libération des otages qui sont encore entre les mains du Hamas, plus d’une centaine. Les prétendus différends sur l’après-Gaza entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne sont qu’une mise en scène, une répartition des rôles, pour mieux faire monter les enchères, au cas où il y aurait des négociations. Dans le cas où l’option d’un Etat palestinien serait retenue, ce sera une parodie d’Etat qui ressemblera à une coquille vide. Netanyahu a déjà exigé l’exclusion du Hamas de l’autorité politique et la mainmise sur le contrôle sécuritaire, avec la totale approbation de Joe Biden. Plus récemment, Netanyahu a ciblé l’aide humanitaire onusienne et annoncé que l’UNRWA serait supprimée. Déjà, neuf pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis, ont suspendu « provisoirement » leur aide financière qui représentait 70% du budget de l’UNRWA. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient est un programme de l’Organisation des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie, datant de décembre 1949. La menace de Netanyahu fait suite à l’accusation portée contre 12 salariés palestiniens de l’UNRWA, celle d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023. Les neuf pays occidentaux qui ont suspendu leur aide financière, avalisant ainsi une punition collective contre tous les Palestiniens, n’ont pas attendu la fin de l’enquête diligentée par les services compétents de l’ONU, au moment où les Palestiniens de Gaza sont menacés de famine et de génocide.

 L’aide humanitaire, victime collatérale de la CIJ
L’affaire des présumés participants au 7 octobre parmi les salariés de l’UNRWA vient, brutalement, en plein examen par la Cour internationale de justice de l’affaire du « génocide présumé » portée par l’Afrique du Sud devant la Cour contre Israël. Vendredi 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction de l’ONU, rendait son premier verdict dans lequel elle ordonnait Israël de « laisser davantage d’aide entrer dans l’enclave palestinienne »…, de « prendre certaines mesures conservatoires car la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza risque sérieusement de se détériorer davantage avant que le tribunal ne rende son jugement final »…, de « soumettre un rapport dans un délai d’un mois sur toutes les mesures prises pour donner effet à cette ordonnance ». Le jour même, Israël contre-attaque et prend à partie une des institutions de l’ONU, l’UNRWA, dont les centres d’accueil des réfugiés à Gaza ont été, à plusieurs reprises, pris pour cible par les tirs des soldats israéliens. Même le secrétaire général des Nations unies n’a pas échappé aux attaques acerbes des dirigeants israéliens quand Antonio Guterres s’est montré critique à l’égard de l’opération militaire, démesurée, lancée en réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre. Ce, alors même que l’ONU déplore la mort de plus d’une centaine de ses employés dans la guerre israélienne contre Gaza. Le jour même, Washington annonce la suspension « temporaire » de tout financement additionnel à l’agence onusienne, immédiatement suivi par d’autres capitales occidentales. L’aide humanitaire à Gaza, victime collatérale du procès d’Israël devant la CIJ ? Sans doute. Ce procès à La Haye est historique, c’est la première fois dans l’histoire que l’entité sioniste est mise au banc des accusés sous le regard vigilant de la communauté internationale, même si le premier verdict de la Cour internationale de justice a suscité des réactions diverses et mitigées entre la satisfaction chez Hamas, la déception de l’Afrique du Sud qui espérait une ordonnance de cessez-le-feu et le mépris de Netanyahu et de ses ministres d’extrême droite qui se placent au-dessus de tout et de tous. C’est tout dire de la complicité aveugle de l’Occident aux côtés d’Israël dans cette guerre asymétrique et sauvage contre Israël, une guerre qui aurait pu être évitée et des dizaines de milliers de vies palestiniennes et israéliennes épargnées, si Israël et les Etats-Unis avaient voulu vraiment la paix, pour les Israéliens et pour toute la région. La Paix pour les Etats-Unis de Biden, ce ne sont pas les négociations, c’est la parole à la force, aux guerres, aux massacres, à la loi du plus fort. Cela a commencé en Ukraine, puis à Gaza, puis au Yémen. Où les bombes seront-elles lâchées la prochaine fois ? En Syrie, en Irak, en Iran ? Tout est possible.

 Extension inéluctable du conflit ?
Après le Liban et le Yémen, deux autres fronts menacent de s’enflammer : l’Irak et la Syrie. Dans la nuit de samedi 27 à dimanche 28 janvier 2024, trois militaires américains sont tués et une trentaine blessés dans une attaque au drone sur les forces américaines basées dans le Nord-Est de la Jordanie. Revendiquée par la résistance islamique d’Irak pro-Iran, l’attaque n’est pas la première du genre depuis le début de la guerre entre Israël et Hamas à Gaza. Sauf que c’est la première fois que des soldats américains sont tués, ce qui fait craindre une escalade des tensions entre les Etats-Unis et Israël d’un côté, et l’Iran de l’autre. Autrement dit, une guerre totale dans la région. Le président américain a, de son côté, promis de riposter et de faire rendre des comptes à tous les responsables, « quand et comme nous voulons », a-t-il affirmé.
L’après-Gaza ne sera plus comme l’avant. L’Occident, les Etats-Unis en tête, et Israël chercheront à régler leurs comptes avec les pays qui ont choisi le camp des Palestiniens, qui n’ont pas condamné l’attaque du 7 octobre, qui n’ont pas catalogué Hamas comme étant une organisation terroriste. Comment le pouvaient-ils quand Hamas gouverne Gaza depuis 17 ans après des élections démocratiques, que Gaza est sous blocus depuis 2006 et que les Palestiniens sont colonisés depuis 75 ans, avec tout ce que la colonisation implique comme tortures, exactions, privation de droits…
Qu’Israël perde ou gagne la guerre, la région ne sera plus la même. Pour Israël, perdre la guerre c’est ne pas atteindre ses objectifs : éradication du Hamas, libération des otages, suppression de tout risque de violence venant de Gaza. Qu’Israël perde ou gagne la guerre, les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, tenteront de consolider leur suprématie sur les pays de la région en éradiquant les poches de résistance et en imposant la normalisation de tous les pays arabes avec Israël.  Bien sûr, l’idée qu’Israël perde la guerre n’effleure pas l’esprit des dirigeants occidentaux, il y va de l’existence de cette entité. 
D’ailleurs, comment Israël peut-il perdre la guerre ? Ou, comment Hamas peut-il la gagner ? Israël et les Etats-Unis ont enterré la solution des « deux Etats » et cherchent à présent à trouver le moyen, qu’il soit légal, éthique ou inhumain, d’éloigner les Palestiniens de ces terres. Pour le moment, ils en ont les moyens : la force de frappe. Mais encore, les institutions des Nations unies et le droit international ont été « inventés » après la Seconde Guerre mondiale pour servir les Occidentaux, seulement les Occidentaux, on en a désormais la preuve avec la politique de « deux poids deux mesures » qu’ils appliquent ouvertement et sans vergogne avec les Palestiniens, au vu et au su du monde entier. Les institutions onusiennes sont là pour instituer et légaliser l’hégémonie et la suprématie occidentales sur le reste du monde. Gaza a fait tomber tous les masques. Le pire est à venir.

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