23 août 2021. La crise à la municipalité de Hammam-Sousse est à son apogée. Et pour cause. Seize conseillers municipaux appartenant à des formations politiques différentes (5 Afak Tounès, 4 Almoubadara, 3 Nidaa Tounès, 2 Front populaire, 1 Ennahdha, 1 indépendant) ont présenté aujourd’hui, 23 août, une démission collective, en signe de contestation contre la maire de la ville, Leïla El Golli. Sauf que, contactée par Réalités Online, cette dernière assure qu’aucun document de ce genre n’a été déposé au bureau d’ordre. Ce qui rend illégale, d’après sa lecture, la démarche prise par les démissionnaires.
Mais pourquoi l’ambiance est-elle aussi malsaine et hostile ? Pourquoi toute cette tension qui règne dans la région ?
Le ver est dans le fruit
Pour le premier vice-président de la mairie de Hammam-Sousse, Chokri Jegham, l’un des premiers conseillers à avoir annoncé sa démission, il ne faut pas aller par quatre chemins. Dans une déclaration accordée à Réalités Online, Jegham a fortement dénoncé l’“opiniâtreté” et l’“autocratie” de Leïla El Golli. “La présidente ne cesse de se comporter d’une manière unilatérale. C’est elle qui fait la pluie et le beau temps”, assure-t-il. Et d’ajouter : “La gestion de la chose municipale laisse à désirer. La présidente du Conseil municipal ne cesse de reporter l’examen des PV des réunions, de renvoyer aux calendes grecques les demandes des conseillers à tenir des réunions pour débattre des problèmes d’envergure.
“D’ailleurs, face aux demandes des conseillers d’examiner des situations ou des dossiers bien précis, elle botte en touche. Sa procrastination a alimenté la tension et par conséquent, la nonchalance totale et un bien déplorable laxisme au sein du Conseil. Cela fait plus d’une année qu’elle ne cesse de faire la sourde oreille aux appels incessants de ses collègues de faire son aggiornamento, mais en vain”, poursuit Riadh Jegham, connu comme un acteur très engagé de la société civile.
Et Madame la maire de son côté, que pense-t-elle de tout cet embrouillamini ?
Dans une déclaration à Réalités Online, Leïla El Golli, qui est en butte à des critiques virulentes, a rejeté catégoriquement toutes ces allégations en soutenant mordicus qu’elle ne cesse de “veiller à ce que les décisions soient prises en toute concertation avec les membres du Conseil municipal”. D’ailleurs, certains membres, assure la maire de Hammam-Sousse, “ne prennent pas la peine de communiquer avec moi !”
La boule de neige !
S’agit-il de quelqu’un qui souffle sur les braises ? “Des parties auxquelles il déplaît de voir encore Leïla El Golli à la tête du Conseil municipal”, rétorque la maire. S’agit-il d’une altercation politique ? “Absolument”, assure El Golli. Et d’ajouter : “Il est question d’une campagne de dénigrement orchestrée et prépayée contre la maire par des parties qui mobilisent les gens pour se révolter contre ma personne”.
Et quid des membres de son parti Al Moubadara qui se sont “révoltés” contre elle ? “Se retirer est la réaction qui me semble la plus opportune dans une ambiance tendue où l’on se permet sans vergogne de croiser le fer avec leur collègue au sein du même parti”, regrette Leïla El Golli.
L’affaire de l’agression sexuelle perpétrée dans les locaux de la municipalité contre un meneur par des cadres municipaux serait-elle la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ?
“Certainement”, affirme Chokri Jegham qui en a plein le dos de la passivité et de la non- réactivité de la maire face à ce scandale qui a terni non seulement l’image de l’institution mais aussi de toute la région. Affaire que Leïla El Golli considère comme un “acte isolé” et dont les auteurs seront suivis judiciairement, non seulement pour ce crime mais aussi pour atteinte à l’institution à laquelle ils appartiennent.
Une décision qui est considérée comme insuffisante et totalement inappropriée au regard de l’énormité du délit. Pour certains conseillers, seule la démission de la maire ou la dissolution du Conseil demeure la condition sine qua non pour sauver l’honneur de cette institution.
Toutefois, la maire affirme ne pas être prête à lâcher du lest. Se plier devant les revendications “non fondées” de ses collègues, ne semble pas être à l’ordre du jour de cette avocate qui défend bec et ongles son droit “légitime”.
“Je ne démissionnerai pas. Je tiens absolument à ce que j’honore mon engagement envers mes électeurs et achever mon mandat. Toutefois je serai ouverte à toute initiative permettant de se rassembler autour d’un seul objectif : défendre les intérêts de la région et de ses habitants”, assure Leïla El Golli qui paraît résolument déterminée à aller jusqu’au bout de son irréversible décision.
Devant l’intransigeance de toutes les parties, la situation risque de tourner à l’aigre.