« Le Front Populaire n’accordera pas sa confiance au gouvernement Chahed », c’est la principale information que nous pouvons retenir de la déclaration de Hamma Hammami, à l’issue de la réunion de la centrale du Front Populaire durant laquelle la composition de la nouvelle équipe gouvernementale a été passée à la loupe.
La main mise d’Ennahdha et de Nidaa Tounes
« Le Front Populaire avait déjà déclaré que le gouvernement Chahed ne sera pas sur la bonne voie. Avec la composition récemment présentée, nous avons la certitude de la bonne démarche que nous avons entreprise et qui a consisté à boycotter la signature du pacte de Carthage et des consultations sur la formation du gouvernement d’union nationale« , a souligné le porte-parole du Front Populaire.
Hamma Hammami poursuit en affirmant que le nouveau gouvernement est dominé par Nidaa et Ennahdha. « Ça n’a rien d’un gouvernement d’union nationale, mais plutôt d’un gouvernement Nidaa-Ennahdha, joliment orné par d’anciennes figures syndicales qui ne font que renforcer la domination des deux partis. C’est un décor plus que tout autre chose » a martelé Hammami.
Un gouvernement dominés par les lobbys et les institutions internationales
Toujours selon le porte-parole du Front Populaire, l’objectif du gouvernement Chahed est de rassurer le FMI et, surtout, d’obéir aux exigences des organismes et institutions financiers internationaux et qui menaent la souveraineté de la Tunisie, son peuple et les institutions de l’Etat. « C’est un gouvernement qui cédera la place aux lobbys locaux et aux sociétés financières internationales. Il ne fera qu’aggraver la crise économique, financière et sociale. C’est un message aux organisations internationales qui souhaitent privatiser des entreprises nationales, telles que la STEG, la SONEDE, Tunisair » a-t-il dit.
Des compétences inexistantes
Revenant sur la composition de l’équipe de Youssef Chahed, Hamma Hammami considère qu’elle ne constitue pas une nouveauté comparée à celle de Habib Essid. « Elle compte 10 ministres de l’ancien gouvernement. De plus, il ne s’agit pas d’un gouvernement d’austérité puisqu’il compte 40 membres : 14 secrétaires d’Etat et 26 ministres. C’est la preuve que ce gouvernement n’a été conçu que pour plaire aux principaux partis politiques », a-t-il souligné.
« Est-ce un gouvernement de compétences ? Plusieurs ministres ne maîtrisent pas leurs sujets. Est-ce un gouvernement de lutte contre la corruption ? Nous ne le pensons pas, car il comprend des anciennes figures RCDistes. Il y a même des membres soupçonnés de corruption. Concernant la participation des jeunes et des femmes, il ne s’agit que d’apparences et elles sont trompeuses. Ces jeunes émanent de l’ancien régime. Ce sont des illusions qui n’ont pour finalité que la marginalisation du peuple tunisien. Ce n’est qu’une copie de l’ancienne équipe de la coalition au pouvoir », a affirmé Hamma Hammami, ajoutant que le peuple aura l’occasion de la mettre à l’épreuve avec le temps.
Une équipe à deux casquettes, incapable de remplir ses objectifs
D’autre part, le porte-parole du Front Populaire a déclaré que le gouvernement de Youssef Chahed sera incapable de réaliser ses principaux objectifs, à savoir la lutte contre le chômage, la cherté de vie, le manque d’eau, la contrebande, l’évasion fiscale, la violence, ou encore le terrorisme. « Souvenons-nous également des dossiers de Chokri Belaid, de Mohamed Brahmi et de tous les martyrs« .
D’un autre côté, le porte parole du FP a fustigé la double-casquette de certains ministres présents dans l’équipe Chahed. « Il y a des ministres qui sont propriétaires de leurs entreprises. Il y a donc risque de conflits d’intérêts. L’actuel ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale. exerce des responsabilités dans des sociétés financières. Va-t-il quitter son poste ? », s’est-il demandé.
Il a poursuivi en rappelant que plusieurs ministres vont devoir travailler avec des secrétaires d’Etat qui entretenaient des relations étroites avec la famille Trabelsi. « Est-ce de la sorte qu’on luttera contre la corruption ? », s’est encore interrogée Hamma Hammami.
Pas de vote de confiance
Le porte-parole du Front Populaire a, par ailleurs, annoncé que l’opposition du parti au gouvernement a été construite suite à l’étude du Pacte de Carthage et de la politique exercée par la coalition au pouvoir. « Même s’il ne s’agit pas de la composition définitive du gouvernement, nous savons d’avance que la prochaine n’apportera pas de changements notables. Chaque parti réclame sa part du gâteau : Afek Tounes, l’UPL, Ennahdha et Nidaa Toune », a affirmé Hamma Hammami, qui a ajouté que le Front Populaire ne votera pas pour le gouvernement Chahed à l’ARP. « Il ne fera que poursuivre les anciennes politiques que l’on connaît déjà. Nous pensons même qu’il sera davantage soumis aux organisations internationales. », a-t-il martelé.
Hammami a, à la fin, précisé que le Front Populaire veut gouverner, contrairement aux critiques qui ont affirmé le contraire. « Nous gouvernerons si le peuple nous accorde la majorité. Nous le ferons avec notre programme, celui qui permettra de régler les questions vitales du pays : le chômage, la santé, l’environnement, l’endettement et le terrorisme. Un programme qui remettra la Tunisie sur les bons rails. Ce gouvernement sera incapable de tromper les Tunisiens. C’est un peuple qui veut l’emploi, la paix, l’éducation, la sécurité et la dignité. Le Front sera à ses côtés », a-t-il conclu.