Habib Bourguiba, le réformateur : Les leçons et les enseignements

Par Mohamed Ali Ben Sghaïer

La date du 1er juin 1955 aurait pu passer cette année inaperçue, comme ce fut le cas d’ailleurs les années précédentes, pourtant elle s’assimile à une date glorieuse et gravée dans la mémoire des Tunisiens. Ce jour symbolique, illustre, mémorable et emblématique lié au retour triomphal du leader Bourguiba de son exil représentait, dans la saga de l’indépendance, une date clé.
Heureusement que l’Association des études bourguibiennes a pris, de concert avec l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beït al-Hikma, la méritoire initiative de célébrer ce premier pas sur le chemin de la libération de la Tunisie en organisant les 1er et 2 juin, la première édition des Journées bourguibiennes sous le thème «Habib Bourguiba, le réformateur».

En présence d’une assistance triée sur le volet composée dans sa majorité d’éminentes personnalités politiques ayant occupé de très hautes fonctions au sein de l’Etat telles que les anciens présidents de la République Foued Mebazaâ et Mohamed Ennaceur, l’ancien président de la Constituante Mustapha Ben Jaâfar, l’ancien ministre des Transports puis des Affaires sociales sous Ben Ali, Ahmed Smaoui et bien d’autres anciens commis de l’Etat. Cette rencontre a permis à cette constellation de conférenciers d’étudier Bourguiba ainsi que la série de réformes qu’il avait entreprises dès le milieu des années 1950.
Etudier Bourguiba, “c’est étudier la Tunisie, son histoire, son présent et son avenir”, énonce Mahmoud Ben Romdhane, président de l’Académie lors de l’ouverture de cet évènement dont nous publions les actes de la première journée.
Quant au président de l’Association des études bourguibiennes, Ahmed Ounaïes, il a considéré qu’à travers cette manifestation marquée malheureusement par l’absence criante des nouvelles générations de Tunisiens, « nous répondons à un devoir impérieux qui émane de notre tréfonds, celui d’évoquer la place de l’homme, président, leader et penseur Habib Bourguiba qui fut un conservateur, un partisan de la philosophie du capital, progressiste, réformateur et peut-être révolutionnaire ».
Trente-cinq ans après la fin de son règne, Bourguiba devrait jouir d’un jugement juste et honnête.  Selon le diplomate chevronné Ahmed Ounaïes, le Zaïm croyait dans la méthode « de la réforme et non pas de la révolution et qui ne voulait pas détruire mais plutôt critiquer pour pouvoir construire, reconstruire, reformer et faire évoluer ».

L’école de la République, clé de voûte du progrès de la Nation
Inaugurant la série des conférences de la première journée, présidée par Mounira Chapoutot Remadi, professeure émérite d’histoire  à l’université de Tunis, Noureddine Dougui, historien et spécialiste de l’époque contemporaine, s’est appuyé dans son intervention sur une question éminemment importante : que désigne l’école de la République ? Pour l’orateur, la réponse était limpide et sans ambages. Il s’agit d’une « institution éducative issue des politiques publiques volontaristes visant à mettre l’instruction à la portée du peuple tunisien », largement inspirée de Bourguiba qui a accordé dans sa pensée, une place essentielle au changement de la mentalité et considéré l’école comme principal levier du changement. 
Bourguiba a fait face en 1956, alors que la Tunisie venait à peine d’arracher son indépendance, à des problèmes insurmontables à cause d’un héritage éducatif assez lourd, issu du protectorat français, précise le panéliste. Cet héritage a été marqué par un taux de scolarité ne dépassant pas 20%, et par une carte scolaire discordante basée sur une disparité immense entre les régions côtières et celles de l’intérieur du pays, un vrai désert scolaire, et entre les groupes, les confessions et les populations, tunisienne, européenne, israélite ou autres.
L’auteur de “Wassila Bourguiba : La main invisible”, un remarquable ouvrage biographique dévolu à la première Dame de la Tunisie indépendante, s’est basé dans son exposé sur la problématique inhérente à la manière dont s’est effectuée la transition du système scolaire et ce, du protectorat vers l’école de la République.
La genèse de la réforme de l’éducation s’est confrontée, d’après Pr Dougui, à quatre problèmes, à savoir l’unification de l’enseignement, la planification de la capacité d’accueil scolaire, le contenu de la formation et la langue de l’enseignement. Cette réforme dans laquelle se sont impliquées aussi les organisations nationales dont l’UGTT, est issue d’une mûre réflexion ayant duré deux ans et suscité le débat dans les médias tunisiens.
Pour répondre à ces exigences, des mesures d’urgence ont été mises en place. On pourra citer, d’après l’intervenant, la nationalisation des écoles coranique (213 écoles ont été nationalisées le 1er octobre 1956) et ce, à travers l’intégration de leur personnel dans la fonction publique et l’application des programmes éducatifs du ministère. La deuxième mesure consistait en la reconversion des annexes de la Grande Mosquée en établissement d’enseignement secondaire zeitounien. S’agit-il alors d’une sécularisation de l’enseignement zeitounien ?, s’interroge Pr Dougui qui opte plutôt pour une réponse nuancée. Et pour cause, les écoles à projet religieux ne seront plus cautionnées par l’Etat. L’école tunisienne continuera cependant à intégrer une dimension religieuse. Pour l’orateur, malgré leur imprégnation par l’esprit des Lumières, Bourguiba et ses collaborateurs ne se disaient pas laïcs.
Mais qu’en est-il de la vision éducative bourguibienne ? Pr Noureddine Dougui se réfère, pour répondre à cette question, aux trois discours de Bourguiba prononcés en décembre 1956, en juin 1958 et en octobre 1959. Il ressortait de ces discours les grandes lignes de la réforme, son orientation, les grands principes de sa conception, le maintien des liens culturels avec la France et le rappel du rapport entre la décadence intellectuelle et le sous-développement général, ainsi que les raisons de la suppression de l’enseignement zeitounien.
L’intervenant a insisté sur le fait que l’enseignement était pour Bourguiba, « la clé de voûte du progrès de la Nation et l’affaire d’Etat qui doit avoir le monopole de sa restructuration et de son orientation ». Bourguiba était convaincu que « les contenus de formation doivent correspondre aux réalités et aux objectifs du pays, répondre aux exigences de rationalité et s’inspirer des valeurs républicaines de citoyenneté et de discipline ».
La concrétisation de cette conviction ou de ce vœu en une réalité n’a pas tardé, puisqu’en 1958, considérée par Pr Dougui comme une année charnière pour la Tunisie, une loi comportant des mesures de taille a été promulguée. Cette fameuse Loi de 1958 s’est articulée sur trois grands principes, en l’occurrence « l’éducation pour tous sans distinction d’ordre racial, religieux ou social, l’accès gratuit à l’éducation à tous les degrés aux deux sexes et l’instruction obligatoire de six à douze ans lorsque les conditions s’y prêtent ».
Noureddine Dougui a passé en revue lors de son intervention les enjeux de la réforme entreprise par Bourguiba. Il s’agit notamment de l’enjeu linguistique qui était au cœur de ce projet et qui a suscité une vive polémique au sein d’une population conservatrice et fortement attachée aux valeurs arabo-musulmanes. En effet, selon l’intervenant, la tendance de l’opinion était à la veille de l’indépendance orientée vers l’arabisation progressive, une arabisation « envisagée sous l’angle de la logique identitaire ». 
« L’arabe, précise Pr Dougui, devient la langue principale de la culture et de la formation pour toutes les sections et toutes les options alors que le français est maintenu comme langue véhiculaire dans les seules sections transitoires ». Cela dit, l’école tunisienne telle que conçue par Bourguiba, « sera bilingue et le français gardera son statut de langue étrangère privilégiée, conformément aux vues de Mahmoud Messaâdi et de l’inspecteur français Jean Debiesse ». 
Cette réforme a-t-elle porté ses fruits ? Pour Noureddine Dougui, les résultats étaient largement concluants. En effet, la république de Bourguiba est parvenue à « la mise en place d’un enseignement national moderne, une dissolution de l’enseignement traditionnel et la réduction de l’enseignement purement français ». On pourra également citer parmi les acquis de cette politique de réforme l’établissement d’un réseau d’institution de formation de formateurs, la création d’une industrie du livre scolaire, la promotion de la condition féminine, le net recul de l’analphabétisme, l’ouverture du pays sur le monde et sur les valeurs du XXe siècle, etc.

La réforme de l’éducation, un vrai combat pour l’émancipation de la femme
La docteure en Lettres et civilisation françaises Rabaâ Ben Achour a, à travers une intervention très appréciée par l’assistance, décortiqué l’œuvre bourguibienne en matière de réforme de l’éducation. En effet, en se basant sur son expérience d’enseignante aux enseignements secondaire et universitaire, Rabaâ Ben Achour a dressé un bilan plutôt mitigé. Dr Ben Achour a tenté d’inscrire la réforme dans le contexte historique qui lui a donné naissance, mais aussi de préciser ce qu’elle est devenue dans les années suivantes et au fil du temps, en particulier aujourd’hui. 
Pour l’intervenante, la réforme de l’enseignement était une nécessité impérieuse, voire un « impératif qui était d’autant plus important qu’il constituait une des priorités des revendications déjà des jeunes Tunisiens au 19e siècle puis des destouriens ». Le développement de la Nation fraîchement indépendante passait inévitablement par la formation «des ingénieurs, des cadres supérieurs, des techniciens, des fonctionnaires, et une main-d’œuvre capable de répondre aux exigences des services publics, de l’industrie, de l’agriculture et du commerce ».  Un autre aspect ayant marqué cette réforme, selon l’oratrice, a trait à la reconstruction de « la personnalité nationale » et ce, « en unifiant l’enseignement, en le généralisant et en donnant à la langue arabe, reconnue déjà comme langue officielle dans les conventions de l’autonomie interne, la place qui lui revenait».
Ces choix fondamentaux imposés par la décolonisation et par le projet de développement économique et social, explique l’intervenante, étaient d’autant plus difficiles à cristalliser qu’ils ne faisaient pas l’unanimité. De ce fait, poursuit-elle, ces choix ont opposé « les adeptes de l’arabisation totale et les partisans du bilinguisme et de l’arabisation progressive ».
Ce projet que Rabaâ Ben Achour considère comme “éminemment politique”, qui se fonde tout à la fois « sur la nécessité de développement technique, matériel et culturel, mais aussi sur la restauration de la personnalité tunisienne, était tributaire d’un contexte pour le moins complexe ». En effet, l’analphabétisme, la diversité des modèles d’enseignement et le manque d’enseignants ont plongé selon l’oratrice, les responsables dans une inextricable contradiction. Et c’est là qu’une vague de questions a été soulevée par Ben Achour : « Que fallait-il faire ? Opter pour l’arabisation totale et condamner le pays au repli identitaire ? Maintenir l’enseignement du français et de la culture qui le véhicule et faire d’une certaine façon allégeance au colonisateur ? Jeter son dévolu sur un système bicéphale déjà en cours dans les écoles franco-arabes et au collège Sadiki ? La réforme qui se voulait moderne et au diapason de l’Europe pouvait-elle sans choquer l’opinion et les partisans de l’ancrage dans la culture nationale, faire l’impasse sur l’arabisation et l’intégration de l’enseignement religieux dans les programmes ? Comment se présente la nouvelle réforme qui se fonde sur les choix de la modernité scientifique et de la double culture ? Comment a-t-elle évité les écueils d’un choix qui pouvait engendrer le mécontentement de l’opinion ? Comment cette réforme, qui trahissait hésitations et atermoiements durant la période transitoire, a-t-elle réussi à s’imposer avec force en 1958 ? » 
En passant en revue la progression du processus éducatif en Tunisie, la chercheure a précisé que notre pays disposait, avant même la conquête française, « d’un système éducatif complexe à côté de l’enseignement traditionnel et millénaire dispensé dans les Kottebs puis dans la Grande Mosquée, l’université de la Zitounaqui a essayé de réaliser maintes réformes et de se moderniser ». 
Dr Ben Achour n’a pas manqué l’occasion de rappeler que la Tunisie comptait déjà trois institutions éducatives de grande envergure, à savoir l’Ecole militaire ou polytechnique du Bardo créée en 1837, le Lycée Sadiki créé en 1875 et l’Association de la Khaldounia créée en 1876. Ces établissements scolaires modernes « avaient en commun le souci de prodiguer un enseignement bilingue et d’accorder leur importance aux matières dites profanes tout en assurant un enseignement religieux », poursuit l’oratrice.
Cet héritage riche et édifiant était la base de la réforme de 1958 car Bourguiba, précise la panéliste, n’a pas fait table rase du passé. 
L’engagement de la Tunisie dans la réforme de l’enseignement datait de septembre 1955, alors qu’elle était encore sous le régime de l’autonomie interne et que le Destour était divisé par le conflit entre Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef.
Cette rivalité entre les deux leaders du mouvement national qui a embrasé davantage le conflit au sein du parti destourien avait « des répercussions sur le choix du système éducatif tunisien ». Car, dixit l’enseignante à l’université tunisienne, si les partisans de Bourguiba « sont favorables à une orientation vers la modernité occidentale, ceux de Ben Youssef sont plus radicaux et plutôt adeptes d’un enseignement arabisé qui serait certes ouvert à l’enseignement français, aux sciences technologiques modernes, mais aussi à l’éducation religieuse ».
La question de la langue d’enseignement et de la culture française constitue, d’après l’auteure de “Quelques jours de la vie d’un couple’’, le point d’achoppement et un enjeu politique de taille. 
La professeure Rabaâ Ben Achour a jeté la lumière sur la réforme de l’éducation entreprise par le contestable ministre de l’Education Mahmoud Messaâdi, fervent défenseur de l’arabisation. Cette réforme introduite par la loi du 4 novembre 1958 est entrée en vigueur dès la rentrée 1958-1959.
L’oratrice est revenue sur « ce que les responsables considèrent comme étant des innovations, en particulier le président Bourguiba, qui a insisté sur l’instauration de l’enseignement moyen qui a remplacé l’enseignement professionnel, ainsi que sur la scolarisation des filles ». 
Pour convaincre les Tunisiens de l’importance du cycle d’études de cours appelé « enseignement moyen », Bourguiba déclarait, rapporte l’oratrice, que « la réforme apporte une innovation, la création de l’enseignement moyen. Cet enseignement vise la formation rapide des cadres de base pour différentes branches d’activité, libérale, commerciale, industrielle, qui s’apparentent aux conditions du renouveau économique et social ». D’ailleurs, le président de la République a mis l’enseignement moyen et l’enseignement secondaire sur un pied d’égalité.
Dans ce contexte, Dr Rabaâ Ben Achour a rapporté l’allocution que Bourguiba a accordée à la Radio tunisienne, le 15 octobre 1959. Il a affirmé sans détours, « qu’au lieu d’enseigner la syntaxe, la morphologie, le droit religieux, la réflexion grammaticale et les modes de poésie, il faut apprendre aux gens à faire œuvre utile pour leur pays. Il y a des pays qui initient l’enfant dès sa prime jeunesse aux travaux manuels, chez nous en revanche, on ignore la valeur du bricolage et du travail manuel pour l’enfant. Dans son ignorance, la mère frappe son fils quand elle le voit jouer avec des bouts de bois. Elle les lui prend et les jette dans un puits.  Va apprendre tes leçons, lui dit-elle. Eh bien, il fallait le laisser faire. Ce bricolage lui sera peut-être plus utile que tout ce que vous appelez leçons et enseignements ».
L’universitaire estime que réformer pour Bourguiba, c’est réformer les esprits, c’est entreprendre de changer les mentalités, c’est dit-il, le 7 avril 1958, un élément indissociable de la lutte contre le colonialisme.  La vraie réforme, celle qui heurte le plus la société tunisienne, est la scolarisation des filles.  Le président Bourguiba en a fait son cheval de bataille.
En effet, entre 1955 et 1960, on remarque qu’une sensible progression de la scolarisation des filles a été enregistrée, passant de 60314 filles en 1955, à 113769 en 1960. Bourguiba a considéré la résistance des familles à la scolarisation des filles comme un obstacle sur la voie de la réforme. Le défi étant pour lui « d’élever le niveau du peuple tout entier, hommes et femmes ».
Cette réforme requiert selon l’oratrice, « des moyens dont l’Etat ne dispose pas. La solution a porté sur la réduction du temps scolaire et l’orientation ».
Sur un autre plan, Rabaâ Ben Achour a mis l’accent sur un problème sur lequel Bourguiba s’est penché, celui de la renationalisation de l’enseignement.  « La notion de renationalisation, explique la panéliste, implique d’abord de redonner à la langue arabe la place prééminente qui lui revient de droit. La réforme Messaâdi a, effectivement, amorcé un processus d’arabisation, puisque les deux premières années du cycle primaire étaient arabisées. Dans l’enseignement secondaire, rapporte l’exposé des motifs de la Loi de 1958, on retrouve le rôle de la langue, de la culture et de la formation arabe».  
Un autre volet de la renationalisation que l’oratrice a mis en relief est celui de l’intégration de l’enseignement religieux dans les programmes scolaires, de la première année primaire à la 6e année secondaire.
La réforme Messaâdi a mis en place, selon Ben Achour, un système tout à la fois moderne et religieux.  A ce propos, elle se réfère à un extrait de «Bourguiba : Radioscopie d’un règne », un livre de Chedli Klibi, dans lequel on peut lire : « Bourguiba va tenir la redoutable gageure d’allier le positivisme aux principes directeurs de l’islam. Il va renouer avec l’aspiration des grands docteurs de la loi, en poussant l’ijtihad le plus loin possible. Contrairement à Atatürk, Bourguiba avait compris que le ressort de la modernité résidait dans la libération de la raison et non pas dans l’imitation mécanique des sociétés étrangères ». La conception bourguibienne, avance l’intervenante, « est originale parce qu’elle s’appuie sur la libre interprétation des textes sacrés influencés par l’humanisme et par les idées des Lumières ». « Bourguiba avait l’ambition d’affranchir la société tunisienne de la décadence par le seul usage de la raison », poursuit-elle.
Dr Rabaâ Ben Achour considère, également, que l’introduction de l’enseignement religieux « semble être plus un moyen d’introduire une lecture innovante et rationnelle de la religion, qu’un recul stratégique censé mettre fin au mécontentement des conservateurs et des partisans de l’enseignement traditionnel ».

La langue française, un « plaidoyer » pour l’indépendance
Pour expliciter le rapport particulier entre Habib Bourguiba et la langue française, chère à son cœur, les organisateurs ont fait appel à une personne appropriée, Samir marzouki, membre de l’académie Beït al-Hikma et professeur émérite à l’université de la Manouba et qui maîtrise bien son sujet.
Dès sa prise de parole, il est allé au vif du sujet.  Marzouki considère que « la perception très positive de Bourguiba de la langue française, conçue comme une langue particulièrement apte à véhiculer les idées progressistes et à conduire à la libération de l’esprit, une langue de la philosophie et de la science, ne semble pas avoir varié tout au long du parcours de Bourguiba».
Pour le spécialiste de littérature française et francophone, Bourguiba ne diffère pas des réformateurs du 19e siècle tels que Kheireddine, Ataturk, Attahtaoui, Ibn Abi Dhiaf ou même des écrivains comme Abou el Kacem Chebbi. Et ce, bien évidemment grâce à son statut de «sadikien, nourri aux meilleures sources de la langue arabe et de la culture arabo-musulmane».
Bourguiba, poursuit l’orateur, « percevait grâce à la maîtrise du type d’enseignement qu’il avait reçu, grâce aussi à l’ouverture que lui procurait la langue française sur les grandes œuvres de la pensée positiviste et progressiste et à la perspective qu’elle introduisait dans son univers mental, ce qui était inadéquat un historique ou sclérosé dans le premier versant de sa culture ».
Samir Marzouki considère aussi que Bourguiba a fait montre d’une « très forte imprégnation par la littérature française, particulièrement la littérature romantique. On se souvient avec quelle émotion et quelle précision il citait de mémoire, dans ses discours, Alfred de Vigny et Victor Hugo, ainsi que de ses photographies très hugoliennes lors de son bannissement sur l’île de la Galite, dans lequel il voyait une sorte de duplication de l’exil hugolien en révolte contre Napoléon III ».
Samir Saïed, également vice-président de la Fédération internationale des professeurs de français, a évoqué lors de son intervention l’attachement particulier de Bourguiba au Sadiki et aux figures tutélaires de l’enseignement de l’arabe comme Cheïkh Djaïet et Mohamed Lasram et du français comme René Decolière à qui il doit ce qu’il appelle son initiation parfaite à la langue française.
Dans la lutte contre l’hégémonie coloniale, Bourguiba a accordé, selon Dr Samir Marzouki, au français un irréductible intérêt. « Il retournait ainsi contre le colonisateur sa propre arme, la langue à travers laquelle il a pu acquérir la supériorité intellectuelle et technique qui lui procura l’avantage de la confrontation économico-politique avec la Tunisie et les Tunisiens », avance l’orateur.
Bourguiba et ses camarades de lutte contre le colonialisme ont usé de la langue française pour 
«l’exposition de leur revendication, l’analyse et la dénonciation de l’injustice et de l’oppression exercée par le système colonial et l’argumentation en faveur de l’autonomie et de l’indépendance ». 
Dans ce sens, l’intervenant s’est référé à un discours de Bourguiba prononcé à l’université de Montréal en 1968 dans lequel le président tunisien revint sur le rôle joué par le français en renfort de l’arabe dans la lutte anticolonialiste. « Langue des philosophes et de la liberté, prononce Bourguiba, le français allait construire en outre à côté de l’arabe, un puissant moyen de contestation et de rencontre. Au défi de la sujétion, doublée de toutes sortes de prétentions à l’annexion ou à la co-souveraineté grâce à la langue française, tout autant que grâce à l’arabe, par la parole et par les écrits, lorsque la fortune le permettait, toujours d’ailleurs de façon hasardeuse, nous pouvions opposer à l’oppression notre contestation fondamentale et notre revendication de la liberté, de la dignité, de l’identité nationale ».
Selon Samir Marzouiki, le français, langue internationalement parlée représentait pour Bourguiba un plaidoyer pour l’indépendance qu’il ne cessa de peaufiner et de diffuser à l’échelle internationale. 
«Seule langue de portée universelle qu’il dominait, poursuit l’orateur, elle lui permit de révéler aux yeux du monde les exactions du régime colonial et de faire avancer son projet indépendantiste ». Il s’agit d’une langue qui fut en quelque sorte un portevoix dans la lutte nationaliste.
C’est à travers la langue française, écrit Bourguiba, que « nous avons pu forger une nouvelle représentation de notre volonté nationale, que nous avons pu la communiquer, la propager, la faire entendre, la faire comprendre dans le monde francophone bien sûr, mais au-delà même des frontières de cet univers linguistique. C’est à travers l’usage de la langue française que nous avons pu faire entendre la voix de la Tunisie dans le concert des nations ».
Sur un autre plan, le rapport entre Bourguiba et la francophonie était très particulier. Ayant été l’un des initiateurs de ce projet international d’envergure, à savoir l’Organisation internationale de la Francophonie, ce concept « tel qu’appréhendé par Bourguiba n’était nullement contradictoire avec l’attachement à l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, car il va de pair avec un refus obstiné et radical de la dépersonnalisation et de l’assimilation. » 
Il s’agissait pour Bourguiba, insiste Samir Marzouki, d’un « choix motivé par l’impératif de l’efficacité et qui ne constitue nullement une adhésion totale et sans nuance à la langue et à la culture de la puissance dominatrice. Il prend au contraire dans celle-ci ce qu’elle offre de plus performant mais n’abandonne en aucune manière ce qui relève de l’identité propre et du noyau culturel autour duquel s’est constituée la personnalité tunisienne ».
Et quid de l’introduction de la langue française dans l’éducation ? Pour l’ex-directeur de l’éducation et de la formation continue au sein du ministère de l’Education qui n’a pas tari d’éloges sur la réforme bourguibienne dans ce sens, « la réforme que le leader nationaliste envisageait devait, à ses yeux, aussi bien s’opposer à toute fermeture sur soi et toute isolation, que faire pièce à toute tentative de déracinement et de dilution dans la langue et la culture française ».
Le leader de l’élite francophone, avance le directeur de l’Observatoire mondial de la langue française, qui a révolutionné le Destour,  a toujours tenu à distinguer l’adversaire politique que représentait le régime colonial de la langue et de la culture française dont il tenait à tirer le meilleur profit, pour l’atteinte de ses objectifs d’autonomie, ainsi que pour le développement de son pays.

Bourguiba et l’information : une relation complexe 
« Grand tribun, féru d’histoire et de poésie, Bourguiba se présentait toujours comme un homme de culture accompli. De même, fondateur d’un journal, l’Action tunisienne, auteur d’articles de combat et d’analyse, il n’a eu de cesse de se targuer d’être un parfait journaliste ». C’est en ces termes qu’Abdelaziz Kacem, ancien directeur de l’Etablissement de la radio et de la télévision tunisienne RTT, a ébauché son intervention portant sur la relation qu’entretenait le Combattant suprême avec le secteur de l’information. 
Avocat de formation, Bourguiba avait des rapports assez particuliers avec les médias, ce dont témoignent notoirement toutes les publications inhérentes au parcours de ce commis hors pair. On les découvrira dans les lignes qui suivront. 
Pour l’ancien directeur de l’RTT, Bourguiba, qui monopolisait à l’époque l’information audiovisuelle dans le pays a, seulement sept mois après l’Indépendance, annoncé la couleur : «La presse joue un rôle capital dans la vie d’un peuple. La presse comme moyen d’action sur l’opinion publique et sur les hommes joue un rôle déterminant. La radio, source auxiliaire d’information, jouit d’une audience encore plus large et offre à son détenteur un instrument particulièrement efficace pour convertir les foules à ses idées. L’une et l’autre sont une arme à double tranchant, elles sont capables du meilleur comme du pire », soutient le leader Bourguiba qui ne pouvait concevoir le journalisme que « comme un outil de lutte contre le sous-développement, celui de la terre ingrate et des mentalités abruties ».
Bourguiba avait une vision largement claire et très pertinente du journalisme. A ses yeux, « la qualité essentielle d’un journaliste est de servir un idéal qu’il s’évertue à communiquer à ses lecteurs. Il n’est pas admissible que sous couvert de la liberté de la presse, on cherche à éditer de fausses nouvelles, à tromper l’opinion et à attenter à l’ordre public ».
Passant en revue le développement du secteur de l’information à l’ère bourguibienne, l’orateur nous informe que Bourguiba avait créé, dès la constitution du premier gouvernement, un secrétariat d’Etat chargé de l’Irchad الارشاد , terme officiellement traduit par « orientation ».  Ce département semblable à celui qui existait déjà en Egypte depuis 1952, avait pour mission de plancher, nous éclaire Abdelaziz Kacem, aussi bien sur l’information que sur la formation. « Il s’agissait dans l’esprit de Bourguiba d’une pédagogie à la conscientisation et à la mobilisation », poursuit-il.
C’est ainsi que tous les programmes radio diffusés et plus tard télévisés, du journal à la variété, en passant par toutes sortes d’entretiens et de documentaires, relevaient de l’Irchad. Ce n’est que plus tard quele terme « Iîlam » ou informations au sens moderne sera consacré, précise-t-il.
Se préparant à sortir un livre intitulé « L’auditeur suprême », (Almoustamiôu al Akbar) sur le modèle du « Combattant suprême », portant sur la capacité inouïe de Bourguiba d’écouter la radio, Abdelaziz Kacem considère que « la capacité d’écoute du président est de 6h, réparties sur la journée. C’est une écoute assidue, attentive, critique et qui couvre des émissions politiques, culturelles et sociales, l’action gouvernementale, l’activité des ministres dans les régions, l’actualité internationale. Il en prend connaissance à travers le journal parlé de 7h du matin et surtout par le bulletin radiophonique le plus complet, celui de 17h suivi du Hadith et alyaoum ou Propos du jour ». 
Sur un ton un peu amer, l’ancien premier responsable de la « radio du Président » a souligné que « la conception bourguibienne du journalisme implique la censure. Une censure s’appliquant jusqu’aux dires même du président ». Dans ce même ordre d’idées, l’orateur a rappelé le problème qui se posait toujours avec la rediffusion de l’un des discours présidentiels, discours ou simplement le choix du fragment à passer dans « Tawjihat Erraïs ».
Au terme de son intervention, l’ancien directeur de la Bibliothèque nationale et auteur de «Culture arabe/culture française : la parenté reniée» et «Le voile est-il islamique ?», a dévoilé une information à propos de Bourguiba qui semble avoir suscité l’étonnement des présents : «Bourguiba, cet homme pétri de culture française n’a jamais écouté RTCI. Il n’écoutait que la chaîne nationale ou la radio de Monastir lorsqu’il se trouve à sa ville natale ». Et Abdelaziz Kacem de terminer son intervention par un témoignage très significatif : « Puisque le président n’exerçait pas son contrôle sur RTCI, j’ai donné à cette chaîne toutes les libertés que vous pouvez imaginer maintenant ».

La réforme des mentalités, un chantier d’envergure
Largement applaudie, l’intervention de la romancière Emna Belhaj Yahya, présentée par Faouzia Charfi, a été amplement appréciée. Portant sur les réformes des mentalités que Bourguiba avait entreprises tout au long de son parcours, le texte d’Emna Belhaj Yahya se prévalait d’une portée poétique forçant le respect. N’y allant pas par quatre chemins, l’académicienne très célèbre est entrée dans le vif du sujet. Pour elle, « le Zaïm avait foi en lui-même et en son étoile, ce qui l’aida à communiquer son enthousiasme aux masses et assoir son charisme. Il avait des convictions qu’il sut défendre avec vigueur. Dès la première période de l’Indépendance, il déclara que celle-ci n’était guère une fin en soi, mais un moyen pour assurer la promotion du Tunisien. C’était là son véritable projet à lui, qu’il baptisa « Al Jihad al akbar » et qu’il portait en lui depuis ses jeunes années ».
Rédigé dans un style remarquable, le texte de Belhaj Yahya a fait vivre à l’assistance, dont la majorité écrasante a vécu ces réformes bourguibiennes, des moments nostalgiques riches en émotions.
« Grâce aux cycles successifs de l’enseignement qu’il reçut, précise l’intervenante, Bourguiba découvrit les trois grands principes humanistes auxquels il adhérera : l’instruction comme instrument d’émancipation, le droit comme instrument de protection des personnes, et la raison comme moyen de libérer l’esprit du dogme ».
Pour libérer le dogme, un travail de longue haleine s’imposait. C’est pourquoi l’oratrice a insisté sur le fait que « les mentalités n’évoluent que si le corps social s’empare de nouvelles normes. Bourguiba s’engagea donc à fond dans un chantier d’envergure, non par des mesurettes, mais en prenant le taureau par les cornes et en s’attaquant à des sujets cruciaux : la femme et la famille à travers les grandes innovations du CSP, la proclamation de la République, la généralisation de l’enseignement, la gestion du religieux, la loi sur l’adoption, l’économie, l’administration des terres coloniales, la liquidation des biens dits Hbous ».
Cette vraie dynamique que Bourguiba a enclenchée au sein d’une société à la majorité rétrograde, conservatrice et attachée aveuglément aux us et traditions dépassés, a surpris l’opinion qui « n’opposa pas de résistance. Il semble même que plutôt réceptive, elle ait accepté de partager la vision qu’avait son chef d’un pays qui choisit de se débarrasser du retard historique, de la léthargie et d’entrer dans une ère où il pourra se joindre à la caravane des nations développées ».
Emna Belhaj Yahya est revenue également dans son éloquent exposé sur la notion de lien social que le Combattant suprême a réussi à mettre en place.  « Cette notion est importante, elle se réfère à un être collectif en train de voir le jour avec la dynamique de réformes ». Cette notion suppose, d’après la romancière internationale, « un pacte dont les termes instaurent une relation de réciprocité et de solidarité, pacte créant un espace politique et moral assumé, une manière d’être qui dresse un nouveau portrait de l’individu et de la cité ». S’agit-il d’un « nouveau lien social ? D’une nouvelle figure de la tunisianité née du verbe Bourguiba ?», s’interroge la chercheure.
Pour tenter de répondre, elle a proposé de se questionner « sur le contenu de la consistance de ce bouillonnement des esprits et sur cette effervescence facilement observable ».
Pierre de touche des réformes, sans doute la plus importante, le CSP la plus grande œuvre bourguibienne en matière d’émancipation de la femme, « s’est attaqué aux structures de base de la société traditionnelle en sortant les femmes de l’ombre, en mettant fin à leur sujétion, en les dirigeant vers les écoles, les bureaux, les usines, et en leur permettant de contrôler leur fécondité par l’accès à la contraception. C’est comme une cage qui s’ouvre, comme un nouveau style de vie qui se laisse entrevoir, et c’est la moitié de la société tunisienne qui est concernée par le souffle de cette nouvelle législation ». 
Parmi les réformes entreprises par Bourguiba en matière de changement des mentalités, il y avait celle de maintenir le français comme deuxième lange d’enseignement. L’intervenante a précisé que Bourguiba, « avocat éloquent maîtrisant parfaitement l’arabe et le français, n’avait de complexe vis-à-vis d’aucune des deux langues. Si l’arabe est honoré et déclaré langue nationale, il n’en demeure pas moins qu’il voit dans le français un moyen d’ouverture sur le monde, un lien avec les valeurs du droit aux lumières et à la modernité et en même temps permettant d’échapper au ghetto de l’unilinguisme qui, s’il avait été choisi, aurait renforcé la dépendance à l’égard d’un monde arabe en état de stagnation ».

Bourguiba et l’histoire de la Tunisie 
Lors de son intervention, l’acteur et dramaturge Mohamed Raja Farhat a essayé de faire part des réflexions de Bourguiba sur l’histoire, une discipline à laquelle ce dernier accordait un intérêt particulier. 
Farhat a annoncé, dès le début de son exposé, qu’il était fasciné non par l’indifférence, mais plutôt par la prudence du Combattant suprême vis-à-vis de « l’intermède carthaginois de la Tunisie ».
« Bourguiba n’aimait pas Carthage passionnément », assure l’orateur. Et de poursuivre : « Bourguiba n’aimait pas le parlement ou le sénat de Carthage surtout après le retour d’Hannibal ».  
Cette déclaration, faut-il le mentionner, serait un peu exorbitante, voire excessive même, marmonnaient certains présents à la salle ! C’était, du moins, l’impression qui prévalait à la fin de cet intermède très attrayant dont quelques détails sont restés en travers de la gorge de certains.
Toutefois, Bourguiba, l’homme et la saga de l’indépendance de la Tunisie, selon Raja Farhat, « aimait bien l’esprit retors de Jugurtha, le diplomate, le politique, cet adorateur du mode de vie romain qui a eu plus de fortune avec Bourguiba».
Raja Farhat, dont les propos ont suscité de vifs remous au sein de l’assistance, n’a pas mâché ses mots en déclarant qu’« on dirait que les relations avec Carthage étaient illégitimes au temps de Bourguiba, puisque la Tunisie indépendante avait toute la liberté d’honorer ou de ne pas honorer Carthage, Alyssa, ou Hannibal.»
L’homme passionné de l’Histoire de la Tunisie et des grands noms qui l’ont marquée s’est posé la question : « Pourquoi notre relation avec Carthage est si problématique ? » Pis encore, il enfonce davantage le clou en focalisant sur la relation même de Bourguiba avec toute l’histoire de la Tunisie. Pour l’orateur qui parlait malaisément mais délibérément, « la relation de Bourguiba avec l’histoire de la Tunisie est une relation accordéon. Il était fasciné par les grands esprits tels qu’Ibn Khaldoun».
Le metteur en scène de « Bourguiba, dernière prison » et ‘‘Bourguiba l’Interview’’ considère qu’il s’agissait chez Bourguiba « d’une fascination de l’histoire de la Tunisie, une espèce d’aller-retour dans l’histoire. Il était toujours critique vis-à-vis de l’histoire de son pays. Il a trouvé finalement le subterfuge. C’est asseoir une culture nationale ».
Tout comme Hannibal, qui appelait à former une armée populaire nationale carthaginoise, a fait rappeler Raja Farhat, Bourguiba, lui aussi, a fondé une armée nationale, c’est sûr, mais il a exhorté les historiens à rédiger une histoire de la Tunisie depuis la préhistoire jusqu’à maintenant. « Je veux lire une histoire tunisienne de la Tunisie », insista-t-il.
C’est dire que « l’attachement de Bourguiba à la clarification de la relation avec notre histoire, avec Hannibal, Carthage, Elyssa, les Magonides, les Barcides, etc. » était de mise d’après le dramaturge qui a incarné le rôle de Bourguiba dans sa pièce de théâtre plus de 200 fois.
Et les fruits ont tenu finalement les promesses des fleurs puisqu’un premier tome a été déjà rédigé, a précisé l’éloquent orateur. Et d’ajouter dans ce même ordre d’idées : «D’autres tentatives de réécrire l’histoire de la Tunisie ont eu lieu. L’Institut d’archéologie et d’arts a été fondé et a ligué les historiens pour réécrire l’histoire de la Tunisie, l’inventer pratiquement à partir du néant et avec des rencontres souvent nerveuses avec Bourguiba qui corrigeait leurs propositions ».
En guise de conclusion, Raja Farhat qui nous a emmenés dans une longue promenade, à travers la grande réforme humaine, scientifique et historique de Bourguiba, a soutenu que « plus nous approfondissons la connaissance de cette période, de ces 30 années glorieuses de Bourguiba, plus nous gagnons les clés pour l’avenir de la Tunisie ».
C’est pourquoi, toujours d’après l’intervenant, il faut que nous « récupérions les clés, afin que ce pays renaisse de ses cendres et ne soit pas dans cet état lamentable ».
Premier en son genre en Tunisie, ce colloque a permis de rendre un hommage à une personnalité dont l’œuvre a, était et sera un riche sujet de recherche passionnant et très inspirant. C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’Ahmed Ounaïes, le coorganisateur de cette initiative salutaire a annoncé que ce cycle de conférences portant sur Bourguiba, axera l’année prochaine sur le thème de “Habib Bourguiba, le fondateur”. 

M.A.B.S

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