La consolidation de la transition démocratique en Tunisie est le thème d’un livre qui sera présenté le 22 mars 2018 par Habib Guiza, secrétaire général de la Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT) et président de l’Association Mohamed Ali El Hammi de la Culture Ouvrière (ACMACO). Fruit d’un travail collectif, l’ouvrage traite des fondements de la transition démocratique tunisienne et dresse une vision de ce qu’elle doit comprendre sur le plan démocratique et institutionnel.
Le livre revient, selon son auteur, sur le changement de paradigmes opéré dès le 14 janvier 2011. « Nous sommes passés de la phase du mouvement national et de la construction de l’État à la transition démocratique », a déclaré Habib Guiza à Réalités Online, qui a expliqué que la première phase, avant le 14 janvier 2011, correspondait à une culture de la citoyenneté à multiples dimensions : juridique, sociale, territoriale, culturelle, numérique, etc.
Dans ce contexte, une refondation doit être opérée à plusieurs niveaux, selon le syndicaliste. Tout d’abord, elle doit se faire au niveau de l’État lui-même, qui devrait passer à un État stratège, démocratique et social. Dans ce cadre, cet État va devoir composer avec trois partenaires : les partis politiques, les partenaires sociaux et les partenaires économiques – secteur public, secteur privé et les acteurs de l’économie sociale solidaire -.
« Le Pacte de Carthage n’a plus de sens »
Les partis politiques ont l’obligation, selon Habib Guiza, d’exercer leur rôle dans le cadre d’une démocratie représentative. Les partenaires sociaux, de leur côté, doivent incarner le leur en tant que contre-pouvoir, loin des considérations corporatistes, et dans le cadre d’une démocratie participative. Le Pacte de Carthage, à cet effet, n’a plus de sens, d’après l’auteur. « C’est une reproduction de l’unité nationale des années 60, de l’autoritarisme de l’ancien système néo-patrimonial, et en contradiction avec la Constitution. De quel droit les représentants du Pacte se substituent à un Parlement élu ? », s’est-il interrogé, qualifiant la situation d’anarchie.
Après le 14 janvier, poursuit Habib Guiza, l’État s’est affaibli, puisqu’il n’est plus capable de monopoliser la violence et d’appliquer la loi. « Dans cette phase de transition, difficile de mettre en place l’État souhaité, et pour preuve : l’économie informelle qui représente plus de 50% du système productif, ce qui signifie que l’anarchie et la corruption existent », a-t-il expliqué.
D’autres refondations, poursuit Habib Guiza, doivent être effectuées, à l’instar de celle de la société civile, du mouvement syndical, tout en passant par une transition environnementale et numérique.
Le livre sur la consolidation de la transition démocratique, rappelons-le, sera accompagné par d’autres ouvrages selon l’auteur, à l’instar de Tunisie 2040 : le renouvellement du projet moderniste tunisien, et un autre ouvrage sur le modèle de développement partenarial fondé sur un État stratège et les trois acteurs – public, privé et économie sociale solidaire -.