« De nombreux défis, particulièrement sur le plan économique, attendent le nouveau gouvernement d’union nationale« , selon Hakim Ben Hamouda. Intervenant dans Expresso ce vendredi 8 septembre 2017, l’ancien ministre des finances affirme que l’Exécutif va devoir être à la hauteur de deux rendez-vous majeurs : le 15 octobre prochain – dernier délai constitutionnel pour la présentation du projet de loi de finances 2018 -, et la fin du mois d’octobre, lorsqu’une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) sera en déplacement en Tunisie pour négocier l’octroi de la troisième tranche du crédit accordé par l’institution mondiale.
« La décision du FMI sera importante, compte tenu du déficit énorme des finances publiques », estime Hakim Ben Hamouda, qui considère que cette question est devenue l’obsession des précédents gouvernements, ce qui les a empêchés de se focaliser sur les véritables moteurs de la reprise économique : l’investissement et la croissance économique. « La conjoncture actuelle est marquée par une faible croissance économique, un dinar en baisse et par un manque de dynamisme dans les investissements. Le gouvernement va-t-il opter pour une politique d’austérité, malgré ses répercussions sociales ? Ou alors compte-t-il opter pour la relance économique ? », note-t-il, insistant sur la nécessité de concevoir une vision économique claire pour faire sortir le pays de l’impasse.
Le PPP : une solution pour financer les grands projets
D’autre part, Hakim Ben Hamouda souligne que 2017 et 2018 sont considérées parmi les années les plus difficiles pour la Tunisie, compte tenu des échéances de remboursement qui vont débuter. Revenant, par la suite, sur le déficit public, l’ancien ministre rappelle que la Tunisie ne peut plus emprunter auprès des marchés locaux pour le combler, étant donné que le taux d’intérêt avoisine les 7%. Quant aux marchés internationaux, la tâche s’annonce aussi délicate, notamment suite à la dégradation de la note souveraine de la Tunisie par l’agence Moody’s.
« La rencontre avec la délégation du FMI s’annonce décisive puisqu’elle permettra de savoir si la Tunisie pourra obtenir, ou non, la troisième tranche du prêt », rappelle-t-il encore. Néanmoins, malgré ces difficultés, Hakim Ben Hamouda déclare que le pays est capable de sortir de l’impasse. « Je suis convaincu que la Tunisie réussira et sa transition démocratique et sa transition économique. L’important est d’arriver à stimuler les recettes », renchérit-il. Et ces recettes ne peuvent être réalisées qu’à travers l’investissement et les grands projets. C’est justement ce qui manque, selon l’ancien ministre, à la Tunisie : « Le seul grand projet dont nous disposons est celui du port d’Enfidha », dit-il. Pour pouvoir les financer, il faut miser sur les partenariats publics-privés (PPP).
Hakim Ben Hamouda revient, à la fin, sur l’importance de la lutte contre l’évasion fiscale qui pèse très lourd sur le budget de l’État. Et ce budget doit être maîtrisé. « Il est anormal que la hausse du budget dépasse celle de l’inflation », déclare-t-il encore.