Habib Essid devant l’ARP : « J’ai accompli tous mes devoirs… »

«J’ai accompli tous mes devoirs et j’ai la conscience tranquille».Habib Essid a tenu à préciser aux députés et à travers eux au peuple Tunisie que s’il était là pour une tentative de renouvellement de confiance c’est parce qu’il a été poussé à le faire pour contrer de «fortes pressions de plusieurs parties» visant à le pousser à démissionner.
Le recours à l’ARP pour le renouvellement de la confiance est une nécessité, même si c’est une grande première dans cette démocratie naissante, car  « la Tunisie est un Etat conduit par des institutions démocratiques» a précisé Essid, ajoutant qu’il n’était pas «attaché aux postes» précisant dans ce contexte que «le président de la République connait très bien la mission dont l’a chargé le peuple et je connais moi aussi la mission dont m’a chargé votre honorable Assemblée». Ceci n’est pas sans mettre l’accent sur les divergences, sinon les différends, qui existent au sein de l’Exécutif  avec ses deux têtes.
Dressant le bilan de son gouvernement, il a affirmé qu’il avait un programme, dont les principaux objectifs étaient la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la hausse des prix, l’instauration de la paix sociale et le déblocage des projets en attente.
« Tous ses objectifs ont été réalisés. D’ailleurs, j’ai accepté cette mission parce que j’ai cru que ce gouvernement allait durer dans le temps. La Tunisie avait besoin de cette stabilité » a-t-il souligné.
S’agissant de la lutte contre la corruption, le chef du gouvernement a précisé qu’elle figurait parmi les priorités du gouvernement et qu’elle a même était enclenchée.
Habib Essid défendra l’action de son gouvernement dans toutes les questions qui préoccupent les tunisiens. Et c’est dans ce contexte qu’il affirmera que  « le problème de l’emploi ne peut être résolu en l’espace d’une année, et ce n’est pas en changeant le gouvernement, tous les ans, qu’on trouvera une solution pour la problématique de l’emploi qui demeure l’une des principales revendications de la révolution ».
Le chef du gouvernement a abordé dans ce bilan la question des nominations qui a été à l’origine de tensions avec les partis de la coalition affirmant que «la nomination des cadres de l’Etat est régie par des critères précis, et non par les résultats des élections», ce qui n’était pas, semble-t-il pour plaire malgré l’existence d’un «accord à ce sujet avec le président de la république» et il s’était retrouvé soumis, selon son aveu, à une sorte de règle de trois politique née des interférence des trois principaux partis de la coalition gouvernementale qui ont transgressé cet accord et voulu imposer chacun chacun, ses choix et ses candidats pour certains hauts postes de l’Etat..
Habib Essid ne manquera pas, dans son intervention de tacler le président de la République en laissant entendre que l’initiative présidentielle pour la formation d’un gouvernement dit d’union nationale est une forme de rupture voulue par le Chef de l’Etat et qui pourrait avoir un impact négatif sur la situation générale dans le pays.
Essid rappellera au passage qu’il soutenait cette initiative mais qu’il juge improvisée et au timing mal choisi. « J’aurai souhaité un changement de gouvernement après les élections municipales, c’est-à-dire à mi-mandat », a-t- expliqué.
Les dés étant jetés, après avoir passé en revue les raisons de certains conflits l’ayant opposé avec certains parti, notamment Nidaa Touns, Habib Essid a conclu en souriant, disant « je suis certain de ne pas obtenir votre confiance, mais j’ai tenu à me présenter devant vous par respect à la Constitution ». Habib Essid a ainsi démystifié l’issue du vote.
Le débat qui a suivi l’intervention du chef du gouvernement a été une véritable exhibition pour certains représentants de partis qui n’avaient pas rompu avec leurs traditionnelles positions. Il y a une chose autour de laquelle ils se sont rassemblés, pour une fois, à savoir la réussite sur le plan sécuritaire du gouvernement. Tous, malgré la réticence exprimée par certains, ont rendu hommage aux institutions sécuritaires et aux résultats encourageants de l’Exécutif actuel sur ce plan. Viennent ensuite les attaques habituelles visant les politiques économiques et sociales de l’équipe Essid. Un grand classique pour une scène politique tunisienne en manque cruel de dialogue constructif et de propositions concrètes. Le samedi 30 juillet 2016 devrait être une journée historique pour la Tunisie, étant donné que nous vivons, pour la première fois de notre histoire, une expérience démocratique inédite. Le tunisien, préoccupé par la perpétuelle bataille pour son pain, qui a fait l’effort de trouver du temps libre pour regarder la séance plénière ne pourra être que déçu par des députés – ceux du moins qui ont daigné être présents – qui, en fin de compte, ne font que se répéter, incapables d’être à la hauteur d’un tel rendez-vous.
La page du gouvernement Essid est presque tournée. Le vote de confiance va clore un chapitre difficile de notre histoire, mais qui demeure révélateur des nombreux aspects de la politique tunisienne: la puissance incontestable de la politique politicienne et de l’hégémonie des partis au pouvoir. Une tendance qui pèse lourd sur le pays et qui ralentit la mise en application de réformes vitales. Dire qui sera Chef du gouvernement importe trop peu.
En réalité, l’avenir de la Tunisie semble dépendre du bon vouloir de ces puissances politiques qui veulent se partager le pouvoir, loin des regards, au grand dam du citoyen tunisien.
Dès lors, une question légitime se pose : compte tenu de tous ces éléments accablants, avait-ont réellement besoin d’une journée entière pour savoir oui ou non si le gouvernement d’Essid serait maintenu ?
Difficile à affirmer.
C’est encore là, le jeu de la politique politicienne.

M.F.K

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